Aller au contenu principal

Amidonnerie
L´industrie de la fécule en pleine recomposition

Roquette, dont la production représente les trois quarts du contingent français, a décidé l´arrêt de la production de fécule à Vic-sur-Aisne (02).


Parce qu´elle constitue un débouché à la fois pour le blé, le maïs et la pomme de terre, et que certains de ses produits sont des concurrents du sucre, l´amidonnerie est toujours plus ou moins directement concernée par les réformes de la PAC. De plus, elle se situe à la croisée des principales organisations communes de marché (OCM). C´est ainsi que sur fond de mise en place du découplage, des conséquences directes de la réforme sucre sur le prix de l´isoglucose, et de hausse du prix des céréales, l´amidonnerie européenne traverse une période de turbulence.
En France, les évènements les plus marquants concernent les deux acteurs industriels français de la fécule. La décision la plus radicale revient à la société néerlandaise Avebe qui a annoncé la fermeture de son site d´Haussimont, dans la Marne, à partir de la campagne 2007-2008. Une société, AdventAgri, regroupant les producteurs qui approvisionnent l´usine, reprendra le site. « Advent-Agri et Avebe ont signé le 2 novembre un contrat préliminaire de cession de la féculerie », indique l´UNPT dans un communiqué du 7 novembre(1). L´entreprise Sphère, spécialiste de l´emballage des produits alimentaires serait par ailleurs en discussion avec les producteurs, en vue de participer à l´opération. Avec plus 63 000 tonnes, ce site produit le quart de la production française de fécule, dont le principal débouché reste aujourd´hui l´industrie papetière. Le projet de reprise d´AdventAgri est axé vers une évolution de ses débouchés qu´elle souhaite concentrer vers la production d´agro-matériaux issus de l´amidon, en particulier sous l´impulsion de l´obligation d´incorporation de matière végétale dans la fabrication des sacs plastiques.
La féculerie Avebe d´Haussimont ©51 est en voie de reprise par les producteurs de pomme de terre fécule. ©D. R.

Obligation de stockage pour les producteurs
De son côté, le premier opérateur français, Roquette, dont la production représente les trois quarts du contingent français, a décidé l´arrêt de la production de fécule à Vic-sur-Aisne pour spécialiser ce site dans l´extraction de protéines de pois. A partir de 2007, il concentre toute sa production de fécule sur son site de Vecquemont, dans le Pas-de-Calais. Principale conséquence, l´allongement de la campagne d´enlèvement des pommes de terre, a de lourdes répercussions pour les producteurs de Vecquemont. Sur ce site, les producteurs sont organisés en groupement mais ont des contrats individuels avec l´industriel.
Dans sa nouvelle organisation, Roquette leur demande de stocker entre un quart et un tiers de leur tonnage de pomme de terre afin d´approvisionner l´usine jusqu´en mars. Celle-ci tournait jusqu´au 15 décembre. Jusqu´à cette date une bonne conservation des pommes de terres était possible avec des moyens légers. La plupart des producteurs ne sont pas équipés pour garantir un stockage hivernal dans de bonnes conditions et sont obligés d´investir.

En octobre, un quart d´entre eux souhaitaient arrêter cette production à cause des nouvelles conditions. Après négociations, un accord a été conclu fin novembre sur les questions du financement du stockage qui englobe également l´évolution du complément de prix en place depuis 2002. Sur le stockage, l´accord prévoit une prime d´accompagnement de 3 euros par tonne à 17 %, faisant l´objet d´un engagement de stockage de la part du producteur. Elle sera accordée pendant trois ans. En outre, le barème de Vic-sur-Aisne s´appliquera désormais à Vecquemont. De Noël à la première semaine de Mars, la rémunération du stockage progressera d´1,80 ?/t à 5,30 ?/t , au fil des majorations hebdomadaires.
Un recul des surfaces est possible
A Vic-sur-Aisne, où la campagne s´allongeait déjà tard dans l´hiver, le stockage est déjà dans les moeurs. En revanche, la coopérative de producteurs a négocié avec Roquette un accord portant sur un accompagnement des surcoûts de transport pendant quatre ans.
Ces bouleversements et les nouvelles conditions de marché qu´ils génèrent conduiront certains producteurs à de nouveaux arbitrages, avec probablement des conséquences sur les surfaces consacrées à la pomme de terre féculière. Ne serait-ce que parce que le découplage produit son effet, en déconnectant une part significative des aides directes du choix des cultures. A la faveur des nouvelles occasions de contrats ouvertes par les biocarburants, du prix élevé des céréales ou encore, cette année, avec les contrats d´orges brassicoles, certains producteurs pourraient revoir leurs assolements.

(1) Union nationale des producteurs de pomme de terre.

Les plus lus

<em class="placeholder">Paysage avec diversité culturale.</em>
Telepac 2025 : la rotation des cultures de la BCAE 7 n’est plus obligatoire

La version révisée du plan stratégique national (PSN) de la PAC 2023-2027 vient d’être validée par l’Europe. Pour la PAC…

<em class="placeholder">Plante de datura stramoine en fleur. </em>
« La télédétection du datura par drone me coûte 72 €/ha, mais c’est un outil de lutte indispensable sur mon exploitation des Pyrénées-Atlantiques »

Anne Darrouzet est agricultrice en bio à Bougarber, dans les Pyrénées-Atlantiques. Elle a mené pendant des années une…

<em class="placeholder">Vincent Prévost, agriculteur à Gueux, dans la Marne</em>
Chardon : « Je garde une attention constante tout au long de la rotation pour limiter cette adventice dans mes parcelles dans la Marne »
Producteur de grandes cultures à Gueux dans la Marne, Vincent Prévost reste vigilant tout au long de la rotation pour limiter au…
<em class="placeholder">Méthaniseur en injection de la coopérative EMC2 à Landres (54).</em>
Méthanisation agricole : des conditions tarifaires qui pourraient booster les projets

La politique de transition énergétique française ouvre de bonnes perspectives pour la production de biométhane. Mais échaudés…

<em class="placeholder">Visite d&#039;un essais colza organisé par la coopérative Vivescia.</em>
Colza : « Nous recherchons dans le Grand-Est des variétés calmes à l’automne pour les semis de début août, et des variétés très dynamiques pour les semis plus tardifs »
Étienne Mignot est expert innovation agronomique au sein du groupe coopératif Vivescia. Il explique quelles sont les gammes de…
<em class="placeholder">Antoine Prévost, exploitant agricole à Foucherolles, dans son champ de blé au printemps 2025.</em>
« La négociation de ma reprise de terres s’est faite en bonne intelligence avec le cédant »

Antoine Prévost, exploitant agricole à Foucherolles, a saisi l’opportunité de reprendre 35 hectares de terres en plus de son…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Grandes Cultures
Consultez les revues Réussir Grandes Cultures au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Grandes Cultures