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Producteurs de pomme de terre
Un congrès dans un climat de crise

La situation pour les variétés de pommes de terre non lavables, vendues sur le marché libre, s´est fortement dégradée.


En fond de crise sur le marché libre, l´Union nationale des producteurs de pomme de terre (UNPT) a tenu son congrès le 3 février à Rouen. Le président Philippe Dequidt a renouvelé trois demandes auprès du gouvernement pour aider les producteurs en difficulté financière. Il s´agit d´un étalement des cotisations MSA, d´une système d´aide directe à la trésorerie pour les plus touchés et des prêts de consolidation à taux très bas pour permettre un rééchelonnement des remboursements de prêts. Depuis le début de la campagne, la situation, principalement pour les variétés non lavables vendues sur le marché libre, a continué de se dégrader. Elle est devenue catastrophique, les prix se situant à peine au dessus de 20 euros la tonne, très largement en dessous des prix des cinq dernières campagnes et pratiquement divisés par deux depuis l´automne.
Au-delà de mesures conjoncturelles, l´UNPT se préoccupe de l´octroi de droits à paiement unique (DPU) aux producteurs qui réduiront leurs emblavements et la nécessité de faire déclarer les surfaces de pomme de terre dans la déclaration Pac. Sur le plan fiscal, l´UNPT défend aussi la mise en place de provisions défiscalisées permettant le lissage du chiffre d´affaires sur plusieurs campagnes et appelle les pouvoirs publics à épauler les campagnes promotionnelles de la filière.
Mieux maîtriser les emblavements
Les producteurs souhaitent que le gouvernement moralise le système de la grande distribution. L´écoulement de 80 % des pommes de terre de conservation passe par les cinq groupes français. « Soyez certains que les marges de la grande distribution sont maintenues sur l´ensemble des produits industriels, a pointé Philippe Dequidt. Aujourd´hui, sur les frites, les chips et les purées, les marges arrières représentent de 50 à 60 % du prix des produits. Celles-ci mettent la pression sur les industriels sans que le consommateur puisse bénéficier de quoi que ce soit et la différence va dans la poche des cinq distributeurs français ». Après l´accord très médiatique de Nicolas Sarkozy, « les prix au consommateur n´ont pas baissé. Mais, la pression sur les industriels et sur les producteurs a été très forte ». Rappelant que toutes les pommes de terre ne sont pas en crise, notamment celles de bonnes qualités lavées, Philippe Dequidt a souligné l´importance de mieux réguler les emblavements en France comme en Europe. « Leur mauvaise maîtrise est la responsabilité de tous en particulier des producteurs ».
Autre levier, l´amélioration de la structuration de l´offre des producteurs a occupé les débats, au moment ou l´interprofession (GIPT) connaît une remise en question douloureuse. Avec pour chef de file Mac Cain, des industriels de la fédération nationale des transformateurs de la pomme de terre ont, en début d´année, fait état de leur volonté de se désengager en partie. Ils considèrent que le GIPT « ne rend pas compte de » l´européanisation « de leurs achats et de leurs cahiers des charges ».
Implantés dans plusieurs pays européens, ils exercent de plus en plus aisément une pression sur les prix aux producteurs. L´UNPT a néanmoins réaffirmé que l´interprofession est un lieu de concertation et de négociations qu´il faut préserver. « C´est en allant vers une organisation plus forte que nous serons plus efficaces et ce n´est pas avec une politique du toujours moins que les producteurs mais aussi les industriels s´en sortiront », estime Philippe Dequidt voulant se démarquer de toute polémique.
Droits à paiement unique : obtenir des DPU en cas de diminution des surfaces
Les producteurs de pomme de terre ajustent leurs surfaces en fonction du marché. L´UNPT demande aux pouvoirs publics que ceux qui seront amenés à réduire leur surface de pomme de terre puissent bénéficier de droits à paiement unique si cela les conduit à augmenter leur Scop.
Pour éviter les distorsions de concurrence de la part de nouveaux entrants titulaires de droits historiques, la réforme de la Pac prévoit l´exclusion des surfaces de pommes de terre et légumes pour activer les DPU. Mais un mécanisme inverse n´est pas prévu. L´UNPT suggère donc d´attribuer des droits issus de la réserve en cas de diminution de la sole de pomme de terre confirmée à l´issue de deux années consécutives.
En attendant la prise en compte de cette préoccupation, l´UNPT s´est félicitée de la confirmation de l´introduction d´une ligne spécifique pour la surface de pommes de terre dans la déclaration Pac.

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