Interculture : les 5 conseils pour tirer le maximum de bénéfices de son couvert entre deux céréales
Plutôt pratiquée en agriculture de conservation des sols (ACS), l’interculture courte entre deux céréales présente de nombreux bénéfices. Les clés de la réussite reposent principalement sur une date de semis précoce et des conditions pédoclimatiques tempérées et humides.
Plutôt pratiquée en agriculture de conservation des sols (ACS), l’interculture courte entre deux céréales présente de nombreux bénéfices. Les clés de la réussite reposent principalement sur une date de semis précoce et des conditions pédoclimatiques tempérées et humides.

Cumuler le plus de températures possible
« Pour qu’un couvert d'interculture courte réussisse, il est important qu’il puisse cumuler un maximum de température estivale durant son cycle », explique Bastien Boquet, ingénieur chez Agro Transfert. Un jour d’août équivaut à deux jours de septembre. Donc, plus la culture intermédiaire est semée tôt, mieux elle profite. Quelle que soit la méthode de semis utilisée (à la volée, au semoir à céréales après la moisson, etc.), il est essentiel que les graines profitent de l’humidité résiduelle du sol pour assurer leur levée puis leur croissance. « 10 à 15 jours après la moisson, l’humidité sur chaumes non travaillées s’élève entre 10 et 20 %, indique Bastien Boquet. En revanche, elle peut descendre sous les 5 % si le sol est travaillé après la moisson, avec pour conséquence des difficultés de levées et un retard de développement du couvert. »
Choisir la bonne technique de semis
Le semis à la volée d’une interculture courte entre deux céréales offre de bons résultats notamment s’il est effectué dans les cinq jours avant la moisson (d’après les essais Agro Transfert). Plus tôt, la réussite est plus aléatoire. S’il fait très chaud, les graines une fois germées risquent de griller sur pied, dès lors qu’elles ne sont plus protégées par les pailles (en cas d’exportation), ou de manquer d’eau pour se développer. Cette pratique s’effectue avec un distributeur à engrais ou à anti-limaces, voire avec un drone.
Les chances de réussite de son couvert en interculture courte sont plus importantes si la paille est restituée à la moisson, le mulch conservant la fraîcheur du sol. Dans ce cas, il est préférable de semer le couvert juste après la récolte. Le semis à la volée peut être réalisé jusqu’à trois jours après la moisson, accompagné d’un passage superficiel de déchaumeur à disques indépendants pour rappuyer et enterrer la graine. Cette technique risque toutefois de dessécher la surface du sol. D’autres solutions sont possibles comme équiper la moissonneuse d’un semoir sous la coupe, semer avec le semoir à céréales ou avec un semoir de semis direct pour enfouir les graines plus en profondeur.
Augmenter la densité de semis en cas de sécheresse
En cas de sécheresse et d’absence de pluie, mieux vaut augmenter la densité de semis de 10 à 20 % par rapport aux préconisations habituelles. Il convient également de semer, en association, des espèces estivales à croissance rapide et de familles différentes. Avant une céréale, il est déconseillé de semer des graminées type sorgho, seigle, avoine ou moha, mais plutôt de choisir du sarrasin, des crucifères, voire des légumineuses (vesce, trèfle d’Alexandrie, etc.). Ces dernières offrent de bons résultats si l’été est humide et si elles sont semées dès la moisson dans le cadre d’une interculture courte. Les crucifères sont, elles, intéressantes pour leur dynamique de levée. Toutefois, le colza est à proscrire dans le mélange s’il est déjà très présent dans la rotation. Du radis fourrager ou de la moutarde d’Abyssinie sont plus adaptés, à condition que leur floraison soit tardive. La phacélie s’intègre également très bien dans les mélanges.
Fertiliser avec de la matière organique
Pour maximiser les bénéfices de l’interculture courte et produire davantage de biomasse, il est possible de la fertiliser avec de la matière organique (dans le respect du calendrier d’épandage de la directive nitrates). « Cet apport permet d’apporter de l’azote à une période opportune pour les éleveurs et sur des couverts à croissance rapide », explique Florence Léon, conseillère spécialisée en agriculture biologique et conservation des sols à la chambre d’agriculture Pays de la Loire.
Raisonner la rentabilité sur plusieurs années
S’il fait sec pendant la moisson et qu’aucune pluie n’est annoncée à l’horizon, se pose alors la question de la gestion du risque. « Un couvert d’interculture courte peut lever tardivement, souligne Jérôme Labreuche. Mais compte tenu de son cycle court, sa biomasse sera ridicule, l’investissement peu rentable et les bénéfices moindres, voire inexistants. » Et Bastien Boquet de préciser : « Il faut être opportuniste et semer le plus rapidement possible avant ou après la moisson pour maximiser les bénéfices possibles, surtout entre deux blés. » La rosée et l’humidité résiduelle peuvent suffire à faire lever des espèces à petites graines semées sans travail du sol. « Au-delà du 15 août, le rapport bénéfices/coût est moins intéressant », ajoute-t-il. En conditions climatiques très humides, la garantie de réussite de l’interculture n’est pas non plus assurée. « La levée dépend de la qualité du lit de semences et de la présence ou non de limaces », précise Jérôme Labreuche. « La réussite d’une interculture courte n’est pas évidente et déçoit parfois. Sa rentabilité se raisonne sur plusieurs années, favorables et défavorables », prévient Florence Léon.
Un atout contre le piétin échaudage
Outre la couverture du sol qu’elle procure, l’interculture courte offre bien d’autres bénéfices. Son système racinaire améliore la structure du sol et l’infiltration de l’eau. Les plantes piègent du carbone et l’azote en excédent qu’elles restituent à la culture suivante. Elles recyclent d’autres éléments minéraux et c’est une source de matière organique. Elles favorisent la biodiversité, contribuent à nourrir la vie du sol, etc. Elles permettent de cultiver et de valoriser de nouvelles espèces non présentes dans la rotation et de rompre le cycle des bioagresseurs. « Une culture intermédiaire courte en blé sur blé réduirait également le piétin échaudage, indique Jérôme Labreuche d’Arvalis. Le glucosinolate des crucifères aurait un effet toxique sur les champignons du sol. Dans les essais, nous avons mesuré un gain de 5 q/ha lorsqu’une moutarde a été semée entre deux blés avec présence de piétin échaudage. Ces résultats restent toutefois aléatoires. »