Filière maïs
Le maïs semence a le vent en poupe
Après une période difficile, la production
de maïs semence a retrouvé une attractivité, grâce à la forte hausse
des surfaces de maïs en Europe et par un système de rémunération
plus sécurisant.
Je suis un président heureux. « C’est en ces termes que Pierre Blanc, président de l’AGPM-maïs semence a débuté son discours lors de son assemblée générale aux journées du maïs le 12 septembre à Poitiers. Les surfaces françaises en multiplication de semences en 2012 ont augmenté de 26 % par rapport à la campagne passée, atteignant 68500 hectares, un record. La moyenne de ces dix dernières années est de 52 600 hectares. Pour répondre à ces besoins, le nombre de multiplicateurs a augmenté de 9 %, à 3389, et la surface moyenne par agriculteur est également en hausse de 15 % à 20,2 hectares en moyenne.
La filière maïs semence bénéficie d’un contexte très favorable avec une demande européenne en forte croissance. La culture du maïs a vu ses surfaces augmenter de 9 % en 2012, pour atteindre 25,1 millions d’hectares, dans la grande Europe qui comprend l’UE à 27, la Russie, la Biélorussie, la Serbie, la Croatie et la Turquie, et qui représente aujourd’hui le terrain de jeu des semenciers français. Cette progression résulte de la croissance de 13 % des surfaces de maïs grain et de 3 % du maïs fourrage.
LE MAÏS À BIOGAZ EXPLOSE
La plus forte hausse des surfaces vient des pays de l’Est, l’Ukraine détenant le record avec + 45 % en maïs grain, en raison de la sécheresse automnale sur colza et du gel hivernal qui a conduit à des resemis au printemps. Cela a aussi été le cas en France, d’où une hausse de 3 % des surfaces de maïs, avec 6 % en grain et une stabilité en fourrage. La production de maïs est également dopée par l’utilisation de cette culture pour la fabrication du biogaz, en Allemagne, mais aussi en Pologne et en Italie. « La progression devrait être moins rapide dans les années à venir car une nouvelle réglementation allemande limite la proportion de maïs fourrage dans les méthaniseurs pour les nouvelles installations », souligne Gildas Cotten de l’AGPM.
Les surfaces de multiplication de semences de maïs ont progressé dans toute l’Europe, mais les conditions de sécheresse au moment des floraisons ont provoqué des dégâts en Europe centrale. « Avec 43 % des surfaces de l’UE, la France va produire 63 % des semences de maïs européennes, se réjouit Pierre Blanc. C’est le fruit d’une climatologie favorable, d’un savoir-faire des multiplicateurs français et de nos investissements dans l’irrigation. » Étant donné la bonne tenue du marché du maïs, l’interprofession des semences de maïs (FNPSMS) prévoit que les programmes de production de semences resteront soutenus en 2013. Pour pouvoir continuer à exporter des maïs déjà conditionnés, les semenciers français demandent de pouvoir continuer à traiter en usines les semences destinées à l’exportation avec des traitements insecticides autorisés dans les pays destinataires, même s’ils sont interdits sur le territoire français.
DES RÈGLES DÉFINIES SUR LE PRIX
Quant à la rémunération des multiplicateurs de semences, selon une enquête réalisée auprès des agriculteurs, 75 % d’entre eux disent que le mécanisme de sécurisation du prix, mis en place il y a quatre ans, les satisfont. La rémunération est en effet basée sur une équation intégrant le prix du maïs grain, avec un système de prix plancher et de prix plafond. Et globalement, l’inquiétude sur le non renouvellement des multiplicateurs qui prévalait les années passées n’est plus qu’un mauvais souvenir. « Le redressement du réseau est indiscutable. Notre production retrouve une certaine attractivité », poursuit Pierre Blanc. Et il reste du potentiel puisque 26 % des agriculteurs interrogés dans l’enquête disent pouvoir augmenter leur surface dans les trois ans à venir.
ENQUETE
Le réseau de multiplicateurs prend un petit coup de jeune
Une enquête réalisée auprès de 400 agriculteurs multiplicateurs de semences de maïs répartis sur l’ensemble des zones de production a été réalisée en juin 2012. Elle vise à mieux définir la typologie du réseau et son évolution.
L’âge moyen est de 47 ans, contre 48 ans lors de la dernière enquête en 2008, ce qui avait été source d’inquiétude car le réseau avait vieilli de quatre ans entre 2008 et 2004. Selon l’enquête, 59 % des producteurs ont moins de 20 hectares de maïs semence. Plus de la moitié d’entre eux en cultivent depuis plus de vingt ans et 13 % depuis seulement quatre ans.
La main-d’oeuvre permanente représente 1,7 unité de travail à temps plein. Les exploitations emploient en moyenne 15 saisonniers par an. Pour 30 % des producteurs, les ventes générées par la production de semences représente plus de la moitié du chiffre d’affaires de l’exploitation.