Aller au contenu principal

Cultures de diversification : un nouvel outil coopératif en Anjou pour valoriser les graines sans gluten

La Coopérative agricole des Pays de la Loire a inauguré en septembre 2024, à Jumelles dans le Maine-et-Loire, un nouvel outil industriel baptisé Perles d’Anjou. Objectif : offrir un débouché et une valorisation pour les graines sans gluten produites par les agriculteurs de la région.

Christian Blet et Jérôme Lemasson, respectivement président et directeur de la Coopérative agricole du Pays de la Loire devant l'usine Perles d'Anjou à Jumelles dans le Maine-et-Loire
Christian Blet et Jérôme Lemasson, respectivement président et directeur de la Coopérative agricole du Pays de la Loire devant le site Perles d'Anjou. L'usine inaugurée en septembre a la capacité de traiter 25 000 tonnes de graines sans gluten en bio et en conventionnel.
© T. Goussin

« Les agriculteurs ont besoin de diversifications valorisantes, vers l’alimentation humaine ». C’est ce qu’affirme Christian Blet, président de la Coopérative agricole des Pays de la Loire (CAPL) et agriculteur dans le Saumurois, alors que la coopérative a inauguré en septembre 2024 un nouvel outil pour valoriser les graines sans gluten baptisé Perles d’Anjou. Le site est situé à Jumelles, dans le Maine-et-Loire.

Un nouveau site industriel pour travailler le quinoa, les lentilles, les pois chiches…

Le site industriel assure la réception, le séchage, le triage, le décorticage, le stockage et l’emballage d’un éventail de neuf graines protéinées, en conventionnel comme en bio. Les principales productions en volumes sont le quinoa, dont l’Anjou est le premier bassin français de production, les lentilles et les pois chiches, mais Perles d’Anjou traite également millet, lin, œillette, sorgho, chia et sarrasin. Cet investissement a été acté en 2019 par la coopérative. « L’enjeu était de nous doter d’un outil en adéquation avec le développement de ces cultures et qui répond aux exigences de qualité de l’agroalimentaire », analyse Christian Blet.

Le site Perles d’Anjou représente un investissement global de 16,3 millions d’euros

Bâti sur un terrain de 7 hectares, l’outil se substitue à celui de Brissac (49), qui garde sa fonction de stockage. L’investissement global se monte à 16,3 millions d’euros (M€), dont 6 M€ en machines de haute technologie. La nouvelle ligne de tri n’aurait pas d’équivalent en Europe, selon la coopérative. Les grains passent par plus de dix étapes de traitement : analyse, nettoyage, séparation, épierrement, concentration, tamisage… et, si nécessaire, polissage et décorticage. Avec deux lignes de tri, celle de Brissac sera rapatriée en 2025, la capacité de traitement va passer de 1 à 4 tonnes (t) de graines à l’heure. Pour cette première campagne agricole, 7 500 t ont été apportées par les adhérents de la CAPL. Un tonnage qui pourra monter à 10 000 – 12 000 t en interne, mais l’outil, d’une capacité de 25 000 t en 3X8, a vocation à s’ouvrir à d’autres acteurs.

Une diversification de cultures bienvenue pour les producteurs

Ces productions représentent aujourd’hui 9 % des surfaces de la coopérative, soit 7 000 à 8 000 ha. Alors que le marché des graines sans gluten destinées à l’alimentation humaine a progressé de 20 % sur les cinq dernières années, la part des surfaces dédiées pourrait atteindre les 15 à 20 % à moyen terme. Sur les 1 500 adhérents apporteurs de céréales, un tiers travaille une ou plusieurs de ces graines. Pour expliquer cet engouement, Christian Blet note que « la production des graines Perles d’Anjou est une solution de diversification pour l’assolement et l’amélioration de la vie des sols. Elle permet de réduire les risques financiers des monocultures pour l’agriculteur, et aussi de pratiquer une agriculture raisonnée, tout en ayant la sécurité d’avoir des débouchés pour un produit de qualité ».

 

 
%agr
Initiée en 2008 à la CAPL, la filière quinoa d'Anjou représente 90 % des volumes français. © T. Goussin

La marge brute par hectare de quinoa équivaut celle d’un hectare de blé tendre filière CRC

L’exemple d’Antoine Roveyaz, qui exploite 220 hectares à Chemiré-le-Gaudin (72), principalement du blé et du maïs, illustre ces propos. Il a démarré le quinoa il y a cinq ans. « Cette culture exige moins d’interventions et moins de dépendance aux phytosanitaires », estime-t-il. Le quinoa, planté dans des terres sableuses à faible potentiel et sur une ferme sans irrigation, présente aussi un intérêt dans sa rotation. En diminuant la fréquence et le coût des interventions par rapport à un blé, l’agriculteur sarthois peut « étaler le travail et retrouver une culture à marge ». La CAPL propose à ses adhérents producteurs de quinoa un contrat annuel, avec un prix et un débouché garantis. « La marge brute par hectare de quinoa équivaut celle d’un hectare de blé tendre filière CRC en moyenne sur cinq ans », indique Christian Blet.

