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Gibier : faites cofinancer la clôture de vos parcelles de vigne

Dans plusieurs départements, les fédérations de chasse proposent des conseils et des aides financières pour l’achat de clôtures. Les modalités diffèrent selon les départements. Exemples en Côte-d’Or et dans les Pyrénées-Orientales.

Tout comme les viticulteurs, les chasseurs ont intérêt à minimiser les dégâts de gibier. En effet, d’après le Code de l’environnement, les fédérations de chasse sont tenues d’indemniser les dégâts du gibier sur les cultures. Selon la Fédération nationale des chasseurs, ces sommes ont dépassé 60 millions d’euros en 2022. La première culture concernée est le maïs, avec près de la moitié des indemnisations. Mais la vigne n’est pas épargnée : depuis dix ans, les indemnisations viticoles varient entre 0,7 et 1,8 million d’euros par an, pour la destruction annuelle de 1 000 à 3 000 tonnes de raisin.

Malgré plus de 860 000 prélèvements pour la saison 2023-2024 (+ 9 % par rapport à 2022-2023, source : Office français de la biodiversité), les populations de sangliers, en nette augmentation en France, sont responsables de la grande majorité des dégâts indemnisés sur vigne (voir graphique).

Des clôtures électriques en prêt

C’est pourquoi, bien que la réglementation ne les y oblige pas (1), des fédérations départementales de chasseurs (FDC) proposent de mettre gratuitement des clôtures à disposition des viticulteurs qui en font la demande. En Côte-d’Or, ce système existe depuis une dizaine d’années. Le prêt de clôtures électriques est régi par une convention tripartite avec les viticulteurs et les sociétés de chasse locales. Tout exploitant agricole ou viticole peut effectuer une demande à la Fédération des chasseurs. « En 2024, nous avons conventionné 704 km de clôture avec 230 exploitants, la majorité en location », indique Jean-Luc Joblon, directeur de la fédération.

Batteries, piquets, fils… la FDC 21 tient un stock de matériel à disposition. Une fois la convention signée, les viticulteurs et les chasseurs locaux se concertent pour la pose et l’entretien. La FDC 21 verse une indemnité de 100 euros par km et par an pour l’entretien de la clôture. « Une clôture reste un dispositif poreux, l’efficacité n’est jamais totale. Mais elle fonctionne très bien sous réserve qu’elle soit bien installée. Pour cela, il faut une bonne collaboration entre les parties », insiste le directeur pour qui « la meilleure prévention des dégâts reste la chasse, y compris dans les vignes, pour maîtriser le niveau des populations. Ce qui nécessite que le propriétaire autorise la chasse sur sa propriété ».

Dans ce département, une autre possibilité existe depuis 2018 : l’achat de matériel neuf subventionné à hauteur de 50 % du prix d’achat. L’acquisition peut être effectuée par un agriculteur, un chasseur ou une société de chasse. La subvention est réservée aux adhérents de la FDC 21. Depuis le début de la mesure, l’achat de 993 km de clôtures a été subventionné, soit environ 100 km par an. « Avec cette solution, les personnes disposent du matériel chez elles et peuvent l’utiliser où elles le souhaitent, dès qu’elles le souhaitent », souligne Jean-Luc Joblon. Généralement, les dégâts se produisent à deux périodes : au printemps, avec les chevreuils qui mangent les bourgeons et à la vendange, avec les sangliers qui prélèvent des raisins et « labourent » les rangs en fouissant.

Une aide à l’achat de clôtures électriques ou pérennes

Les Pyrénées-Orientales font partie des départements où une aide est attribuée à l’achat de clôtures électriques ou pérennes. « Nous préférons aider les agriculteurs à investir dans des moyens de prévention des dégâts plutôt que de payer des indemnisations », déclare Jean-Roch Cazals, le directeur de la Fédération départementale des chasseurs (FDC 66).

La FDC 66 accompagne l’aide financière par un appui technique pour maximiser l’efficacité des clôtures : électriques trois fils, grillage ou treillis soudé… « L’essentiel est que le dispositif soit adapté et résiste à l’impact du gibier à long terme », résume Christian Bernard, technicien de la FDC 66. L’aide est de 50 % du prix d’achat, avec un plafond à 5 000 euros par dossier, sur présentation des factures de matériel. La FDC 66 est dépositaire des Ets Herbin et fait bénéficier les viticulteurs de son tarif préférentiel. La pose se fait par les viticulteurs qui peuvent se faire aider par l’association locale de chasse. « La parcelle protégée par une clôture pérenne prend de la valeur et l’exploitant gagne en tranquillité d’esprit », assure le directeur.

Petit à petit, les points sensibles du département sont équipés, par exemple, les vignes situées en bordure de garrigue. Depuis 2018, plus de 200 îlots de culture ont été clôturés, soit 708 hectares pour 142 km de linéaire. « L’objectif n’est pas de clôturer toutes les vignes du département mais d’apporter une solution dans les endroits les plus exposés. Le reste se règlera par le dialogue, en intervenant au bon endroit et au bon moment. C’est pourquoi nous nous devons d’être réactifs en cas de problème », estime Jean-Roch Cazals.

(1) Un arrêt de la Cour de cassation de 2022 a statué que les fédérations de chasseurs devaient gérer la prévention des dégâts mais sans que cela n’entraîne une prise en charge automatique des investissements.

 

 
<em class="placeholder">Graphique : Le sanglier, principal fauteur de troublesRépartition des dégâts indemnisés sur vigne, selon le type de gibier</em>
Graphique : Le sanglier, principal fauteur de troublesRépartition des dégâts indemnisés sur vigne, selon le type de gibier © Source : FNC

voir plus loin

Les couverts végétaux dans les vignes impactent-ils la fréquentation par la faune sauvage et les dégâts ? Face au manque de données sur cette question, la FDC 17 envisage de conduire un essai, avec suivi de la faune, dans une parcelle avec et sans couverts, indique Franck Thomas, technicien cynégétique à la FDC 17. Dans la région, plutôt que des barrières électriques contre les chevreuils, les spécialistes préconisent « la pulvérisation de Trico, un répulsif à base de graisse de mouton, efficace, à condition de renouveler l’application en cas de pluie », poursuit Franck Thomas. Le coût est partiellement pris en charge par la FDC 17, avec un plafond annuel par viticulteur.

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