Un nouvel étiquetage sur les produits phyto
La réglementation
se met aux normes internationales. L'objectif est de mieux
informer et d'alerter l'utilisateur pour l'inciter à se protéger.



Vous l'avez peut-être déjà remarqué : les étiquettes des produits phyto ont changé. Les firmes phytosanitaires ont jusqu'au 1er juin 2015 pour se mettre en conformité avec la nouvelle réglementation. L'objectif du système général harmonisé (GHS) de classification et d'étiquetage des produits chimiques et de sa déclinaison européenne « classification, labelling and packaging » (CLP) est d'améliorer la protection de l'utilisateur et de l'environnement grâce à une communication universelle. Ainsi, les produits phytosanitaires seront soumis aux mêmes règles de classification et d'étiquetage que tous les autres produits chimiques -- d'entretien, d'hygiène ou encore de bricolage -- à travers le monde.
Outre les changements de pictogrammes, ce sont aussi les mentions qui vont être modifiées ainsi que les libellés de catégories de danger, d'où la nécessité absolue de se familiariser à ce nouveau dispositif car il a des conséquences sur le classement des produits dans le local phyto, et sur la réglementation concernant les mélanges qui devra être remise à jour d'ici le 1er juin 2015.
Des pictogrammes plus visibles et plus compréhensibles
La première grande évolution, et la plus visible, est le changement de pictogrammes. « On passe d'un carré noir sur fond orange à un losange rouge sur fond blanc nettement plus visible », souligne Vincent Jacus, responsable bonnes pratiques phyto chez BASF. À ce pictogramme est ajouté un avertissement indiquant le niveau de gravité : soit le mot DANGER pour les produits les plus dangereux, soit le mot ATTENTION pour les autres. Un nouveau pictogramme fait son apparition, montrant une silhouette qui est affectée au niveau du torse pour symboliser un danger pour la santé.
À ces pictogrammes sont associés des mentions de danger, appelées auparavant phrases de risques. Dans leur numérotation, la lettre R (pour risque) est remplacée par un H. « Le H correspond au mot 'hazard' en anglais qui se traduit par 'danger', et c'est tout l'esprit de cette nouvelle classification, souligne Isabelle Delpuech, responsable agriculture durable Steward
ship chez Syngenta. Le principe fondamental est de mieux distinguer les notions de risque et de danger, ce qui n'était pas le cas jusqu'alors. » Et les conseils de prudence, autrefois notés S, sont repérés désormais par un P pour 'prudence'. « Le vocabulaire employé dans les mentions de danger est beaucoup plus clair, moins ampoulé qu'auparavant. La formulation du libellé est plus alertante afin que les utilisateurs se protègent davantage », complète Vincent Jacus. Par exemple la phrase R36 est libellé « irritant pour les yeux », alors que la mention H319 correspondante indique « provoque une sérieuse irritation des yeux ».
Le vocabulaire utilisé se veut plus alertant
Autre exemple qui montre la volonté du législateur de susciter une prise de conscience, avec la phrase de risque R40 indiquant « effet cancérogène suspecté : preuves insuffisantes » qui devient dans la mention H351 « susceptible de provoquer le cancer ». La sémantique joue son rôle dans la dramatisation incitant à prendre des gants, porter un tablier et une visière. « Attention ! il n'y a pas toujours une correspondance exacte entre les anciennes phrases de risques et les nouvelles mentions de dangers de la classification CLP », précise Vincent Jacus. Ainsi, les seuils de toxicité ont été abaissés, ce qui fait que certains produits se retrouvent avec une mention correspondant à un produit irritant et le pictogramme qui va avec, c'est-à-dire le point d'exclamation, alors qu'il ne l'était pas jusqu'alors. Pourtant, sa formulation n'a pas changé. « Le législateur a mis l'accent sur le visuel et a pris davantage de sécurité. C'est comme pour la sécurité routière, illustre-t-il. Quand la vitesse autorisée est modifiée, on se retrouve en infraction alors que l'on ne l'était pas jusqu'alors avec la même vitesse. »
Les produits à séparer dans le local phyto
Les produits classés toxiques et CMR (cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques) doivent être isolés des autres. Jusqu'alors, on retrouvait le même pictogramme (la croix avec le libellé Nocif) pour les produits présentant une toxicité chronique (CMR) et une toxicité aigüe (non CMR).
Désormais, tous les produits à séparer sont ceux classés toxiques qui ont le pictogramme « tête de mort » et ceux classés CMR qui ont le pictogramme « silhouette ».
Pour en savoir plus :
Les firmes phytosanitaires ont des dossiers très complets sur le nouvel étiquetage, notamment
. www.syngenta-agro.fr (rubrique bonnes pratiques)
. www.agro.basf.fr (rubrique réglementation)
. www.bayer-agri.fr (rubrique l'étiquette)