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Système céréalier/Diversification
Dans le Cher, la vigne au secours des céréales sur une exploitation de 210 hectares

Il y a dix ans, Philippe Portier s´est diversifié dans la viticulture en s´appuyant sur sa production céréalière. Aujourd´hui, il travaille à restaurer la rentabilité de cette dernière.


«Mis en place il y a dix ans, notre atelier viticole atteint désormais son rythme de croisière. Financièrement, il prend le relais des céréales dont la rentabilité s´est malheureusement considérablement affaiblie. Aujourd´hui, en terme de produit brut, nos dix hectares de vignes sont équivalents à nos deux cents hectares de céréales. » C´est ainsi que Philippe Portier, céréalier-viticulteur établi dans la zone d´appellation du Quincy dans le Cher, dresse un rapide aperçu de son exploitation.
De la réussite de cette diversification dans la vigne, il a tiré de nombreux enseignements. Aujourd´hui, Philippe Portier et le groupe d´agriculteurs avec lequel il travaille, réfléchissent à la manière de les transposer à l´atelier céréales pour redresser sa rentabilité. Cette réussite tient essentiellement à un subtil dosage entre une organisation, des investissements collectifs et la préservation de l´indépendance de chaque exploitation.
En 1992, alors que les changements de la Pac modifiaient la donne pour les exploitations céréalières, Philippe Portier saisit l´opportunité de sa situation géographique pour s´investir avec deux autres agriculteurs dans la relance du vignoble de Quincy.
©E. Baratte


Investissements collectifs et indépendance
« Une exploitation de 70 hectares s´est trouvée à vendre dans la zone d´appellation. Nous avons créé un GFA regroupant tous les vignerons de Quincy, 22 exploitants au total. » Commence alors une démarche collective à trois puis à sept agriculteurs.
En 1991, premières plantations de vignes « sur nos plus mauvaises terres à blé puis sur nos terres du GFA » et investissement commun dans le matériel viticole.
En 1993-1994, le groupe s´élargit encore et décide la construction d´une cave : l´outil sera collectif mais la production de chacun sera individualisée. Sous un statut de société de service (SCA), la cave embauche un onologue, deux maîtres de chai, une secrétaire et du personnel spécialisé, soit plus de vingt salariés.
Dix ans plus tard, Philippe Portier produit 80 000 bouteilles vendues à la cave, à l´exportation dans une dizaine de pays et en proportion plus réduite par le biais d´agents qui couvrent le marché français. « Chacun reste propriétaire de son vin et assure sa commercialisation. »

Pendant ces dix années, « c´est l´activité grandes cultures qui a permis de lancer la viticulture, dont les premiers bénéfices ont systématiquement été réinvestis. Aujourd´hui, c´est la vigne qui assure le développement de l´entreprise. »
Pour autant, Philippe Portier continue de miser sur les grandes cultures. « Aujourd´hui, les grandes cultures dégagent tout juste 600 francs de l´hectare. Une rentabilité si faible n´est pas normale face aux capitaux investis et au temps que l´on y passe. Nous allons mener une réflexion cet hiver pour essayer de retrouver de la marge en rationalisant les coûts », annonce-t-il. Dans cette région de sols hétérogènes, l´objectif est d´aller vers l´agriculture de précision.

Regrouper les parcs matériels dans une Cuma
Second axe de travail, la mécanisation : réorganisation du parc et équipement en matériels permettant de moduler les intrants à l´intérieur des parcelles. « A cinq agriculteurs, nous exploitons 800 hectares de céréales. Nous allons travailler au regroupement de nos parcs de matériels, sans doute par le biais d´une Cuma. Mais notre principe de base reste de conserver l´indépendance de nos exploitations et la diversité des hommes », complète Philippe Portier qui insiste également sur l´importance de dégager du temps.
Actuellement, il produit une large part de ses céréales sous contrat. Multiplication de semences, orges de brasseries pour les malteries franco-suisses lui permettent « de limiter les risques et de jouer la sécurité à un prix moyen. J´ai une capacité de stockage de 10 000 quintaux pour assurer mes contrats. En revanche, je ne cherche pas à spéculer sur le meilleur moment de vendre. » Il a parfaitement intégré ce qu´il est convenu d´appeler les nouvelles demandes de la société : qualité, traçabilité, développement rural. S´il s´y est engagé, il n´en demeure pas moins lucide. Question valeur ajoutée, il ne peut s´empêcher de faire le parallèle avec l´activité viticole.

Sa conviction reste que les céréales et autres grandes cultures seront toujours avant tout considérées comme des matières premières. « La qualité s´impose mais ne sera jamais fortement rémunérée. Les démarches sont de plus en plus nombreuses et deviennent la nouvelle norme. »
Quant au développement rural, la contribution de ses activités à l´emploi local montre le rôle qu´il entend jouer en qualité d´agriculteur dans la société. « Sur le principe, je ne suis pas vraiment favorable à des aides pour la multifonctionnalité. Le développement rural et notre rôle environnemental devraient découler de l´activité agricole. Ils devraient donc être financés grâce à une rentabilité suffisante de nos exploitations. » C´est pourquoi, à 38 ans, Philippe Portier s´interroge sur le type de paysans que « l´on souhaite demain et sur la nouvelle génération ». Car « trop souvent les jeunes bien formés délaissent l´agriculture. Elle n´est plus attractive économiquement. »

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