ALIMENTATION ANIMALE
La luzerne en quête d’attractivite
L’avenir est incertain pour l’industrie de la déshydratation, qui cherche à valoriser les bénéfices sociétaux de la luzerne pour enrayer le désintérêt des producteurs.
Luzerne cherche futur. Malgré les efforts de restructuration, d’écono- mies d’énergie et d’explora- tion de nouvelles sources de valeur ajoutée, la filière déshydratation ne dispose d’aucune visibilité sur son avenir. L’alerte a de nouveau été lancée par les représentants de Coop de France déshydratation à quel- ques jours de leur congrès, en novembre. La hausse des cours du blé a bien tiré le prix des produits de base de 125 euros la tonne en mai à 175 euros en novembre, mais sans renforcer l’attractivité de la culture pour les producteurs. Pourtant, comme pour le pois, le débouche existe.
Mais la réforme à mi- parcours de la PAC en 2006 a fortement ébranlé le secteur en réduisant le montant de l’aide versée aux transformateurs, passée de 68 à 33 euros par tonne de produit fini. Ce début de découplage a fait plonger la production de 30 % en quatre ans. En France, les 26 usines encore en service produiront en 2010-2011 environ 725 000 tonnes de luzerne déshydratée cultivée sur 75 000 hectares.
COUPERET EN 2012
Le prochain couperet menaçant la filière doit tomber en 2012, date prévue pour le démantèlement de l’organisation commune de marché. Cela signifierait la fin des aides pour la dernière récolte de 2011. Les profes- sionnels espèrent éviter ce scénario en repoussant la fin de l’OCM à 2014. En cas d’échec, ils comptent sur un plan B : l’intégration de la luzerne déshydratée dans le plan de soutien aux pro- téagineux. L’aide versée aux transformateurs pourrait ain- si être conservée sous une nouvelle forme. « Le temps presse, prévient Éric Guille- mot, directeur de Coop de France déshydratation. Ça ne sert à rien de promettre aux producteurs le paradis pour 2014 si on ne peut pas leur dire comment ils seront rémunérés en 2012 et en 2013. »
DÉBOUCHÉS
Recherche tous azimuts de valeur ajoutée
Valorisation sur le marché du crédit carbone de la réduction de ses émissions de CO2, rémunération des impacts positifs de la culture sur la biodiver- sité... La filière luzerne veut tirer profit des services rendus à la société. Elle n’oublie toutefois pas son cœur de métier : la vente de produits à base de luzerne.
L’industrie a ainsi complexifié sa gamme pour l’alimentation animale, en développant les balles à fibres longues. Elle vise aussi l’alimentation humaine. L’expédition dans les semaines à venir des premiers chargements vers Haïti et le Burkina Fasso de concentrés protéiques pour pallier certaines carences alimentaires en est la concré- tisation. Des pistes sont également ouvertes sur le créneau des aliments santé, à plus forte valeur ajoutée