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INTERVIEW DE JEAN-DOMINIQUE GILET, FDGEDA DU CHER
« Il faut revisiter le tour de plaine »

Le tour de plaine est pratiqué par tous les conseillers de terrain, mais sa forme actuelle ne répond plus aux évolutions des conduites agronomiques.

Quel est l’objectif du tour de plaine tel qu’il se déroule habituellement ?

Partout en France, le tour de plaine est largement pratiqué avec quasiment toujours le même mode opératoire, transmis d’une génération de conseillers à l’autre. L’objectif est d’apporter un message technique et agronomique basé sur des observations de terrain, pour répondre à une problématique du moment. Il s’agit d’un conseil à chaud, ce qui oriente fortement vers les solutions phytosanitaires.

Quel est le rôle du conseiller et des agriculteurs ?

Le tour de plaine commence presque toujours par un point technique en salle ou sous un hangar. C’est un moment convivial, parfois autour d’un café, au cours duquel le conseiller intervient en tant qu’expert. Ce dernier explique ce qu’il a observé dernièrement et donne ses solutions techniques, sans remise en cause par les participants. Puis on va en plaine sur les parcelles de l’agriculteur qui reçoit. Le tour de plaine tourne d’une exploitation à l’autre, ce qui fait que les agriculteurs ne verront ces parcelles sans doute qu’une seule fois. Comme le rendez-vous est pris à l’avance, les parcelles visitées risquent d’être déconnectées de l’actualité. L’enquête de terrain est très réduite.

Pourquoi ce tour de plaine nécessite une rénovation ?

Les nouveaux enjeux autour de l’utilisation des produits phytosanitaires, la plus grande diversité des systèmes d’exploitation, une demande sociétale renforcée nécessitent une remise en cause du conseil. Une réponse à chaud sur la conduite des cultures ne suffit plus, d’autant que les pratiques actuelles ne donnent plus entièrement satisfaction, avec l’apparition croissante d’impasses techniques, notamment au niveau du désherbage dans nos régions intermédiaires. Il faut une vision plus large, intégrant au minimum le système de cultures et même le système d’exploitation dans son ensemble.

Concrètement, comment le faire évoluer ?

Il est nécessaire d’étendre le champ de l’enquête pour chacune des exploitations : son organisation, son environnement, le parcellaire, le temps de travail, la rotation… Cette réflexion doit être menée au cours de réunions d’hiver. Cela conduira à sélectionner des parcelles conduites selon différents systèmes d’exploitation que l’on ira observer en groupe au cours de la saison mais aussi en interculture, puis à se fixer des objectifs de résultats. L’enjeu est de générer une réflexion collective, une co-construction. La diversité des solutions techniques innovantes est telle que le conseiller ne peut détenir toutes les réponses à lui tout seul et que l’on ne peut plus les valider uniquement par des expérimentations avec répétitions. Il faut que le groupe s’appuie sur les expériences mises en oeuvre par les agriculteurs euxmêmes qui vont fournir des résultats avant que nos propres références soient établies, via l’expérimentation. C’est le cas par exemple pour les couverts intermédiaires, le désherbage mécanique, les mélanges de cultures ou encore les semis sous couverts.

Dans les groupes qui ont mis en oeuvre ces changements, quelle a été la perception de chacun ?

Ces changements modifient les relations humaines. Le rôle du conseiller est désacralisé, ce qui peut être perturbant, tant pour lui-même que pour les agriculteurs. En revanche, son rôle d’animateur est renforcé. Un groupe Dephy est entré dans cette démarche, avec satisfaction. J’ai présenté cette approche aux quarante présidents de groupes du département du Cher qui se sont montrés très ouverts. Globalement il y a une demande des agriculteurs.

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