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TRAITEMENT DE SEMENCES
Déflecteur obligatoire pour tous les semis de maïs

Vous êtes producteurs de maïs, vous devez obligatoirement installer un déflecteur sur votre semoir si vous voulez l’utiliser au printemps prochain. Cette règle s’impose désormais pour toutes les semences enrobées.241

Encore une nouvelle péripétie dans le dossier des traitements de semences sur maïs. Par un arrêté du 13 avril 2010,modifiant l’arrêté « poussières » de 2009, le ministère de l’Agriculture a rendu obligatoire l’installation d’un déflecteur sur les semoirs à maïs pour tous les semis avec des semences traitées. L’an passé, cette obligation ne s’appliquait qu’aux semis de maïs utilisant des semences enrobées d’un insecticide, en l’occurrence le Cruiser (thiamethoxam) puisqu’il s’agissait de la seule molécule insecticide autorisée, ce qui a représenté un peu plus de 500 000 hectares. Mais au printemps 2011, ce sont les trois millions d’hectares de maïs, grain et ensilage, qui vont être concernés. Une autre paire de manches. À cette contrainte s’ajoute une interdiction de semer le maïs si la vitesse du vent est supérieure à 3 sur l’échelle de Beaufort au niveau du sol. Pas simple à vérifier…


UN INTÉRÊT POUR LES UTILISATEURS


Dès la publication de cet arrêté, Christophe Terrain, président de l’AGPM a envoyé un courrier à Bruno Le Maire lui faisant part de son incompréhension. « Nous devons constater que les trois principes que vous avez énoncés (NDLR: avant toute nouvelle mesure à caractère environnemental) n’ont pas été appliqués », ces trois principes étant de mesurer l’intérêt environnemental de la mesure, l’impact économique et la comparaison avec les mesures prises par les autres États membres. « Équiper la totalité des semoirs à maïs de déflecteurs pour la prochaine campagne apparaît déconnecté des réalités économiques que vivent les producteurs. Et la contrainte de vent sur les conditions de semis n’a jamais été évaluée », poursuit Christophe Terrain. Ce à quoi le ministre a répondu que « la réduction des émissions de poussières présente un intérêt majeur dans la démarche globale de réduction des risques, tant pour l’environnement que pour les utilisateurs eux-mêmes ».


Jusqu’alors l’argument de la santé au travail n’avait jamais été mis en avant : l’usage des déflecteurs avait pour seul but de préserver la santé des abeilles. Mais il est vrai que les producteurs de maïs qui se sont équipés l’an passé ont exprimé le fait qu’ils avaient ressenti un confort à ne plus réaliser les semis dans la poussière propulsée par la turbine du semoir.


LE CONSEIL D’ÉTAT CONFIRME L’ARRÊTÉ


L’AGPM a alors déposé une plainte au Conseil d’État le 20 juillet 2010 pour obtenir le retrait de l’arrêté, et dans le même temps a déposé un recours en urgence en demandant sa suspension pour les semis 2011. Mais le syndicat a été débouté le 17 septembre. Il reste au Conseil d’État de traiter la procédure sur le fond,mais cela peut prendre plusieurs années, ce qui fait que l’arrêté s’appliquera de toute façon au moment des semis 2011.


Pour l’heure, les textes réglementant les émissions de poussière au moment des semis émanaient exclusivement de l’État français et ne portaient que sur les semences de maïs. Mais la Commission européenne s’est elle aussi emparée du sujet. Une directive européenne datant du 12 mars 2010 a été publiée au Journal officiel de l’Union européenne et porte sur « des dispositions spécifiques relatives à la clothianidine (Poncho), au thiamethoxam (Cruiser), au fipronil (Régent) et à l’imidaclopride (Gaucho) ». Cette directive devait être transcrite en droit français au plus tard le 31 octobre 2010 pour une application au 1er novembre 2010. avec le respect d’un cahier des charges et d’un référentiel, qui est en voie de certification par le SOC (service officiel de contrôle des semences). Il sera aisé d’extrapoler ces décisions aux autres espèces. Faudra-t-il pour autant installer des déflecteurs sur tous les semoirs, y compris à transport de graines par gravité? À priori non car le problème de poussières n’est pas aussi problématique que sur les semoirs pneumatiques.Mais les services administratifs de l’État auront-ils ce raisonnement technique ? Nul ne sait.

C’est quoi un déflecteur ?


L’ARRÊTÉ DU 13 AVRIL 2010 dit qu’à compter du 1er janvier 2011, toute semence de maïs enrobée avec un produit phytosanitaire, quelle que soit sa fonction, nécessite la pose d’un déflecteur sur tout semoir monograine pneumatique à distribution par dépression. « On entend par déflecteur tout dispositif permettant de diriger le flux d’air de la turbine du semoir vers le sol à l’aide de tuyaux et à une hauteur au sol recommandée de 20 à 30 centimètres », précise le texte.

L’AGRICULTEUR A QUATRE POSSIBILITÉS pour installer un déflecteur. Olivier Borde, chef de marché protection des semences chez Syngenta, qui commercialise Cruiser 350, explique : « Soit il voit avec son concessionnaire pour commander un kit proposé par la marque de son semoir. Il lui en coûtera entre 200 et 300 euros. Soit il contacte son distributeur de semences qui a des accords avec des sociétés commercialisant des kits adaptables sur la majorité des semoirs. Le kit Syngenta est ainsi distribué par la société Mèrlett. Le coût varie entre 100 et 300 euros selon les modèles. L’agriculteur peut aussi faire appel à une Cuma équipée d’un semoir pneumatique avec déflecteur, ou enfin il le construit lui-même. Nous donnons la marche à suivre et les schémas sur notre site internet. »

Consulter www.syngenta-agro.fr, rubrique maïs


A QUOI CORRESPOND UN VENT INFÉRIEUR À 3 SUR L’ÉCHELLE DE BEAUFORT ?

Pas facile, quand on se trouve au beau milieu de la plaine de savoir si l’on aura le droit de semer ou pas. Que veut dire la force 3 sur l’échelle de Beaufort ?

L’échelle 3, vent de 12 à 19 kilomètres/ heure, est exprimée ainsi : « Petite brise, les drapeaux flottent bien, les feuilles sont sans cesse en mouvement. » Dans ce cas, vous avez le droit de semer.

L’échelle 4, vent de 20 à 28 kilomètres/ heure, dit « jolie brise, les poussières s’envolent, les petites branches plient ». Ah là ! il faut s’arrêter de semer. Arvalis a analysé sur vingt ans et sur cinq stations météo, quel est le risque statistique de dépasser l’échelle 3 pendant la période de semis. Cette mesure réduirait le nombre de jours disponibles de 6 % (Dax) à plus de 30 % (Niort et Rennes) selon les stations. En fait, toutes les mesures du vent sont effectuées à 10 mètres de haut. Or, l’arrêté parle de vent supérieur à 3 « au niveau du sol », ce qui atténue sans doute la portée de cette mesure. Mais cela met l’agriculteur dans une position très inconfortable vis-à-vis de la loi puisqu’il n’a aucun moyen de vérifier s’il la respecte.

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