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Phosphore : des analyses de sol incontournables pour mesurer cet élément nutritif

Seule une petite part du phosphore présent dans le sol est assimilable par les cultures. Les analyses de sol apportent des informations utiles. D’autres paramètres sont à prendre en compte pour la nutrition des cultures.

<em class="placeholder">Prélèvement d&#039;un échantillon de sol pour une analyse en février 2021 dans un champ de colza en Seine-et-Marne</em>
Une analyse de sol tous les cinq ans sur une même parcelle est l'idéal pour suivre l'évolution des caractéristiques de son sol, comme la teneur en phosphore, le pH...
© G. Omnès

Parmi les cultures de printemps, la betterave et la pomme de terre sont des espèces fortement exigeantes en phosphore. Une carence en cet élément dans le sol engendre une perte significative de rendement chez ces espèces. Pour ces cultures au moins, il est important de connaître la quantité de phosphore qu’un sol pourra leur apporter.

Des analyses de sol fournissent cette information. « Pour le phosphore, nous aurons une indication de la richesse du sol en cet élément mais ensuite, il faut faire une interprétation pour quantifier les apports de phosphore à la culture en place. Car au contraire de l’azote, dont les quantités contenues dans le sol sont directement disponibles pour la culture, de nombreux éléments du sol interfèrent sur la disponibilité du phosphore », explique Mathieu Valé, du laboratoire d’analyses Aurea.

Par exemple, dans les sols très acides, le pouvoir fixateur (ou tampon) du sol est très élevé, se traduisant par une libération lente du phosphore à cause d’une précipitation avec les oxydes de fer et d’aluminium. En milieu basique, le phosphore précipite avec le calcium. Dans ces situations, il diffuse beaucoup moins vite dans la solution du sol. La plage de valeur optimale du pH pour le phosphore est entre 6 et 6,5.

Des teneurs du sol prises en compte pour les apports d’engrais ou les impasses

Pour l’analyse de sol, trois méthodes permettent d’estimer la quantité de phosphore pouvant passer en solution et être absorbée par les plantes : Olsen, Joret Hébert et Dyer. La première est la plus largement utilisée par les laboratoires, couvrant de manière satisfaisante une majorité des situations. Les analyses établissent des mesures pour définir si le sol est bien pourvu ou pauvre en phosphore, auquel cas des apports d’engrais phosphatés seront indispensables, surtout pour les cultures exigeantes.

À signaler que les récoltes de grains exportent beaucoup de phosphore, cet élément étant localisé majoritairement dans les grains (peu dans le feuillage ou les pailles). C’est à prendre en compte dans l’évolution des teneurs dans le sol et les apports d’engrais phosphatés dans la rotation culturale.

Pour des cultures très exigeantes en phosphore comme la betterave ou la pomme de terre, un prélèvement de sol en vue d’une analyse en sortie d’hiver avant les semis peut être pertinente pour connaître le phosphore disponible au plus près des futurs besoins de la culture. « À cette période, le prélèvement peut se faire dans le couvert d’interculture en place, à condition qu’il n’y ait pas trop de racines dans les échantillons de terre, conseille Mathieu Valé. Il faudra éviter un prélèvement juste après une destruction de couvert car la matière organique fraîche peut interagir quelques semaines sur le phosphore du sol. De même, on évitera de prélever après un travail du sol ou l’incorporation de matière organique produisant un arrière-effet sur la disponibilité du phosphore. » Dans tous les cas, il est conseillé d'attendre quelques semaines après ce type d’intervention pour réaliser les prélèvements.

Garder ses bonnes habitudes d’analyses de sol

Pour Rémy Duval, de l’ITB, le plus important est de conserver ses habitudes en matière de prélèvements de sol, plutôt que faire absolument une analyse au plus près du semis d’une culture de printemps. « Quand on a commencé à prendre l’habitude d’analyser son sol sur une période donnée (automne ou hiver), il vaut mieux rester sur ces mêmes dates à chaque prélèvement, et sur une même zone de sa parcelle (un carré de 20 mètres sur 20 mètres par exemple) bien représentative de celle-ci en termes de type de sol. C’est important pour le suivi de l’évolution de certains éléments. » L’idéal pour l’ingénieur de l’ITB est de réaliser une analyse tous les cinq ans par parcelle.

Si la connaissance de pH peut permettre d’interpréter la disponibilité du phosphore, de même que celle du type de sol (calcaire…), d’autres facteurs interfèrent sur la dynamique du phosphore, comme la vie du sol. « Environ un tiers du phosphore total est sous forme organique et a besoin d’être dégradé et minéralisé par les organismes pour arriver dans la solution du sol. Tout ce qui favorise une bonne activité biologique du sol concourra à améliorer la proportion de phosphore assimilable par les plantes, souligne Mathieu Valé. Il en est de même de la structure du sol qui, si elle est bonne, favorisera le développement des racines pour l’explorer et pour mieux aller chercher le phosphore. » Cet élément a la particularité d’être très peu mobile dans le sol. La capacité d’exploration racinaire de la culture a donc son importance pour l’alimentation phosphatée.

Les couverts d’interculture restituent un peu de phosphore biodisponible au sol après destruction

« Une crucifère cultivée en interculture avant betterave est capable d’aller chercher davantage de phosphore que la betterave elle-même, grâce à sa bonne exploration du sol. Elle montre une biomasse plus concentrée en phosphore que d’autres espèces, remarque Rémy Duval, ITB. Ce phosphore est remis en surface après destruction du couvert, ce qui peut être bénéfique pour la culture en situation carencée mais ce sera invisible sur des sols bien pourvus en phosphore. » La méthode Merci avec prélèvement et mesures sur les couverts d’interculture permet d’estimer la quantité de phosphore dans la biomasse avant destruction. Jérôme Labreuche, Arvalis, minimise l’impact du couvert sur la disponibilité du phosphore pour la culture suivante : « Les prélèvements de phosphore de ces couverts sont restitués au sol, sans en augmenter la quantité. Et la quantité de phosphore est faible dans la biomasse (aux alentours de 10 unités par tonne de biomasse) comparée à d’autres éléments comme le potassium. »

Pas d’outil opérationnel pour simuler la biodisponibilité du phosphore dans le sol

Les différents paramètres du sol pesant sur la biodisponibilité du phosphore ont fait l’objet d’études par le passé, notamment par l’Inrae pour réaliser un modèle décrivant le fonctionnement du phosphore en grande culture. « Des outils existent pour estimer la biodisponibilité du phosphore mais ils sont loin d’être opérationnels car très complexes à mettre en œuvre dans des laboratoires en routine », considère Mathieu Valé, Auréa. L’idée d’un outil de simulation de la disponibilité du phosphore du sol pour la plante n’est pas à l’ordre du jour pour une utilisation sur le terrain.

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