Ravageur : des traitements pour couper l'appétit au doryphore de la pomme de terre
Avec le printemps plutôt sec et doux sur les bassins de production de pomme de terre, le doryphore se sent à l’aise pour se développer. Veiller à ne pas se laisser déborder par ses attaques.

Des larves et adultes de doryphore faciles à reconnaître
Le doryphore est facile à reconnaître avec ses grosses larves dodues ou ses adultes. Mais comment détecter sa présence sur pomme de terre avant que sa population ne se soit trop développée ? Des insectes ayant hiberné dans le sol vont pondre des oeufs. De couleur orangée et de forme ovale, ceux-ci sont placés par paquets de dizaines sur la face inférieure des feuilles ou sur le sol. Les pontes surviennent généralement au milieu du printemps. Les œufs éclosent au bout d’une bonne semaine, donnant une première génération de larves de moins de 2 mm de long.
Ces larves de doryphore grandissent pour, au bout de trois semaines, atteindre leur développement maximal. Elles mesurent alors 1 cm environ et présentent une forme dodue avec un gros abdomen rouge orangé ponctué de taches noires sur les côtés. C’est à ce stade qu’elles dévorent le limbe des feuilles de pomme de terre avec des dégâts parfois spectaculaires. Des plantes se retrouvent avec leurs feuilles en dentelle. Les larves se transforment en nymphe puis adultes, coléoptères aux élytres jaune pâle rayés de noir.

Comment combattre le doryphore de la pomme de terre ?
Prophylaxie : Les repousses et tas de déchets de pomme de terre devront être éliminés pour ne pas servir de premières sources d’alimentation pour les doryphores, avant d’aller sur les parcelles cultivées.
Agronomie : Une durée de rotation de minimum 4 ans entre deux pommes de terre permet d’éliminer les adultes hivernant dans le sol. Les plantations précoces limitent l’impact des doryphores, car les attaques arrivent sur un feuillage âgé moins appétant pour les insectes. Le maintien d’un sol dur en été sans le travailler juste après la récolte empêche l’enfouissement des larves dans le sol qui veulent s’y nymphoser pour hiberner.
Chimie : La lutte par les insecticides vise les larves plutôt que les adultes, car elles sont moins mobiles et plus sensibles aux produits et ce sont elles qui occasionnent les premiers dégâts. Arvalis conseille le déclenchement d’un traitement quand un à deux foyers pour 1 000 m2 sont observés. Un foyer correspond à une ou deux plantes avec au moins 20 larves. Attention, les attaques peuvent se concentrer en bordure de parcelle, moins à l’intérieur. L’institut recommande un traitement quand les larves atteignent la grosseur d’un grain de blé.
Plusieurs produits sont homologués contre les doryphores, à base de pyréthrinoïdes, de chlorantraniliprole, de spinosad… Selon Arvalis, les efficacités sont les meilleures avec Coragen à 0,06 l/ha, Success 4 (Musdo 4, Nexsuba) à 0,075 l/ha et des produits à base de lambda-cyhalothrine tel que Karaté Zéon ou Lambdastar à 0,075 l/ha. L’alternance de familles chimiques d’insecticides est conseillée à chaque traitement, pour limiter le risque de sélection de populations résistantes du ravageur.

Six points clés sur le doryphore
La diminution de rendement peut être de 50 % sur des zones très attaquées quand il y a au moins 50 larves par pied en parcelle non irriguée, ou 100 larves par plante en parcelle irriguée, selon des essais d’Arvalis.
La présence d’adventices de la même famille que la pomme de terre (solanacées) comme la morelle est un facteur de risque, de même que la proximité ou la rotation culturale avec des cultures comme la tomate, l’aubergine, le poivron…
Les régions à climat doux sont favorables au doryphore. Les insectes sortent de leur diapause hivernale dès que la température du sol dépasse 10 °C, ce qui survient en avril généralement. Pour leur envol, il leur faut une température de 18 °C.
La durée de cycle est de 5 à 6 semaines, de la ponte au développement d’adultes. Il peut y avoir une deuxième génération de doryphores, dans le sud de la France en particulier.
Le doryphore (Leptinotarsa decemlineata) est originaire d’Amérique du Nord d’où son nom anglais : Colorado beetle. Il est arrivé dans les années 1920 en France.
Cent doryphores consomment près d’un demi-kilogramme de végétal au cours de leur vie.
