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Fongicide/pommes de terre : l’anti-mildiou mancozèbe interdit en 2021

Fongicide utilisé depuis des lustres en pomme de terre entre autres, le mancozèbe a fait l’objet d’une décision d’interdiction par les instances européennes.

Près de la moitié des anti-mildiou homologués sur pomme de terre contiennent du mancozèbe. © V. Marmuse
Près de la moitié des anti-mildiou homologués sur pomme de terre contiennent du mancozèbe.
© V. Marmuse

Très utilisé sur pomme de terre entre autres, le mancozèbe sera interdit de commercialisation dès le 31 janvier 2021 mais son utilisation restera possible durant l’année avec un délai restant à fixer par chaque État, de façon à écouler les stocks restants des produits contenant cette matière active. La décision a été prise le 23 octobre par le Scopaff(1), comité en charge de ce type de décision pour l’Union Européenne. Cela faisait déjà plusieurs années que le mancozèbe était pointé du doigt pour son profil écotoxicologique peu favorable. L’agence européenne Efsa l’avait classé parmi les perturbateurs endocriniens en 2019 et la molécule faisait l’objet de restrictions d’emploi sur certaines productions comme la pomme de terre.

« Ce produit est classé comme cancérigène probable aux États-Unis depuis près de 30 ans et reconnu comme hautement toxique en Europe. Il aurait dû être hors circuit depuis longtemps », mentionnait il y a quelques semaines Éric Andrieu, député européen prônant l’interdiction du fongicide. Le député présente la molécule comme le troisième pesticide le plus utilisé en Europe, derrière le glyphosate et le prosulfocarbe.

Sur un tiers des traitements fongicides en pomme de terre

Le produit est en effet très employé en arboriculture fruitière, cultures légumières, productions florales, viticulture… En grandes cultures, son usage se limite quasiment à la pomme de terre(2) pour lutter contre le mildiou et l’alternaria. « La molécule entre dans la composition d’à peu près la moitié des fongicides et un tiers des traitements sont réalisés avec un produit contenant du mancozèbe, précise Loïc Lemeur, UNPT (Union nationale des producteurs de pommes de terre). Cette décision n’est pas une surprise pour notre organisation avec des indicateurs de profil écotoxicologique et environnemental qui ne laissaient pas beaucoup de place à l’espoir de voir maintenu cette substance active. »

La pomme de terre bénéficie d’une panoplie de fongicides assez étendue permettant une lutte efficace contre le mildiou. Avec le retrait du mancozèbe, ce n’est pas tant son efficacité anti-mildiou qui va manquer mais son rôle pour éviter les résistances de pathogènes grâce à son mode d’action multisites. Sur alternaria, une maladie secondaire en pomme de terre, le mancozèbe constitue en revanche une des rares molécules efficaces.

Déjà depuis quelques années, le mancozèbe était de moins en moins utilisé. Son retrait pourrait cependant se traduire par une augmentation du coût des programmes fongicides sur pomme de terre avec des produits solo présentant un prix modique. La molécule était déjà sur le marché dans les années 70 avec le produit Dithane. C’est l’heure de la retraite pour le mancozèbe.

(1) Comité permanent des végétaux, des animaux, des denrées alimentaires et de l’alimentation animale
(2) Aussi homologué en céréales mais très peu utilisé

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