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Abricot : une rentabilité augmentée grâce à la densification du verger et au greffage haut

Le fil directeur des systèmes Abric’haut de l’unité Gotheron INRAE est la hauteur de greffage. La combinaison hauteur de greffage à 1,2 m et densité à 1 000 arbres par hectare permet de réduire les mortalités dues aux bactérioses et d’augmenter la rentabilité du verger.

Le tonnage commercialisé du verger greffé haut à 1000 arbres/ha a été supérieur de 40 % par rapport à la référence.
© INRAE

Sur le site expérimental INRAE UERI Gotheron (Drôme) l’un des principaux leviers testés est le greffage haut des abricotiers. « Pour réduire les mortalités dues au chancre bactérien, le greffage haut des abricotiers, à plus de 1 m de hauteur sur le porte-greffe est une technique bien connue, explique Laurent Brun, INRAE. Cependant, cette technique est peu intégrée dans les vergers malgré la sécurité qu’elle apporte vis-à-vis de la bactériose car le greffage haut diminue la vigueur de l’arbre et ainsi le potentiel de production par arbre. La tendance actuelle en verger à risque bactériose est une hauteur de greffage à 60 cm qui affecte peu la vigueur de l’arbre mais ne permet pas un aussi bon niveau de protection contre la bactériose qu’un greffage plus haut. »

Pour compenser cette perte de vigueur, les modalités du dispositif Capred de la Drôme, Abric’haut, ont été implantées à une densité supérieure au verger de référence producteur. « Dans notre essai nous comparons des vergers référence avec des abricotiers greffés à 60 cm de hauteur à une densité de 500 arbres/ha à des vergers où les abricotiers sont greffés à 120 cm de hauteur avec une densité d’arbres doublée », détaille le chercheur.

Le greffage haut facilite la pose de la glu

Ces systèmes Abric’haut ont permis de réduire de 75 % les charpentières mortes de bactériose par rapport à la référence et cela malgré la suppression des traitements cuivre dans ces systèmes. Sur les quatre premières années de production, les rendements sont supérieurs de 30 à 40 % sur Abric'haut par rapport à la référence greffée à 60 avec une diminution de 40 % à 60 % des IFT. Ils ont atteint plus de 70 t/ha pour la modalité Abric’haut 1 conduite en gobelet et 65 t/ha sur quatre ans pour la modalité Abric’haut 2 conduite en palmette. « Le greffage haut et la présence de troncs de plus d’1 m de hauteur a aussi permis d’intégrer plus facilement certains leviers comme le travail mécanique du rang et la pose d’un anneau de glu sur le tronc pour bloquer la montée des forficules dans les arbres et limiter les morsures sur fruits », continue Laurent Brun.

Plus de 30 % de marge en plus en 4e année de production

Le système Abric'haut 1 reste assez comparable à la référence en termes de conduite puisque les arbres sont en gobelet. C’est le système le plus productif : en moyenne sur les quatre ans, il a produit 18 t/ha/an. Le tonnage commercialisé a été supérieur de 40 % par rapport à la référence. Le coût de production moyen au kilo lui est identique à celui de la référence, soit 0,80 €/kg. Ainsi il a permis de dégager la marge brute cumulée avec amortissement la plus importante en 2020 après quatre années de production. Ce système a aussi permis de diminuer de 25 à 40 % les IFT selon les années. A partir de 2019, les buses basses ont été coupées puisqu’il n’y a pas de végétation en dessous d’un mètre de hauteur ce qui a permis de réduire la dose de produit par hectare.

La palmette peut réduire les temps de main-d’œuvre

Le système Abric'haut 2 est lui conduit en palmette. Ce système est plus productif que la référence : 65 t/ha sur 4 ans contre 50 t/ha pour la référence. Mais il dégage des marges brutes cumulées inférieures au système référence en raison du poids de l’amortissement des infrastructures. A partir de 2019, la réduction des doses par hectare en coupant les buses basses et hautes qui projetaient la bouillie dans une zone sans végétation a permis de réduire les IFT de 25 à 60 % selon les années (voir encadré).

« Mais nous n’avons pas exploité toutes les possibilités permises par une conduite en palmette dans Abric'haut 2 », regrette le chercheur. Ce mode de conduite permet notamment de passer avec une plateforme fruitière pour la récolte ou pour installer des filets paragrêles, de mécaniser l’éclaircissage et de réaliser la taille en vert avec une barre de coupe. Des changements dans l’itinéraire technique qui permettent des économies de temps de travail. « L’intégration de toutes ces possibilités facilitant la gestion culturale de la parcelle aurait pu permettre au verger en palmette d’apparaître plus intéressant d’un pont de vue économique » conclut-il.

Fermeture des buses hautes et basses

 
Dans les vergers greffés haut, les buses basses d'un pulvérisateur peuvent être coupées sans impact sur la qualité de protection. © INRAE

Les arbres des vergers Abric'haut 1 et Abric'haut 2 ont été traités de la même manière que la référence de 2016 à 2018. C’est-à-dire avec le même pulvérisateur à jet porté à 750 l/ha et avec toutes les buses ouvertes. « Or nous nous sommes rendu compte que les buses basses traitaient uniquement les troncs des arbres greffés haut et que les buses hautes envoyaient la bouillie dans « le ciel » dans le système en palmette, rapporte Laurent Brun, INRAE. Ainsi, à partir de 2019, nous avons fermé sur le pulvérisateur les quatre buses basses dans le système Abric'haut 1 et les quatre buses basses et les quatre buses hautes dans le système Abric'haut 2. »

Les réglages du DPA ont été réalisés pour diminuer la quantité de bouillie à l’hectare du même ratio que celui du nombre de buses fermées (soit -22 % et -44 %). Ainsi, la concentration de matière active dans la cuve n’a pas été modifiée, et les quantités de bouillie arrivant sur la végétation sont les mêmes que lors des traitements effectués de 2016 à 2018. Seules les pertes dans l’environnement ont été supprimées en évitant de pulvériser dans des zones sans végétation. « Les IFT étant calculées par rapport aux doses de référence par hectare, nous avons ainsi pu diminuer les IFT à chaque traitement de 22 % pour Abric'haut 1 et de 44 % pour Abric'haut 2. »

 

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