Aller au contenu principal

Produits phytos : des disponibilités sous tension pour l’automne prochain

Après les engrais, les matériaux et le carburant, bientôt des pénuries de phytos ? Les tensions logistiques à l’échelle mondiale n’épargnent pas la protection des plantes.

La fabrication d'un bidon de phytos requiert 15 à 20 composants.
La fabrication d'un bidon de phytos requiert 15 à 20 composants.
© C. Baudart

Les produits phytosanitaires n’échappent pas aux problèmes de disponibilités qui frappent l’industrie et le commerce mondial. Fabricants et distributeurs font part d’une situation inédite. « Les perturbations logistiques ralentissent la fabrication et la distribution de nos produits », confie ainsi Alain Pescay, directeur marketing France chez Corteva, en marge d’une conférence de presse le 23 mars 2022. Selon Phytéis, 42 % des produits vendus en France sont fabriqués dans l’Hexagone grâce à 19 sites de production et 11 entreprises. 49 % sont fabriqués en Europe et 8 % dans le reste du monde.

« Chaque site de production est spécialisé dans un type de produit : herbicide, fongicide, insecticide,… et souvent pour une ligne de produit pour la France, l’Europe voire le monde. Il n’y a donc pas de corrélation directe entre les productions des sites et l’approvisionnement du marché français », indique Pierre-Yves Busschaert, responsable des affaires économiques chez Phytéis. Par contre, les substances actives nécessaires à la fabrication des produits sont souvent fabriquées hors de l’Union Européenne, et notamment en Asie, ce qui explique les tensions.

« Un bidon de phytos requiert 15 à 20 composants, avec 7 à 8 fournisseurs différents. S’il manque un seul ingrédient, ne serait-ce que l’étiquette, nous ne pouvons pas fabriquer et livrer le produit. Or tous les ingrédients se retrouvent dans des tensions extrêmes, en particulier les coformulants qui sont également utilisés par d’autres industries », explique Fabrice Buet, directeur général adjoint de Phyteurop. Produisant pour sa propre marque et pour d’autres marques phytosanitaires, l’usine de Montreuil Bellay (49) de ce groupe fait face à un afflux important de nouvelles commandes. « Depuis le confinement et l’explosion des prix du fret, un certain nombre de nos clients souhaitent désormais produire en France et nous répondons à leur demande ».

 
À court terme, l’industriel se montre rassurant : « Nos délais d’approvisionnement ne cessent d’augmenter et tous les stocks stratégiques ont fondu. La tension sur la supply chain (chaîne logistique) mondiale est inédite et incroyable. Nous devons composer avec des produits qui n’arrivent pas pour cause de force majeure mais nous faisons le maximum avec nos fournisseurs pour en limiter les impacts. » Face à ces difficultés, chacun s’adapte. Phyteurop produit encore pour des commandes à livrer ce printemps. « Les produits arrivent au compte-goutte sur certaines lignes mais nous allons approvisionner les agriculteurs juste à temps et leurs commandes seront honorées », rassure Fabrice Buet.

 

Une situation que tempère Sandrine Hallot, directrice pôle produits, marché et services à la Fédération du Négoce Agricole. « Il peut y avoir des problèmes sur certains produits mais ce n’est pas massif et les négociants pallient les problèmes ». Le risque, c’est l’achat de précaution. Si les agriculteurs se mettent à constituer du stock comme les consommateurs tout récemment avec les bouteilles d’huile de tournesol, de vraies pénuries pourraient advenir. Alors chacun appelle à la retenue et à la responsabilité.

Le vrai problème – comme pour les engrais – pourrait survenir l’an prochain. « L’ensemble de nos fournisseurs a doublé ses délais. Ils demandent des engagements dès maintenant pour des livraisons au printemps 2023 », explique Fabrice Buet. Les industriels doivent ainsi anticiper leurs commandes de plus de douze mois, contre six mois en temps normal. Une situation une fois de plus inédite. « Nous pouvons répondre à toutes les demandes et maximiser notre outil industriel mais à condition d’avoir rapidement de la lisibilité sur les besoins des distributeurs. »

Les plus lus

<em class="placeholder">Déchargement d&#039;un camion d&#039;ammonitrate à la ferme. Livraison d&#039;engrais azoté en big bag sur une exploitation agricole. Manutention avec un chargeur Manitou. Fertilisant ...</em>
Engrais azotés et taxe carbone : la France confirme son intention de trouver des solutions pour « annuler l’impact du MACF » en céréales

Les élus de la FRSEA Occitanie ont alerté le président de la République le 12 novembre sur les conséquences de la mise en…

<em class="placeholder">Equipement / pulvérisation / pulvérisateur tracté Hardi Commander/ traitement (désherbage) d&#039;une céréale (blé, orge) en post-levée (stade deux à trois feuilles). ...</em>
Nouveautés en cultures : un herbicide complet sur céréales et un insecticide contre les doryphores

Variétés de maïs, herbicides céréales, biostimulants, insecticides, OAD… voici une sélection des nouveautés récentes en…

<em class="placeholder">Sylvie Daguet, agricultrice à Serazereux en Eure-et-Loir.</em>
Eure-et-Loir : « Nous nous sommes formés en famille pour redonner un cap à l’exploitation »
Sylvie Daguet, est agricultrice à Serazereux en Eure-et-Loir. Face aux difficultés, elle a embarqué toute la famille dans une…
<em class="placeholder">Laurent Bourgeois, céréalier à Chapelle-Vallon dans l’Aube</em>
Aube : « Grâce à mon budget de trésorerie, je peux me projeter et connaître ma capacité à investir 6 à 8 mois à l’avance »

Laurent Bourgeois est céréalier à Chapelle-Vallon dans l’Aube. Il a mis en place un budget de trésorerie dans un tableau pour…

<em class="placeholder">Alexis Brisset, agriculteur à Beauvois, dans le Pas de Calais, devant la haie qu&#039;il a implanté en 2022 sur son exploitation de grandes cultures</em>
Entretien des haies : « Je compte obtenir une haie basse et dense pour lutter contre l’érosion dans le Pas-de-Calais »
Alexis Brisset, exploitant à Beauvois dans le Pas-de-Calais, a implanté huit kilomètres de haies en 2022 et en 2024 : son…
<em class="placeholder">Emmanuel Noizet, agriculteur à Ambly-Fleury (Ardennes), dans champ de maïs</em>
Érosion des sols : « J’ai fait installer trois fascines pour retenir la terre dans les parcelles en pente »
Les ravines ne sont quasiment plus qu’un mauvais souvenir chez Emmanuel Noizet, agriculteur à Ambly-Fleury (Ardennes). L’…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Grandes Cultures
Consultez les revues Réussir Grandes Cultures au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Grandes Cultures