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Gain de performances avec l’alimentation de précision : 3 témoignages en élevage de porc

En répondant mieux aux besoins individuels des animaux, l’alimentation de précision est source de performances technico-économiques mais aussi environnementales, comme en témoignent ces trois retours d’expérience en élevage, présentés lors du forum technique du groupement Eureden.

1. Plus de sevrés grâce à une ration individuelle en maternité

À la SCEA Le Closset, à Jugon-les-Lacs dans les Côtes-d’Armor, la remise à plat des pratiques alimentaires des truies a eu pour effet une amélioration importante des résultats GTTT, avec un gain de 0,64 porcelet nés vifs en deux ans (16,31 par portée), de 1,71 porcelet sevré à 21 jours (14,35) et une baisse des pertes sur nés vivants de 19,3 à 12 %. « Ce résultat est le fruit de trois changements mis en place à partir de 2022 : un suivi rapproché de l’état d’engraissement du troupeau, une modification du plan d’alimentation et le passage à une ration individualisée en maternité », liste Clara Hémedy, technicienne conseil Eureden. L’élevage de 400 truies a mis en place un allottement des truies dès la verraterie en fonction de leur état d’engraissement au sevrage, soit cinq courbes d’alimentation (de très maigre à grasse). « L’affectation des truies sur les courbes se fait en fonction de l’évaluation visuelle des pointes des épaules. Ce pointage est réalisé régulièrement également pendant la phase de gestation. »

Par ailleurs, les truies sont passées à un aliment péri-mise bas à l’entrée en maternité, suivi d’un aliment allaitant plus appétant. « Cela a stimulé la consommation des truies en maternité qui est passée en deux ans, de 99 kg à 117 kg par truie (sevrage à 21 jours). » Pour environ la moitié des truies de la bande, la ration distribuée est modulée au quotidien, en fonction du comportement, de l’état corporel et de la portée en cours. « Certaines truies ont une capacité d’ingestion supérieure. Ce suivi individuel permet de déplafonner les rations selon l’appétit des truies pour favoriser la lactation. Les truies qui consomment le plus ont des porcelets au sevrage 1,5 kg plus lourds en moyenne à 21 jours (soit 7,1 kg contre 5,6 kg). »

2. Un plan alimentaire selon le profil de croissance des porcs charcutiers

Également présenté par Clara Hémedy, ce second élevage, situé dans le Finistère, a pour sa part renoué avec les performances de croissance et d’indice de consommation attendues en engraissement en adaptant le plan alimentaire des porcs charcutiers en fonction de leur profil de croissance. « L’utilisation de balances connectées Pigscale dans l’élevage a mis en évidence qu’il pouvait y avoir deux profils de croissance au sein d’une même bande. » Les valeurs alimentaires en engraissement ont été calées sur celles de la porcherie en façonnage alimentée à sec à volonté, qui présentait de meilleurs indices de consommation et croissances que l’élevage. En parallèle, deux plans d’alimentation ont été mis en place, un plan précoce et un plan tardif, selon le poids en sortie de post-sevrage de chaque case de porcelets. Le profil de croissance a été défini à l’aide de l’outil de modélisation ModelAdo2 mis au point par la coopérative Eureden. « Le rapport âge/poids à la sortie du PS constitue la clé de décision définissant le choix de la courbe de croissance tardive ou précoce mise en place en engraissement. Elles se différencient par la quantité d’aliment distribuée par kilo de poids vif des porcelets (objectif de 40 g/kg de poids vif au démarrage de l’engraissement). » Testées sur deux bandes en engraissement, les cases différenciées en fonction de leur profil précoce ou tardif et un plan d’alimentation adapté, ont montré des performances équivalentes.

3. En FAF, concilier performances techniques et baisse du coût alimentaire

Troisième exemple présenté, cet élevage du Morbihan équipé d’une FAF complète produisant quelque 10 500 porcs charcutiers par an, et qui associe bonnes performances techniques, optimisation du coût alimentaire et baisse de son impact environnemental. Avec le passage à une alimentation non OGM à partir de 2021, l’exploitation s’est donnée comme objectif de réduire le coût des aliments fabriqués à la ferme par une diversification des matières premières. Elle a fait le choix de multiplier ses cellules de stockage. Elle compte neuf cellules de 50 tonnes en plus de celles réservées au blé et à l’orge. « L’équipement de la FAF ainsi que la diversité des matières premières permettent de fabriquer neuf formules différentes, afin de répondre avec précision aux besoins des animaux et optimiser le coût alimentaire », présente Clara Hémedy. Treize matières premières sont utilisées, dont le maïs, le blé et l’orge, les tourteaux, le pois, la féverole, le rémoulage, le son, la cosse de sarrasin, deux lactosérums et l’huile de colza.

Une autonomie alimentaire de 65 %

L’exploitation produit 65 % de ses besoins en matières premières. Cette autoproduction génère une baisse du coût alimentaire de 4,20 euros par porc produit, en comparant avec un coût d’achat des matières premières à la récolte. De même, la diversification des matières premières permet une économie de 3 euros par porc, par rapport à un élevage « fafeur » utilisant une formule plus classique (blé, mais, orge, tourteaux de soja et de tournesol), hors amortissement du coût de stockage supplémentaire. En y ajoutant l’économie de 0,50 euro par porc lié au passage à une alimentation multiphase en engraissement (quatre aliments), l’optimisation du coût alimentaire atteint au total 7,70 euros par porc produit (1).

Cette démarche de diversification en matières premières présente aussi un bénéfice sur l’impact environnemental. L’approvisionnement local de 80 % des matières premières contribue à réduire de 33 % les émissions de gaz à effet de serre en moyenne, par rapport à des formules en aliment complet.

(1) Calcul réalisé à partir du contexte de matières premières de 2024

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