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Fertilisants
Changer les pratiques pour diminuer les nitrates

Dans le sud de l´Eure, les agriculteurs se sont mobilisés pour lutter contre les nitrates. En 10 ans, ils ont fait évoluer leurs pratiques. Leur image auprès de la population a changé.


« Ici on respecte l´eau », tel est le slogan de l´opération Ferti-Mieux Vallée d´Avre, dans l´Eure qui a débuté en 1992. « Dans les années 1990, le contexte n´était pas très bon pour nous, les agriculteurs. Nous étions considérés comme des pollueurs de nappe phréatique. A l´époque, il y a eu un véritable battage médiatique. Nous étions sans arrêt montrés du doigt », explique Bruno Leroy, président du comité de pilotage Vallée d´Avre. « Nous commencions à avoir des complexes. Ferti-Mieux est une opération qui nous a permis d´améliorer nos pratiques vis-à-vis de l´azote et de communiquer auprès du grand public. Cette action était réellement urgente car dans le sud de l´Eure, les taux de nitrates dépassent souvent le seuil admis de 50 milligrammes par litre d´eau », précise-t-il.
Depuis 1992, les agriculteurs de la Vallée d´Avre se mobilisent pour préserver la qualité de l´eau. Pour cela ils sont épaulés et conseillés par la Chambre d´agriculture de l´Eure. Odile Tauvel, ingénieur agronome assure l´animation et la coordination du comité de pilotage, ainsi que le suivi de l´opération auprès des agriculteurs.

Des pratiques agricoles qui ont vraiment évolué
« Dans un premier temps, l´objectif de l´opération était d´informer les agriculteurs des mécanismes de pollution et des risques liés à certaines pratiques. Ensuite, nous leur avons proposé des pratiques plus adaptées pour limiter les pertes d´azote d´origine agricole. Désormais, notre démarche consiste à les accompagner dans l´application durable de ces pratiques » explique-t-elle. Parallèlement, l´opération permet de communiquer avec l´ensemble de la population, de lui faire connaître les spécificités de l´activité agricole et les efforts réalisés par les agriculteurs.
Les 220 agriculteurs du canton de Verneuil sont concernés par l´opération. En douze ans, ils ont vraiment fait évoluer leurs pratiques. « Pourtant le dossier azote n´est pas simple. Pour la culture de blé, l´accent est souvent mis sur le taux de protéines. Or pour avoir un bon taux de protéines, il faut de l´azote. Il est nécessaire d´apporter la bonne dose au bon moment. Pour cela, nous avons conseillé aux agriculteurs différentes démarches » explique Odile Tauvel. Ainsi en 2002, ils sont plus de 82 % à utiliser la méthode du bilan azotée. Ils n´étaient que 20 % en 1992. De plus, 63 % font des mesures de reliquats sortie hiver (RSH) contre 14 % en 1992. Les méthodes d´ajustement telles que Ramsès ou Jubil sont également utilisées par 55 % des agriculteurs pour piloter au mieux la fertilisation.
Les résultats ne devraient pas tarder à tomber
« En 1992, 60 % des agriculteurs avaient une stratégie de fractionnement en deux apports, alors qu´actuellement cette stratégie est marginale. On est passé à trois apports. Il y a même 37 % des agriculteurs qui ont une stratégie d´au moins quatre apports », poursuit Odile Tauvel.
Concernant le colza, en dix ans, les apports sont passés de 200 à 180 unités d´azote. Par ailleurs, près de 20 % des sols nus l´hiver sont couverts avec de la moutarde. Avec 90 % des surfaces déjà semées à l´automne, il est difficile d´agir mieux au niveau de la couverture du sol l´hiver.
La majorité des actions de modifications des pratiques ont eu lieu après 1996. Le temps de réaction de la nappe étant évalué à dix ans, il faut attendre 2006 pour parler de constat réel. « Pour l´instant, on a encore du mal à descendre sous la barre des 50 milligrammes par litre. Et puis nous sommes sur des systèmes de culture où le point d´équilibre est peut-être au-dessus de 50 milligrammes par litre », s´interroge Odile Tauvel. « Nous sommes cependant satisfaits car nous avons réussi à mobiliser les agriculteurs de façon volontaire. De plus, notre image à vraiment changé. Nous avons fait beaucoup de communication autour de cette démarche et c´est payant. Les gens savent qu´il y a des nitrates mais ils ont conscience aussi que nous faisons tout pour les diminuer », complète Bruno Leroy. Reste à espérer qu´en 2006, une baisse significative des nitrates soit observée pour conforter les agriculteurs dans leur démarche et démontrer que les efforts sont payants.

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