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Filière céréales
Maintenir le blé dur en région Centre

La nouvelle Pac pénalise la zone non traditionnelle. Cependant, plus sensible que d´autres aux aléas climatiques en raison de sa concentration dans le bassin méditerranéen, le marché du blé dur réserve régulièrement de bonnes opportunités.


C´est à dessein que la filière blé dur a tenu sa journée nationale à Orléans, en région Centre. Classée zone non traditionnelle dans le jargon de la Pac, elle va connaître dès 2004 la mise en oeuvre de l´accord de Luxembourg sur la Pac qui va progressivement faire disparaître la spécificité du blé dur dans ces régions : suppression en trois ans du supplément et non éligibilité à la nouvelle prime qualité de 40 euros à l´hectare.
Sur ce dernier point, Jean-François Gleizes, président de la Commission blé dur, a annoncé que l´AGPB expertise la possibilité d´un recours juridique « car il n´est pas acceptable que des producteurs soient exclus pour raison géographique d´un dispositif basé sur une liste de variétés qui s´inscrit dans une orientation générale de qualité ».

Quoiqu´il en soit, la filière se veut confiante dans l´avenir du blé dur en zone non traditionnelle. La culture est ancrée de longue date dans les assolements de la région Centre. Elle remonte au tout début des années 60 et a connu deux périodes d´apogée. La première en 74-75 et la seconde à la fin des années 90 à la veille de la réforme de la Pac de 1992. Le Centre a représenté jusqu´à la moitié de la collecte française de blé dur. Sa part est tombée à 20 % aujourd´hui « mais reste essentielle pour stabiliser le volume de la collecte française soumise à de plus forts aléas climatiques dans le Sud de la France ».
A l´avenir, avec une Pac moins protectrice, « ce sont les prix mondiaux et l´écart avec ceux du blé tendre qui guideront l´évolution des surfaces de blé dur », estime Daniel Perrin, directeur de l´Onic. Cependant, une forte demande concentrée autour de la Méditerranée est à nos portes et « elle ne faiblit pas ».

Analysées sur plusieurs campagnes, les parts de marché sont bien réelles compte tenu des fortes fluctuations de la production dans ces pays où la consommation est toujours supérieure à la production. « Les Marocains consomment 43 kg par habitant et par an, les Algériens 110, les Tunisiens 102. Le Maghreb peut importer jusqu´à 60 % de ses besoins en blé dur », souligne Yann Lebeau responsable du bureau de France Export Céréales au Maroc. Structurellement, ses besoins représentent six millions de tonnes dont, en moyenne, trois issues d´importations. « Là-bas, comme l´an passé, les semis se sont déroulés dans de très bonnes conditions. Mais il est trop tôt pour prédire une récolte aussi bonne que celle de juin dernier. Tout dépendra des pluies. »
La zone traditionnelle représente 70% de la surface cultivée en blé dur.

Des parts toujours croissantes sur le marché du Maghreb
En 2003, l´Union européenne a pris des parts importantes sur ces marchés avec un record absolu d´1,3 million de tonnes d´exportations très nettement supérieur à celui des déjà bonnes campagnes 2000-2001 et 2001-2002 (près de 600 000 tonnes). Les récoltes y étaient moyennes voire faibles (Tunisie) et le gros pourvoyeur du marché mondial, le Canada, manquait de disponibilités pour cause de sécheresse. La campagne en cours connaît de bons prix dans un contexte de tension généralisé sur tous les marchés céréaliers européens. En revanche, elle n´est guère favorable à l´origine européenne sur le marché mondial faute de disponibilités suffisantes ; parce que le Maghreb a engrangé une abondante récolte et enfin à cause d´une parité euro-dollar pénalisante.
Pour autant, la partie se rejoue chaque année. « Traditionnellement, le Maghreb achète canadien. Le Maroc, à plus de 80 %, l´Algérie à plus de 50 % tandis que la Tunisie diversifie ses approvisionnements », souligne Yann Lebeau. « Nous sommes cependant tout à fait capables de répondre à leurs besoins, poursuit-il. Et de tirer profit de notre proximité », renchérit Daniel Perrin.

En Algérie et en Tunisie, il y a encore une forte proportion d´appel d´offres d´État. Ils sont demandeurs de qualités moyennes pour compenser le déficit de la production locale.
Au Maroc, les importations sont exclusivement le fait d´industries privées qui n´utilisent pas la production locale « car ils la considèrent de qualité insuffisante ». Enfin, si la couleur ne figure pas dans les cahiers des charges, c´est « avec la moucheture, un critère important car ils achètent visuellement. L´aspect des blés est primordial », souligne Yann Lebeau.
La volonté de conforter la place du blé dur français sur ces marchés explique sans doute le souhait de Jean-François Gleizes de resserrer les rangs à l´échelon européen. « Nous devons travailler davantage avec nos collègues européens, italiens et espagnols, sur la sélection des variétés, la qualité et les aspects sanitaires. » Le défi à relever est « celui de maintenir la production et sa rentabilité. Alors que la Pac ne donne plus d´orientation, nos filières doivent prendre le relais et mieux se coordonner au niveau communautaire ».

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