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Ils se forment à l’écoconduite pour réduire leurs charges

Un groupe d’agriculteurs de la Marne a participé en février 2016 à une formation sur l’écoconduite de matériel agricole. À l’heure où la chasse aux charges est ouverte, la démarche est pertinente : à la clé, de réelles économies de carburant.

Les transporteurs routiers se forment depuis longtemps à l’écoconduite. Pourquoi nous n’en ferions pas autant, nous les agriculteurs ? » Tel est le constat que fait en 2015 Mickael Jacquemin, agriculteur près de Vitry-le-François et initiateur d'une formation sur ce sujet. « À une période où la baisse des charges est plus que jamais recherchée, limiter sa consommation de carburant est un levier intéressant. Et suite à la COP21, réduire ses émissions a également du sens », explique l’agriculteur. Avec l’appui de la FDSEA de la Marne, un appel d’offres est lancé auprès de plusieurs organismes pour choisir celui qui assurera les formations auprès des agriculteurs et de leurs salariés. Le CFPPA (Centre de formation professionnelle et de promotion agricole) de l'Épine, dans la Marne, est retenu. Dès le mois de décembre, une session de deux jours est organisée pour neuf salariés d’exploitation. Fin février 2016, c’est au tour de six exploitants de venir apprendre à optimiser leur conduite du matériel agricole. Sur les deux journées, les matinées sont consacrées à la théorie : nouvelles technologies de motorisation, réglage du troisième point, répartition des masses avant, réglage de pression des pneumatiques... et les après-midi à la pratique. Chaque stagiaire vient avec son tracteur afin de pouvoir s'exercer sur un tracteur qu’il a l’habitude de piloter. Les résultats de chacun sont mesurés. Le premier jour, avant d’avoir reçu les conseils de conduite, chaque participant effectue un parcours défini de dix kilomètres avec le même tracteur et une benne. La quantité exacte de gazole consommée par chacun est enregistrée. Et le lendemain, une fois les consignes d’écoconduite enseignées, les stagiaires doivent refaire le même tour.

Sur le nombre d’heures annuelles, les économies peuvent être significatives

Une Go-pro (mini caméra), installée dans la cabine, permet de visualiser a posteriori les comportements non optimisés du conducteur ainsi que les indications du tableau de bord. Là encore la consommation est enregistrée. La comparaison entre les consommations avant et après enseignement est assez parlante. Des écarts de 2,5 à 6 % ont été relevés selon les participants. Les différences de consommation entre le « meilleur » conducteur et le « moins bon » sont de 5,63 litres à l’heure (l/h). Rapportées aux 1600 heures de traction (sur l’ensemble des tracteurs d’une exploitation locale), cet écart représente une surconsommation potentielle de 9000 litres de gazole non routier (GNR), soit plus de 5000 euros en considérant le litre à 60 centimes d’euro.

La formation permet de réapprendre les fondamentaux. Les six agriculteurs ont par exemple tous appris à conduire à l’oreille. « Plus on appuyait, plus on avait de puissance, se souvient Mickael Jacquemin. Aujourd’hui, avec l’électronique, c’est différent, les moteurs sont beaucoup plus coupleux. En écoconduite, le tracteur ne doit pas 'se balader'. Si c’est le cas, alors, il consomme trop. Il doit en avoir plein les genoux. » Pour bien comprendre et mieux visualiser la plage de régime sur laquelle le moteur offre le meilleur rapport couple-puissance, le formateur vient avec un banc d’essai moteur. Le tracteur de chacun des participants y passe donc. Couple et puissance sont étudiés pour connaître la plage optimale d’utilisation du tracteur. « C’est une démarche qui est toujours intéressante, confie Yannick Vasset, l’un des agriculteurs. Le fait de savoir à quel régime on a le meilleur couple aide à ne pas monter inutilement dans les tours. »

Le passage au banc d’essai pour mieux utiliser son tracteur

La comparaison entre les courbes puissance et couple obtenues au banc et celles fournies par le constructeur permet de s’assurer que le tracteur « va bien ». En effet le banc d’essai moteur décèle les éventuels dysfonctionnements du tracteur et donc limite le risque de pannes. Autre avantage, grâce aux réglages moteur et aux conseils sur les techniques de conduite à adopter en fonction de la technologie du moteur et des travaux à exécuter, le banc d'essai contribue eux aussi à réduire la consommation de carburant. Savoir analyser ces courbes est également utile au moment de choisir un nouveau tracteur, de façon à l'adapter parfaitement à son usage prévisionnel. C’est aussi ce qui permet, lors de l’achat, de choisir un tracteur un peu moins puissant que ce qui pouvait être imaginé au départ. Ces compétences n’ont pas forcément été enseignées à l’école, et même si certains ont pu recevoir des cours de mécanique, avec l’évolution récente des technologies de motorisation, il y a beaucoup à apprendre. Financièrement, que la formation soit destinée aux salariés ou bien aux exploitants, elle est éligible aux fonds Fafsea et Vivea. Tous sont venus avec comme motivation principale la réduction de charges, mais chacun est satisfait de l’approche globale des tracteurs qui a été faite. La formation devrait être proposée prochainement dans d’autres régions. Avis aux amateurs.

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