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INTERVIEW
« La filière biodiesel est gravement menacée »

Alain Brinon, directeur général de Saipol et de Diester-Industrie.

Bruxelles travaille sur un projet législatif qui risque d'être pénalisant pour les biocarburants dits de première génération. Quelles seraient les conséquences pour la filière ?

Les Commissaires ont élaboré un texte qui va être proposé au vote du Conseil et du Parlement euroen. Ce projetmenace gravement les biocarburants de première génération. Deux aspects posent problème. Il y a le projet de plafonner à 5 % la part des biocarburants de première génération, soit moitié moins que l'objectif actuel de 10 % de carburants renouvelables dans les transports en 2020. Le taux d'incorporation actuel est de 4,5 % en Europe et de 7 % en France pour le biodiesel. Avec un tel plafonnement, la filière pourrait continuer à exister, même si en France, les industriels devraient réduire de 30% leur production. Mais le plus préjudiciable, c'est l'évolution de la Directive sur la qualité des carburants (FQD). En l'état actuel des projets de Bruxelles, la prise en compte de l'impact d'un changement indirect d'affectation des sols (dit Casi ou Iluc) attribuerait une pénalité telle au biodiesel qu'il serait considéré comme émettant plus de gaz à effets de serre que le gasoil, ce qui conduirait les pétroliers à s'en désintéresser. C'est une menace grave sur la filière biocarburant actuelle, mais aussi de celle de deuxième génération. Qui prendrait le risque de continuer à investir en Europe après de tels revirements politiques ?


Il vous faudrait trouver un nouveau débouché pour l'huile de colza européenne ?

Les biocarburants nous ont permis d'affranchir les oléagineux français des débouchés du marché mondial. Si un scénario catastrophe se produisait pour le biodiesel, la seule solution serait alors de vendre notre huile dans les pays tiers, donc d'entrer en concurrence avec l'huile de palme. Actuellement, l'écart de prix entre les huiles de colza et de palme est de 300 euros la tonne. La graine de colza permettant de fabriquer 43 % d'huile et 56 % de tourteau, un alignement sur le prix de l'huile de palme conduirait à une baisse du prix de la graine de colza d'environ 150 euros la tonne. Cela enlèverait tout intérêt de cultiver du colza par rapport à une céréale.


Le marché très porteur des tourteaux peut-il permettre de soutenir le complexe oléagineux ?

Il est vrai qu'on a la chance en trituration d'avoir deux produits, l'huile et les tourteaux. Aujourd'hui, le triturateur de colza, mais aussi de tournesol, devient un producteur de protéines, dans la même approche que les opérateurs du soja. C'est la plus belle réussite de ces dix dernières années que d'avoir développé la consommation de tourteau de colza en France, et assuré une moindre dépendance de notre pays en matière protéique. L'auto-approvisionnement est passé en France de 30 % en 1980-1981 à presque 60 % en 2010-2011. Pour autant, ce marché n'est pas suffisant pour porter la filière à lui seul.

Propos recueillis par Nicole Ouvrard

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