Aller au contenu principal

L’Afrique subsaharienne aime le blé français

La France est très bien positionnée à l’export sur les pays d’Afrique subsaharienne où l’on mange du pain à la Française. Et les meuniers y sont particulièrement exigeants.

Le saviez-vous ? La France détient 100 % de part de marché sur les ventes de blé tendre au Gabon et 90 % au Sénégal. On parle toujours des bonnes performances de la France en matière d’exportations céréalières vers le Maghreb. Celles vers l’Afrique subsaharienne sont beaucoup moins connues car il s’agit, pour chaque pays, de petits marchés de quelques centaines de milliers de tonnes. Mais au final, cela représente un marché de 8 millions de tonnes. « Les importations sont en hausse régulière et la France est très bien placée avec une part de marché globale de 60 à 70 % si on exclut le Nigeria qui est un marché totalement anglo-saxon et de ce fait, quasiment inaccessible à la France », explique Yann Lebeau, chef de mission Maghreb Afrique de France Export Céréales lors du colloque sur les exportations de blé organisé à Paris par France Export Céréales.
Dommage car le Nigeria consomme annuellement à lui seul 4 millions de tonnes de blé. Ainsi, la France exporte en moyenne depuis 2009 autour de 2,5 millions de tonnes de blé par an. Ce sont, bien sûr, les pays francophones sur lesquels l’Hexagone est le mieux positionné comme le Gabon, le Bénin, le Burkina Faso, le Togo, la Côte d’Ivoire, le Sénégal ou encore le Cameroun.


Les boulangers fabriquent des pains d’exception


« Le Cameroun est particulièrement intéressant car la filière meunerie est bien développée, avec une douzaine de moulins détenus par des sociétés locales, explique Yann Lebeau. La part de marché de la France est de 90 %. »
Ces pays consomment du pain à la Française, fabriqué dans des boulangeries dont l’état est très hétérogène. « Dans un grand nombre de situations, toutes les étapes de la fabrication sont encore manuelles, réalisées dans des conditions rudimentaires, souligne Yann Lebeau qui parcourt l’Afrique de long en large. Mais il existe aussi des boulangeries à la pointe, comme celles de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, capables de sortir 5 millions de pains par jour. » Même dans des conditions difficiles, les boulangers africains fabriquent un pain d’exception. Les baguettes sont surgonflées. La farine de blé est parfois additionnée de farine de céréales locales (manioc, mil…).

Relation de confiance avec les fournisseurs français


« Pour toutes ces raisons, le meunier africain subsaharien est extrêmement exigeant car la farine doit être capable de répondre à tous les besoins, souligne-t-il. C’est le meilleur des blés que l’on envoie en Afrique. Par exemple au Cameroun, la farine doit avoir un taux de protéines minimum de 11,8 %, c’est-à-dire 12,8 % pour le grain, et le W exigé est de 360. Le taux d’humidité est aussi un critère important. » Contrairement en France, le boulanger n’achète pas sa farine au meunier, mais à un grossiste qui entrepose la farine, l’achemine dans les contrées parfois très reculées et qui lui fait éventuellement crédit, en oubliant parfois d’émettre une facture ! Et contrairement à certains pays d’Afrique du Nord, le pain n’est pas subventionné et la filière meunerie est totalement privée.


Mais le Canada grignote des parts de marché


« Le pain coûte environ 25 centimes de dollar en Afrique subsaharienne, contre 5 centimes au Maroc et un centime en Égypte », poursuit le spécialiste. Un argument de plus pour être exigeant sur la qualité. Si la France conserve un volume d’exportation stable, autour de 2,5 millions de tonnes, sa part de marché commence à être grignotée par le Canada qui fournit à ces pays du blé améliorant, permettant de compenser les faibles teneurs en protéines du blé français. Le Canada détiendrait déjà aujourd’hui 25 % de part de marché selon Yann Lebeau, alors que le CIC l’évalue plutôt à 20 %. « Les meuniers d’Afrique subsaharienne sont particulièrement fidèles à leur fournisseur français, avec qui ils entretiennent une relation privilégiée, beaucoup plus forte que dans les pays du Maghreb. Ces relations sont précieuses. Nous ne devons pas les décevoir sur la qualité. Et la qualité, c’est l’affaire de tous. »

Les « maman beignets », fast-food à l’Africaine

 

Un peu partout en Afrique noire, on peut acheter dans la rue des « maman beignets », fabriqués et vendus par les femmes. C’est un moyen simple d’utiliser la pâte à pain là où il n’y a pas de boulangerie. Ainsi, près de Douala, ville portuaire et capitale économique du Cameroun, près
de 30 % de la farine est utilisée pour confectionner des « maman beignets ». Plus on s’éloigne
de la ville, plus ce taux augmente pour atteindre 70 %.
Autre mode de consommation de la farine de blé : on trouve désormais dans les magasins des nouilles chinoises à la préparation instantanée.

Les plus lus

<em class="placeholder">Maxime Duchène, agriculteur dans l&#039;Oise à Choisy-la-Victoire</em>
Rotation des cultures : « Sur mon exploitation dans l’Oise, je privilégie le rendement de la betterave tout en obtenant de bonnes performances pour la céréale suivante »

Maxime Duchène cultive 100 ha de betterave dans l’Oise. Il n’hésite pas à repousser au maximum l’arrachage de ses…

<em class="placeholder">Alexis Brisset, agriculteur à Beauvois, dans le Pas de Calais, devant la haie qu&#039;il a implanté en 2022 sur son exploitation de grandes cultures</em>
Entretien des haies : « Je compte obtenir une haie basse et dense pour lutter contre l’érosion dans le Pas-de-Calais »
Alexis Brisset, exploitant à Beauvois dans le Pas-de-Calais, a implanté huit kilomètres de haies en 2022 et en 2024 : son…
<em class="placeholder">Laurent Bourgeois, céréalier à Chapelle-Vallon dans l’Aube</em>
Aube : « Grâce à mon budget de trésorerie, je peux me projeter et connaître ma capacité à investir 6 à 8 mois à l’avance »

Laurent Bourgeois est céréalier à Chapelle-Vallon dans l’Aube. Il a mis en place un budget de trésorerie dans un tableau pour…

<em class="placeholder">Jean-Luc Marraud, agriculteur à Chantillac en Charente.</em>
« L’assolement en commun nous a permis de maintenir des grandes cultures sur nos exploitations des deux Charentes »

Jean-Luc Marraud est agriculteur et membre de la SEP Alliance du Sud, qui regroupe des soles de grandes cultures en…

<em class="placeholder">Stockage en big bag des engrais azotés, permettant une longue conservation.  Sac d&#039;ammonitrate. Fertilisation des cultures. Marché des fertilisants.</em>
Prix des engrais et compensation carbone : la menace d’une forte hausse en 2026

L’Association générale des producteurs de blé (AGPB) sonne l’alerte sur le prix des engrais. La mise en place au 1er …

<em class="placeholder">Julien Hérault, gérant de l’entreprise Conseils agroéquipements.</em>
Assolement en commun : « Il faut saturer les outils pour réduire les charges de mécanisation »

Julien Hérault, gérant de l’entreprise Conseils agroéquipements, met en garde contre le risque de suréquipement dans un…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Grandes Cultures
Consultez les revues Réussir Grandes Cultures au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Grandes Cultures