Des nouveaux marchés et une valeur ajoutée supplémentaire pour les producteurs

L’outil Perles d’Anjou apportera-t-il une valeur ajoutée supplémentaire aux agriculteurs producteurs de ces graines ? La pureté garantie à 99,9 %, la capacité de stockage accrue, et les nouveaux marchés offerts par les opérations de finition pourraient y contribuer. La décortiqueuse va permettre le traitement des lentilles corail, dont les premiers semis seront effectués en mars 2025. La polisseuse permet, elle, la commercialisation de quinoa à cuisson rapide. « J’espère qu’à terme on pourra encore mieux valoriser », appuie Antoine Roveyaz, qui ne minimise pas les risques et contraintes liés à la culture du quinoa.

Le semis de quinoa (10 kg de semences à l’hectare) nécessite un printemps pas trop pluvieux et la récolte d’été une fenêtre sèche. Principal écueil de la culture, elle ne dispose d’aucun produit phytosanitaire homologué. Du fait des mauvaises herbes, Antoine Roveyaz n’a par exemple pu récolter que 10 ha sur les 13 semés. Autre menace, le datura. « On devait moissonner tôt, on n’a pas pu et la pluie a fait lever du datura partout », relève l’agriculteur sarthois. Enfin, l’absence d’eau et la chaleur, qui stressent la plante peuvent jouer sur le rendement et la taille des graines. Christian Blet annonce pour sa récolte 2024 de quinoa un rendement net par hectare de 1,45 t, légèrement en deçà de la moyenne à la coopérative (1,7 t). Pour le président de la CAPL, Perles d’Anjou offre aux adhérents l’opportunité de diversifier les graines produites en fonction des caractéristiques de leur terroir. « D’autres cultures sont dans les cartons. Nous avons la capacité à transformer des essais à l’échelle industrielle », conclut Christian Blet.

Les plus lus

<em class="placeholder">Alexandre Smessaert, agriculteur à Roy-Boissy dans l’Oise</em>
Semis de colza à la volée : « La technique m’a fait économiser en temps de travaux et carburant sur mon exploitation dans l'Oise, mais elle reste à améliorer »

Intéressé par les techniques innovantes, Alexandre Smessaert, agriculteur à Roy-Boissy dans l’Oise, a testé le semis de colza…

<em class="placeholder">Matthieu Kohler, agriculteur à Sélestat (67) :« Ma priorité numéro 1 avec l&#039;épandage de produits résiduaires organiques est l&#039;enrichissement de mes sols en matière ...</em>
En Alsace, « j’économise plus de 100 €/ha sur les parcelles qui reçoivent des produits résiduaires organiques »

À Sélestat, en Alsace, chez Matthieu Kohler, une trentaine d’hectares reçoit chaque année des épandages de différents produits…

<em class="placeholder">Agriculteur déchargeant un sac d&#039;engrais dans son épandeur à engrais.</em>
L’Europe valide la taxation des engrais russes jusqu'à 430 €/t en 2028

Ce 22 mai 2025, le Parlement européen a approuvé l’augmentation progressive, à partir du 1er juillet 2025, des taxes…

<em class="placeholder">Jérôme Noirez, agriculteur et gérant au sein de la SEP Poinsirez à Arraincourt, en Moselle, pratique l’agriculture de conservation des sols</em>
En Moselle, « nous gérons le couvert d’interculture courte entre deux céréales comme une culture à part entière »

Jérôme Noirez, gérant au sein de la SEP Poinsirez à Arraincourt, en Moselle, pratique l’agriculture de conservation des sols.…

<em class="placeholder">Moisson des céréales. Moissonneuses-batteuses Claas dans une parcelle d&#039;orge dans la plaine céréalière de la Marne. chantier de récolte des orges avec des rendements ...</em>
Moisson 2025 : quels impacts du pic de chaleur actuel sur les céréales à paille ?

Des températures qui dépassent les 30 degrés, une absence de pluies depuis plusieurs semaines…, des inquiétudes pointent dans…

<em class="placeholder">Parcelle de blé tendre dans le nord de la France.</em>
Sécheresse dans la moitié Nord : les cultures d'hiver ont besoin de pluies pour atteindre des rendements « dans la moyenne »

Peu de maladies, des cultures d’hiver globalement belles, les récoltes s’annoncent dans la moyenne. Peut-être le temps…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Grandes Cultures
Consultez les revues Réussir Grandes Cultures au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Grandes Cultures