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Agriculture et énergie
Des matières premières rares dans un environnement écologique et climatique qui se dégrade

Les marchés mondiaux des matières premières connaissent une révolution comparable à celle de 1974. Explications de Philippe Chalmin dans le rapport Cyclope 2006*.


« Nous sommes non seulement au coeur du troisième choc pétrolier, mais aussi au coeur d´un choc sur l´ensemble des marchés de commodités, qu´il s´agisse des commodités minières, métallurgiques, ou de services. Nous assistons, aujourd´hui, à une envolée du marché du blé qui montre que c´est probablement au tour des produits agricoles », explique l´économiste et historien Philippe Chalmin, coordinateur du rapport Cyclope. « Nous sommes à des niveaux de prix qui, grossièrement, sont le triple de ceux que nous avons atteints à la fin du XXe siècle(.). Nous vivons un véritable choc sur les marchés des commodités, comme nous n´en avions plus connu depuis le début des années 70. »
Philippe Chalmin, économiste et historien. « Nous vivons un véritable choc sur les marchés des commodités, comme nous n´en avions plus connu depuis le début des années 1970. » ©H. Garnier

La demande excède l´offre
L´émergence industrielle de l´Asie et, au premier chef de la Chine, explique en partie le choc actuel. « De 1986 à 2006, la Chine a connu une croissance économique moyenne de 10 % par an pratiquement sans à-coups (.). A partir des années 2000, elle est intervenue massivement à l´importation sur les marchés mondiaux de commodités, et « le phénomène chinois » est l´un des facteurs qui explique la flambée des prix à partir de 2003. »
Dans les années 90, tout ce qui devait marcher devait être « nouvelle économie ». La production de matières premières basiques ne présentait aucun intérêt. Plutôt que d´investir dans des capacités de production, des puits, des mines, des plantations, des navires, des usines, « on cherche désespérément à jouer dans la cour des dotcoms » (Ndlr : sociétés internet à très forte croissance). Si bien que les niveaux de prix record actuels pour de très nombreuses matières premières s´expliquent car « la demande excède l´offre ».
N´ayant pas investi dans les années 90, nous travaillons pratiquement à pleine capacité et sommes à la merci du moindre accident technique, climatique, social, politique.

Alors que nous rentrons dans le « nouveau paradigme de la rareté », de nombreuses questions restent en suspens. Vivons-nous aujourd´hui la fin du pétrole (la question du fameux peak oil) ? L´accroissement de la population mondiale implique un doublement de la production alimentaire, mais quid des surfaces agricoles de plus en plus limitées et du déficit en eau ? Ou encore, peut-on d´ores et déjà prédire une situation de contre-choc, à l´image de ce qui s´est passé avec la bulle spéculative internet entraînant le long krach boursier du printemps 2000 ? Cela n´est pas impossible, surtout si nous connaissions « une crise chinoise de l´ampleur de la crise asiatique de 1997 », répond Philippe Chalmin. Selon lui, « le mouvement actuel pourrait encore durer deux ou trois années supplémentaires, mais il faut ensuite s´attendre à un retournement sous le poids des investissements en cours. Ce raisonnement vaut en particulier dans le domaine minier et industriel. Car pour l´énergie et l´agriculture, se posera chaque jour un peu plus la question de la rareté dans un environnement écologique et climatique en nette dégradation ».
* Cyclope 2006 - Economica - 740 pages - Prix : 115 euros.

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