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Filière céréales
Sur fond de chute des exportations de farine, la meunerie française

Comptant de nombreuses petites unités, la meunerie française reste très atomisée. Pourtant, même lente, la concentration du secteur s´opère.
Pourquoi la meunerie française compte-t-elle encore près de 610 moulins bien que 3 % d´entre eux réalisent 60 % des écrasements ?


La réponse tient à l´histoire. Et sans doute en premier lieu à celle de la boulangerie artisanale qui conserve sa place importante dans notre société. Dans toutes les régions françaises de nombreux moulins de taille modeste ont gardé avec celle-ci des liens privilégiés.
Ces minotiers perdurent dans l´ombre d´entreprises pour certaines colossales qui, en leur temps, ont trouvé dans la croissance de la densité de population autour de Paris et des grandes villes françaises un important vecteur de développement.
Historiques aussi, les contingents, qui datent de 1936, et les droits de mouture(1) encadrent les capacités techniques d´écrasement selon les besoins du marché intérieur. Ces droits constituent un actif au bilan des entreprises qu´elles peuvent négocier.
Pour Yves Madre, directeur adjoint de l´Onic, cet encadrement « facilite la restructuration progressive et organisée du secteur, contrairement à ce qui se passe chez certains de nos voisins européens », où la concentration s´opère (ou s´est opérée) de manière plus radicale. « Nombre d´entre eux, telle l´Espagne, envient notre système et s´apprêtent à imiter notre plan de restructuration » confie Pierre-André Masteau, secrétaire général de l´Association nationale de la meunerie française (ANMF). Car cette dernière conduit actuellement son quatrième plan de restructuration. « La chute de nos débouchés à l´exportation génère une situation de surcapacité. Elle nous a conduit à démarrer ce plan en 2000 » explique-t-il. « Avec le concours des pouvoirs publics, la profession a décidé le démantèlement d´un million de tonnes de capacités techniques d´écrasement en deux volets. »
Les leaders vont sur la boulangerie artisanale
L´un concerne la farine d´exportation pour un peu plus de 800 000 tonnes et vient d´être bouclé en 2001. Le second, en cours, concerne la meunerie intérieure.
Face à la chute de l´export et sur ce fond de restructuration collective, le paysage de la meunerie française se transforme lentement mais sûrement. Il s´y produit des rapprochements qui répondent à des stratégies de recentrage sur le marché intérieur. Parmi les plus récents, la constitution d´Intermill Paris. Le nouveau groupe, désormais numéro un devant Souflet Meunerie, produit le quart de la farine française. Sa création apporte aux groupes coopératifs Euromill et Inter-Meunerie l´accès au marché du surgelé des Grands moulins de Paris tandis que ces derniers intègrent mieux la filière en se rapprochant des producteurs.

« La carte de la meunerie se partage en trois, commente Yves Madre à l´Onic. Quelques grosses entreprises de taille nationale approvisionnent l´industrie, la boulangerie artisanale de la région parisienne et l´export ; une quinzaine d´entreprises régionales bien implantées localement fournissent la boulangerie industrielle et artisanale sur leur zone ; et de nombreuses unités de taille modeste fournissent une boulangerie artisanale locale qui lui reste fidèle ». Au fur et à mesure que les derniers cessent leur activité, les premiers reprennent droits de mouture et clientèles d´artisans. Car même si elle recule régulièrement, cédant la place à des utilisations industrielles, la boulangerie artisanale représente encore la moitié de la demande de farine en France(2). Les leaders cherchent à renforcer leur position sur ce créneau où les marges restent de loin les plus intéressantes.
Les boulangers dans l´ère du marketing
En témoignent les efforts de marketing réalisés pour épauler les boulangers. Les « Banettes », « Festival », « Campagnardes » ou autres « Baguépi » ont pour objet d´aider les artisans à diversifier leur offre pour vendre la baguette - donc la farine - plus cher mais aussi de les fidéliser. Sans oublier l´intérêt de ces marques, vecteurs de communication sur le pain, pour conforter la consommation.
Ce dernier point est, par ailleurs, la préoccupation constante de la Collective du pain qui a lancé depuis un an une nouvelle campagne de communication parallèlement au plan de restructuration de l´ANMF. « Celle-ci concerne le pain en général, industriel comme artisanal », précise Pierre-André Masteau.

(1) En 1936, des contingents de capacité annuelle d´écrasement de blé tendre ont été attribués aux meuniers présents sur le territoire français. Les droits de mouture ont été institués par la suite pour faciliter la mutation des capacités d´écrasement. Ils constituent un actif et peuvent s´échanger. Les entreprises disposent en général de contingents qui correspondent à leurs capacités d´écrasement historiques et de droits de mouture qu´ils ont acquis au fil de leur développement.
(2) La panification représente 69 % des utilisations de farine. Les artisans occupent 72 % du marché panification.
chiffres clés de la meunerie française
 613 unités de production.
 6,2 millions de tonnes de blé écrasées.
 4,8 millions de tonnes de farine produites.
 1,6 milliard d´euros de chiffre d´affaires.

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