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Colza et fertilisation : un apport systématique de soufre est indispensable

Comme toutes les crucifères, le colza est exigeant en soufre. Pour éviter les carences, les différents essais menés montrent qu’un apport systématique de cet élément, sous forme minérale et/ou organique, est nécessaire.

Une carence en soufre se caractérise notamment par un jaunissement internervaire à l’origine d’une perte de rendement.
Une carence en soufre se caractérise notamment par un jaunissement internervaire à l’origine d’une perte de rendement.
© Terres Inovia

Le colza fait partie des plantes exigeantes en soufre (SO3) : on estime ses besoins à 200 kg par hectare et par an (ha/an). Plus précisément, le colza absorbe 5,5 kg de SO3 par quintal de grains qu’il produit (1). Terres Inovia préconise un apport systématique, et sécuritaire pour compléter les fournitures de soufre par le sol et ainsi garantir la couverture des besoins des plantes. « Les résultats d’essais conduits dans les années 1990 montrent qu’un apport de 75 kg de SO3/ha permet un gain de rendement de 3,4 q/ha en moyenne, avec un maximum observé de 12 q/ha, en comparaison à un témoin sans apport, indique Luc Champolivier, chargé d’études chez Terres Inovia. Les conséquences d’une carence sur le rendement sont trop importantes pour prendre le risque de ne pas apporter de soufre. »

Avant de procéder à un apport soufré, il convient de prendre en compte les quantités déjà présentes dans le sol. De manière naturelle, l’humus du sol contient beaucoup de soufre organique, 700 à 7 000 kg de SO3/ha, mais celui-ci n’est pas directement disponible et assimilable en l’état par la plante. Il doit subir des étapes de minéralisation pour être absorbable, sous la forme d’ion sulfate, SO42-. Généralement, cette forme assimilable est disponible en faible quantité et de manière variable dans le temps. Tout dépend de l’efficacité du processus de minéralisation du sol et de la capacité d’enracinement de la plante. « Le soufre est un élément très lessivable, avance Luc Champolivier. Plus les racines sont développées et mieux la plante valorise la quantité de soufre assimilable dans le sol dès l’automne, limitant ainsi les pertes par lixiviation. Ces dernières sont estimées de 10 à 80 kg/ha/an et sont d’autant plus fortes que le cumul de pluie est important (supérieur à 350 mm) pendant les quatre mois d’hiver. »

 

 
Le soufre dans l’air ou le sol est disponible sous plusieurs formes mais seul l’ion sulfate SO42- est assimilable par la plante. © Terres Inovia

 

L’apport régulier de produits organiques peut limiter les carences

Les produits résiduaires organiques (PRO), épandus avant le semis du colza, apportent aussi du soufre dans le sol. Selon leur nature, la quantité de SO3 directement disponible est souvent très faible et variable, souvent inférieure à 10 kg/ha de SO3. À titre d’exemple, les effluents organiques issus des élevages bovins laitiers fournissent 16,65 kg de SO3/animal/an contre 0,07 kg de SO3/animal/an pour des effluents de volaille (2). « Les parcelles avec un apport régulier de PRO sont potentiellement moins exposées à la carence. Dans ces cas-là, nous conseillons de réduire la dose d’apport de soufre minéral de 20 à 30 kg SO3/ha », indique Luc Champolivier. Il prévient néanmoins : « compte tenu de la lixiviation et de la minéralisation faible du sol durant l’hiver, il y a toujours un risque de carence malgré l’apport de PRO. »

Autre source de soufre à prendre en compte avant d’en apporter en complément dans le sol : la déposition atmosphérique (5 à 8 kg de SO3/ha/an) et les résidus de récolte (20 à 90 kg de SO3/ha/an).

Le soufre est la locomotive de l’azote

Malgré cette présence de soufre, un apport complémentaire s’avère donc indispensable pour subvenir aux besoins de la plante. L’idéal est de coupler l’apport de soufre à celui de l’azote au printemps, au stade de reprise de végétation (C2). « Cette période correspond au moment où l’absorption journalière de soufre devient très importante, précise Luc Champolivier. Le sol, pas complètement réchauffé, minéralise encore lentement et ne peut pas fournir à lui seul les besoins de la culture. » Autre aspect important qui justifie un couplage des apports azotés et soufrés : dans le métabolisme de la plante, l’azote et le soufre sont dépendants l’un de l’autre. Ainsi, pour que le colza valorise au mieux l’azote, un équilibre entre les deux éléments est nécessaire à raison d’une unité de soufre pour cinq unités d’azote.

Par ailleurs, dans ses essais, Terres Inovia a observé que la forme sulfate (type sulfate d’ammoniaque qui contient du SO42-, rapidement assimilable) apporte toujours un gain de rendement supérieur à un apport de soufre sous sa forme élémentaire (S). Cette dernière nécessite au préalable une oxydation par l’activité microbienne du sol pour être assimilable par les plantes.

Il existe un large éventail de choix d’engrais azotés soufrés, avec des dosages différents, pour lesquels il convient de trouver le meilleur compromis technique et économique.

Le point sur | Fertilisation : le bore, essentiel pour plusieurs cultures, dont le tournesol et le colza
(1) 1 unité de SO3 = 2,5 unités de soufre élémentaire (S).
(2) Source : Jorgen Eriksen, chercheur danois.

Une carence en soufre se manifeste par des décolorations

Une carence avérée en soufre se traduit par une moindre croissance du colza, un nombre de graines/m² plus faible, une teneur en huile réduite de trois points en moyenne… Visuellement, la plante présente des caractéristiques spécifiques qui s’observent le plus souvent au printemps, au moment où la demande en soufre est la plus forte. Les feuilles présentent une décoloration internervaire, les pétales sont blanchâtres et les siliques avortent. Attention toutefois à ne pas confondre ces symptômes avec une carence en azote ou de la phytotoxicité. Le diagnostic peut être confirmé par une analyse de feuilles. Dans cette situation de carence, la productivité de la crucifère peut perdre jusqu’à 10 voire 20 q/ha. Un rattrapage est possible jusqu’au début de la floraison du colza. Dans ce cas, il convient d’apporter 100 kg/ha de sulfate d’ammonium, dilués dans 500 litres d’eau pour éviter les risques de brûlures.

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