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Les solutions pour répondre à un besoin en main-d’œuvre irrégulier

Les pics d’activités courants en grandes cultures entraînent des besoins en main-d’œuvre irréguliers. Les solutions pour y répondre se multiplient : bourse à l’emploi, groupements d’employeurs, intérim… Le point sur ce qui est disponible.

D’après les chiffres de la MSA, les exploitations de grandes cultures et celles de polyculture-élevage non spécialisées ont embauché 118 800 salariés saisonniers en 2014, ce qui équivaut à près d’un saisonnier du secteur agricole sur sept. Moisson, déchaumage, semis de colza, de blé ou encore arrachage de betteraves ou de pommes de terre… L’été et l’automne sont fortement consommateurs de main-d’œuvre. Embaucher son saisonnier en passant une petite annonce dans un journal local est une pratique qui devient plus rare, tant les solutions alternatives se développent.

Bourse à l’emploi et appui à l’embauche dans les Adefa

Réunies au niveau national au sein de l’Anefa, les associations départementales pour l’emploi et la formation en agriculture (Adefa) ont pour mission de développer l’emploi et de promouvoir la formation agricole. Elles mettent à disposition des agriculteurs à la recherche de main-d’œuvre une bourse à l’emploi. Il s’agit d’une plateforme en ligne permettant de faire se rencontrer l’offre et la demande de travail, notamment saisonnier. Leur mission ne s’arrête pas là. Elles fournissent un guide de contacts en département ou en région à télécharger, qui vise à faciliter l’accès à l’emploi. Enfin, elles informent les futurs salariés sur leurs droits, la protection sociale, la formation. Elles peuvent également leur donner les bases du fonctionnement d’une exploitation, un moyen de faciliter l’intégration et l’adaptation si nécessaire. Dans certaines régions, ces associations peuvent aussi passer des partenariats avec des coopératives pour répondre à des besoins spécifiques des adhérents (légumes par exemple).

Certaines Adefa peuvent proposer des offres d’emploi « jumelées », à l’image de l’Adefa des Landes. Plus attractives pour les saisonniers, elles leur permettent d’enchaîner plusieurs contrats sur plusieurs missions au sein d’exploitations différentes et de travailler plusieurs mois consécutifs. C’est un élément de motivation supplémentaire pour le saisonnier. En grandes cultures, les offres sont réparties entre les exploitations et les entrepreneurs de travaux agricoles (ETA) et sont évidemment très nombreuses à porter sur la période de juillet à septembre, une partie courant jusqu’à la fin de la récolte du maïs.

Les plateformes non spécialisées dans l’emploi saisonnier parfois utiles

D’autres plateformes de mises en relations entre employeurs agricoles et salariés existent, sans forcément être spécialisées dans l’emploi saisonnier. C’est le cas de l’Apecita, d’agriaffaires.com, ou encore de yojob-agriculture.fr, un site internet dédié à l’emploi en agriculture qui a ouvert début mai. Sa spécificité : la mise en place d’un système d’évaluation des candidats pour permettre à l’employeur de les différencier. « Notre objectif est de redynamiser l’emploi en agriculture, explique Alexandre Auger, le directeur du site. Nous allons lancer une application mobile et prévoyons de nous développer en Europe et à l’international. » Le site dispose déjà d’un partenariat avec le Cerfrance de Gironde et entend en développer d’autres.

Les groupements d’employeurs pour partager des salariés

Le groupement d’employeurs représente une autre solution pour embaucher de manière partielle ou saisonnière. C’est un ensemble d’entreprises (personnes physiques ou morales) qui mutualisent la main-d’œuvre et organisent collectivement les missions des salariés « partagés ». Il peut s’agir de l’union de deux ou trois employeurs (ou plus) qui partagent un salarié, à temps plein le plus souvent, comme d’un groupement d’employeurs départemental qui a pour but la mise à disposition à ses membres de salariés pour l’exécution de travaux réguliers sur l’année ou sur une partie de l’année (voir interview p. xx). Certains groupements d’employeurs ont une vocation de service de remplacement. Quoi qu’il en soit, le salarié est lié au groupement par un contrat de travail.

Au total, on compte en France 3 827 groupements d’employeurs pour 22 000 équivalents temps plein (ETP) et plus de 84 000 contrats signés. 52 % des heures travaillées sont effectuées par des salariés en contrat à durée indéterminée (CDI). Le nombre de groupements d’employeurs agricoles et ruraux a progressé de 17 % entre 2003 et 2014. Dans le même temps, le nombre d’heures travaillées et le nombre d’ETP ont doublé. En moyenne chaque département est couvert par un à quatre groupements importants. Les autres sont de petits groupements actifs comptant quelques membres.

L’interim pour simplifier la gestion administrative

Dernière possibilité pour embaucher un saisonnier : l’intérim. Avec cette solution à la carte, le producteur qui a besoin de main-d’œuvre peut « acheter des heures de salariés », sans contraintes de nombre d’heures et sans formalités administratives si ce n’est la signature du contrat qui le lie à la société d’intérim. En contrepartie du service que cette dernière fournit, l’agriculteur la rémunère par un coefficient multiplicateur appliqué au coût horaire du salarié. Celui-ci est généralement compris entre 1,8 et 2. La main-d’œuvre temporaire coûte donc à l’exploitant presque deux fois plus cher que s’il embauchait en direct mais il s’affranchit de toute la gestion, du recrutement à la paie en passant par les déclarations sociales. C’est le coût de la simplicité et de la souplesse. « C’est cette souplesse qui fait notre succès, considère Guy Delforge, gérant d’une franchise Agri Intérim basée dans la région Hauts de France. Nous connaissons une croissance importante de la demande, et cela dans chacun des cinq départements de la région. Notre progression est constamment à deux chiffres. » La moyenne de durée de contrat dans ces cinq agences est de 15 jours. Le contrat est lui-même renouvelable tous les 15 jours mais peut durer jusqu’à quatre à cinq mois. « Une centaine d’intérimaires étaient en poste fin avril, et nous devrions en compter entre 250 et 300 cet été sur nos cinq agences, estime Guy Delforge. Si nous connaissons une telle croissance, c’est parce que nous répondons vraiment à un besoin. » D’après le spécialiste, il est fréquent qu’après avoir "testé" l’intérimaire, l’agriculteur l’embauche en CDI.

Le prêt de main-d’œuvre, une solution oubliée

Très encadré par la réglementation du travail, le prêt de main d’œuvre permet à un employeur qui n’a pas suffisamment d’activité de "prêter" son salarié à un autre employeur du même secteur d’activité s’il n’arrive pas à l’occuper.

Cette opération nécessite la signature d’une convention tripartite entre l’employeur "prêteur", le salarié, et l’employeur "utilisateur" : l’accord du salarié est donc nécessaire, et ce dernier est en droit de refuser.

Le prêt de main-d’œuvre ne doit pas être réalisé dans un but lucratif : l’employeur prêteur ne peut en théorie facturer que le salaire, les charges sociales et les frais professionnels engagés par le salarié. Il ne peut donc pas prendre de marge.

Cette solution peut être utile quand, dans une même zone, les productions sont nombreuses et les besoins en main-d’œuvre pas tous concomitants.

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