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« Grâce aux robots, je me recentre sur mon troupeau »

En Mayenne, Fabien Lepoder est équipé de deux robots de traite et d’un robot d’alimentation. Ces installations lui permettent de reporter son temps vers d’autres tâches comme la reproduction ou le parage.

En quinze ans, l’EARL Vilhermay est passée de 3 UTH et 400 000 litres de lait à 1,5 UTH et 1,4 million de litres. Pour assumer la charge de travail, Fabien Lepoder a fait le choix, lorsque ses parents sont partis à la retraite, d’installer un robot de traite. « La salle de traite avait 32 ans et il fallait remplacer deux associés. Avant de m’installer, je travaillais au contrôle laitier. La robotique était quelque chose que j’avais en tête, car j’avais vu que cela fonctionnait bien dans d’autres exploitations », rapporte l’éleveur, qui décide de sauter le pas en 2010.

Il met en route son premier robot avec 42 vaches. « Un an avant, j’avais réaménagé une aire paillée en logettes. » En 2019, après le départ d’un salarié, « je me suis vraiment retrouvé tout seul. J’ai opté pour un robot d’alimentation. L’exploitation s’y prêtait bien, car le terrain est plat. La cuisine est installée dans un ancien bâtiment à fourrage, j’ai bétonné les aires de circulation ».

Le producteur confie le remplissage de la cuisine du robot d’alimentation à son salarié, employé le lundi et le vendredi. Il passe deux heures et trente minutes pour préparer les ingrédients qui composent les rations des laitières, des taries et des génisses pour trois ou quatre jours.

Fiche élevage

EARL Vilhermay

1 éleveur, et 1 salarié deux jours par semaine + 1 week-end par mois

110 vaches à plus de 40 kg de lait

1,4 million de litres de lait

2 robots de traite

1 robot d’alimentation

Faire face au manque de main-d’œuvre

Ces dernières années, Fabien Lepoder a augmenté régulièrement son cheptel, jusqu’à traire près de 80 vaches avec une seule stalle. Alors en février 2024, il met en route un second robot de traite.

« J’avais anticipé la maçonnerie, les passages de gaines, etc., quand j’ai installé le premier robot de traite. J’ai acheté le second d’occasion, de la même génération que le premier. » Aujourd’hui, avec 110 laitières, « je ne suis pas encore à l’effectif maximum. Mais j’ai très peu de vaches en retard à passer ».

D’autres économies grâce au temps gagné

« En semaine, quand je n’ai pas de vêlage, je compte deux heures d’astreinte pour la gestion des quelques vaches en retard, nettoyer les logettes et les robots. Dès que j’ai une période de vêlages, le temps d’astreinte des veaux augmente pendant les deux premières semaines. Ensuite, ils sont nourris au DAL. »

Depuis qu’il délègue la traite et l’alimentation aux robots, « quasiment à 100 % », Fabien Lepoder a reporté son temps pour inséminer les vaches lui-même et les parer. « J’ai acheté une cage de parage. Le vendredi, quand je sors un lot à tarir, je fais les parages. » Sur ce poste, il estime économiser « une enveloppe de 4 000 à 5 000 euros par an ». Quant au fait d’inséminer les vaches lui-même, Fabien Lepoder chiffre un gain de « 3 à 4 euros pour 1 000 litres ».

Une marge sur coût alimentaire de 11 ou 12 €/VL/j

Avec les robots, « je maîtrise l’alimentation au kilo près en fonction de nombre de litres de lait produits. Je suis précis sur le plan de l’efficience alimentaire. Aujourd’hui, ma marge sur coût alimentaire se situe entre 11 et 12 euros par vache par jour. C’est ce que je vise toute l’année. Elle a évolué favorablement grâce aux robots. Mais aussi parce que j’ai augmenté le nombre de kilos de lait par vache, que le prix du lait est meilleur et que je distribue des fourrages de qualité. La machine aide à être performant, mais il y a aussi comment on la pilote ».

Selon lui, le robot est un « multiplicateur de compétences. J’ai arrêté le suivi au contrôle de performances, car je consulte les données du robot matin et soir. J’y passe une dizaine de minutes. Je renseigne les prix des fourrages et des concentrés, je regarde les historiques des vaches et je vais chercher où rectifier les paramètres pour garder mon objectif de marge sur coût alimentaire. J’ai toujours un conseil nutritionniste et économique de quatre visites par an. Il faut être bien formé pour utiliser la robotique, mais il ne faut pas avoir peur de la technologie, ni d’investir tout seul. Aujourd’hui, je ne regrette pas mes choix, car je suis à l’aise dans mon système ».

Chiffres clés des robots

150 000 € de coût d'achat du premier robot de traite

57 000 € de coût d'achat du second robot de traite d’occasion

150 000 € de coût d'achat du robot d’alimentation + 100 000 € de travaux annexes (aires bétonnées et construction de deux silos)

10 000 € de maintenance par an pour les robots de traite en forfait

4 000 € de maintenance par an pour le robot d’alimentation

1 500 € d’électricité par mois (en plus d’une installation de 30kWh de panneaux photovoltaïques)

De plus en plus incontournables mais coûteux

 

 
robot Delaval en service avril 2013
La robotique s'est considérablement développée ces dernières années, et le potentiel de croissance est encore très important. © Réussir SA

« Le retour sur investissement, on ne le calcule jamais en élevage, plante Alice Berchoux, d’Idele. Or, quand on investit, il faut que l’on s’y retrouve économiquement. » Quand il s’agit de robots, les gains de rentabilité ne sont pas forcément au rendez-vous. En intégrant l’économie de temps de travail, « c’est plus acceptable, mais à condition d’être bien sûr que l’on gagne du temps de main-d’œuvre », prévient la conseillère.

Le Cniel et Idele, dans le cadre d’un dossier Évaluer la rentabilité des investissements en élevages laitiers, disponible sur le site cniel-infos.com, ont calculé le coût du temps gagné grâce à la robotique, c'est-à-dire combien coûte l’heure de travail économisée.

À partir de cas types, il ressort que d’un point de vue strictement financier, les cas où le robot de traite est plus rentable que l’embauche de main-d’œuvre semblent relativement réduits. Pour le robot d’alimentation, le coût du temps gagné est relativement bas, inférieur au coût horaire d’un salarié, ce qui donnerait en théorie la préférence à l’équipement en cas d’arbitrage entre embauche et robotisation.

Ces investissements sont aussi à mettre en perspective avec les conditions de travail, dont le bénéfice n’est pas chiffrable économiquement.

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