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« En Côte d'Or, nous avons sécurisé notre revenu grâce à notre assolement en commun »

Le GIE des 4 Épis est un assolement en commun qui regroupe 670 hectares en Côte d’Or. Matériel en Cuma intégrale, évolution des pratiques, spécialisation des tâches, font partis des leviers qui ont permis de réduire les charges et sécuriser le revenu.

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Titouan Farcy, Stéphanie Waryn, Samuel Maréchal, et Pascal Farcy, membre du GIE des 4 épis.
© GIE des 4 épis

Créé en 2005, le GIE des 4 Épis fête ses vingt ans d’existence. Les quatre agriculteurs qui ont regroupé leurs parcelles en une seule unité spatiale et organisationnelle, sans pour autant fusionner leurs exploitations, ont su travailler et évoluer ensemble pour faire de leur assolement en commun un outil économique viable et durable.

A l'origine, une Cuma et une rencontre

Tout est partie de la création d’une Cuma en 2001, entre quatre producteurs de grandes cultures qui faisait sole commune en betteraves. La Cuma va grandir au fil des années, et c’est en échangeant, lors d’une formation, avec un exploitant travaillant en assolement commun que le groupe décide de franchir le pas. « Le fait de n’avoir que la sole de betterave en commun compliquait nos rotations, il nous fallait structurer tout cela », explique Pascal Farcy, l’un des membres du groupe. 

Décision fut donc prise en 2005 de mettre en commun la totalité des assolements des exploitations de Samuel et Daniel (230 ha), Dominique (120 ha) et Pascal (80 ha). L’objectif est alors de réduire les charges de mécanisation et de se dégager du temps libre. « L’un souhaitait s’engager syndicalement, d’autres avoir un rythme de travail raisonnable, et moi être double actif. » Le GIE (groupement d’intérêt économique) des 4 Épis est créé, puisque le statut de SEP (société en participation) n’était pas suffisamment connu à l’époque pour être retenu. Et le groupe fait le choix de la Cuma intégrale.

Une étape importante est franchie en 2009 avec le passage du GIE en agriculture de conservation des sols (ACS). « Nous avons suivi une formation sur le sujet et du jour au lendemain, nous avons sauté le pas et pris la décision de vendre les outils de travail du sol. L’assolement en commun a facilité la prise de décisions et les échecs du début ont été plus faciles à surmonter à plusieurs », explique Pascal Farcy. C’est ce choix de conduite en ACS qui motivera Stéphanie Waryn (en Gaec avec son époux) à rejoindre l’assolement en commun en 2017. « Humainement, le passage en ACS est difficile, il faut se rassurer en permanence et le faire avec un groupe est un atout. »

Le passage en ACS a permis des économies sur la mécanisation

Le passage en ACS a permis aux exploitations de réduire les charges de mécanisation, avec la suppression du travail du sol. « Le parc matériel est restreint, les consommations de carburant et les heures passées à l’hectare de traction sont bien plus faibles, les semoirs de semis direct ont des débits de chantier plus élevés », explique Pascal Farcy. L’essentiel du matériel concerne la partie semis, avec un semoir à dents et un semoir à disques ; le reste étant des broyeurs, faucheuses, et pulvérisateurs. La part sociale de la Cuma s’élève à 200 euros par hectare, ce qui est faible comparé aux charges de mécanisation moyennes en grandes cultures.

17 ans plus tard, Pascal Farcy dresse un bilan positif. « Nous sommes à 3 heures/ha/an de traction tout compris, avec une consommation de carburant de 40 litres/ha/an, contre plutôt 120 litres en travail du sol, se félicite-t-il. La puissance de traction est, elle, de 0,87 cheval/ha, ce qui est faible. Les charges de mécanisation varient entre 260 et 300 €/ha/an, contre 400 à 500 € sur la plupart des exploitations. » Les charges opérationnelles s’élèvent à 260 €, les années où il y a peu d’irrigation, et à 300 € celles où il y a beaucoup d’irrigation, où une panne importante (+ 20 à 30 €/ha pour une panne de moissonneuse en 2024), où des coûts de l’énergie élevés. 

Ainsi, en 2016, année très difficile au niveau économique en grandes cultures, le groupe a quand même réalisé une marge semi-nette positive, grâce aux faibles charges de mécanisation. Côté intrants, « les gains ne sont pas énormes » estime, en revanche, Pascal Farcy, qui explique que les ristournes sur les achats en gros volumes sont de moins en moins intéressantes. Il ajoute que l’ACS n’a pas permis beaucoup d’économies que ce soit en phytosanitaire ou en fumure. « Nous avons encore des progrès à faire pour améliorer la fertilité des terres. »

Une mutualisation des risques, gage d'un revenu plus régulier

L’affectation des charges et des productions du GIE se fait au prorata des hectares apportés par chaque exploitation. Les exploitants insistent sur l’importance de bien équilibrer le travail apporté par chacun, en indiquant qu'« il est plus compliqué de répartir une masse d’heures de travail que des charges ». 

Côté résultats techniques, Stéphanie Waryn explique que l’assolement en commun permet de mutualiser les risques sur des terres hétérogènes, des parcellaires éparpillés, et de bénéficier des compétences de chacun. « Au final, nous arrivons à sortir un revenu régulier, sans grosses fluctuations », se réjouit Pascal Farcy​​. La seule chose qui n’est pas mutualisée est la commercialisation puisqu’un GIE ne peut pas vendre. Chacun vend à sa façon, c’est la seule différence entre les exploitations.

Mutualisation des compétences, continuité de l’exploitation en cas d’accident ou de maladie, entrée et sortie facilitées (il y en a eu dans le groupe), car il n’y a ni compte courant associé, ni capital important, exploitation plus facile à transmettre…, les atouts de l’assolement en commun sont nombreux. Mais il y a aussi quelques contraintes, notamment un travail administratif plus lourd. La clé du succès reste l’échange, l’entente, et la confiance dans le groupe.

GIE des 4 Épis, 670 ha en commun, en blé tendre, orge d’hiver, orge de printemps, moutarde (IGP), soja, maïs, et semences de couverts.
 

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