Malterie européenne
Vers une surproduction et une restructuration de la filière ?
Malterie européenne
Au rythme où se développent les malteries chez ses principaux clients, notamment en Russie, la malterie européenne a de fortes chances d´être en surcapacité d´ici deux ou trois ans.
Pour les malteurs français présents lors du séminaire orges brassicoles, organisé par Arvalis, ce scénario pessimiste est très probable à moyen terme. « Les marchés de l´orge et du malt sont toujours dynamiques. Mais les perspectives pour la malterie européenne sont mauvaises. Car son excédent de malt à exporter à l´horizon 2004 et 2005 approchera les 3,5 millions de tonnes contre 2,5 aujourd´hui », ont expliqué Daniel Huvet, de Malteurop, et Nicolas King, de Souflet. L´Union à Quinze produit actuellement 7,4 millions de tonnes de malt pour des besoins de 4,9 millions de tonnes. Dans trois ans la capacité de production aura progressé de 250 000 tonnes. En face, les besoins communautaires devraient reculer de 200 000 tonnes en raison du tassement de la demande de malt notamment en Allemagne.
Une consommation de bière en baisse
Plus gros consommateur de bière de l´UE, elle utilise 2,1 millions de tonnes de malt. Un Allemand buvait en moyenne 140 litres par an en 1990. Il n´en boit plus que 120 aujourd´hui et probablement seulement 90 à 100 litres en 2010. Si, dans le monde, la consommation de bière par habitant progresse toujours à un rythme de 2,3 % par an, ce chiffre cache donc des situations hétérogènes. « En 1980, l´Europe et l´Amérique du Nord consommaient les trois quarts de la bière produite. En 1990, ce chiffre est tombé à deux tiers. Depuis 2000, on est à peine à la moitié. A l´horizon 2005, l´Asie sera devenue la plus grande région consommatrice », détaille Daniel Huvet. Et la Chine, en particulier, développe ses propres malteries. La contraction du marché intérieur des Quinze est supportable tant que la demande mondiale de malt progresse.
Actuellement, l´UE pourvoit aux besoins de l´Afrique, de l´Asie, du Japon, de l´Amérique du Sud. Mais ses clients majeurs sont les pays d´Europe centrale et orientale (800 000 tonnes) et la Russie (550 000 tonnes). « Les besoins en malt à l´horizon 2007 resteront les mêmes. En revanche, en Russie, les malteries se construisent à vitesse grand V. A un rythme beaucoup plus soutenu que nous l´attendions. On estime que ce pays va produire lui-même autour de 400 000 tonnes de malt supplémentaires d´ici 2005 ».
La Russie construit ses propres malteries. |
La menace vient des Pays de l´Est
En clair, dans un délai de quatre à cinq ans, « la Russie n´a plus vocation à importer du malt ». Sur la base de ces prévisions, « il faudra restructurer l´appareil de production dans un marché du malt qui risque d´être perturbé », concluent les malteurs. Restera le commerce d´orge proprement dit. Celui-ci devrait se développer dans le sillage de la croissance de la consommation de bière. Mais la concurrence sera là. « La Russie a une vocation agricole et la capacité de développer sa propre production d´orge de qualité », souligne Daniel Huvet. Et elle n´est pas la seule à l´Est.