Serre de tomate : une conduite économe en énergie est possible

En 2023, une conduite climatique économe en énergie a été testée au centre CTIFL de Carquefou dans une serre Kubo de 1 000 m², sur 9 variétés de tomates tolérantes à l'oïdium pour une récolte en grappes : Xavérius (Ax), HTL1709405 (Ax), Grandice (DRG), E15A.42366 (EZ), Provine (Nu), Nun9416 (Nu), Trovanzo (RZ), 72-IM6767 RZ (RZ) et Cibello (8C1830) (Sy). La baisse de 1,5 °C des consignes de température de jour et de nuit, avec maintien de la phase de relance pour éviter la condensation et un confinement de jour plus important (+1 °C), a permis de diminuer la consommation d’énergie à 114 kWh/m² au 3 septembre, contre 172 kWh/m² dans la conduite témoin, soit 34 % d’économie d’énergie. La conduite économe a entraîné la perte progressive de 1 bouquet au stade floraison, 1 bouquet récolté en début de récolte et 1,5 bouquet en fin de récolte.

La perte moyenne a été de 1,3 kg/m² fin mars et 1,9 kg/m² fin août, avec une hausse de l’écart pour Trovanzo, l’augmentation du poids moyen des fruits pour les autres variétés ayant stabilisé les écarts de rendement fin août. « L’essai montre une tendance à un poids moyen de fruits plus élevé et un nombre de fruits plus faible avec la conduite économe en énergie », souligne Serge Le Quillec, du CTIFL de Carquefou. Des attaques de mildiou et de cladosporiose plus marquées ont aussi été observées. Au final la conduite économe en énergie a entraîné une perte moyenne de 29,5 fruits commercialisables par mètre carré fin août, avec peu de différence sur les déchets. Elle a fourni en moyenne un rendement inférieur de 3,4 %, un poids moyen de fruit plus élevé de 3,2 % et un chiffre d’affaires inférieur de 5,5 % (-3,80 €/m²) par rapport à la conduite témoin. « En 2023, les économies d’énergie, avec le cours du gaz Dutch TTF, ne compensent pas la perte de chiffre d’affaires, principalement liée à la perte de précocité et à un rendement plus faible », constate l’expérimentateur.

Les conclusions des essais antérieurs, confirmées par l’expérimentation 2023, sont qu’une conduite à plus faible consommation (200-220 kWh/m²) est réalisable sans trop pénaliser le rendement, en privilégiant l’utilisation du réseau en végétation, en abandonnant les stratégies de température minimale des réseaux de chauffage, en valorisant l’apport solaire par un confinement de jour plus important. Certains équipements sont cependant indispensables : serre haute pour tamponner la température et l’humidité, brassage pour homogénéiser la température et l’humidité, double écran thermique et ombrage pour maximiser l’économie, capteur IR pour la température de plante et simulateur de température de fruit pour suivre le risque de condensation et adapter les consignes de température et d’aération. Des conduites énergétiques à très faible consommation (150 kWh/m²) seront également envisageables. Elles pénalisent cependant le rendement précoce, alors que les cours sont intéressants. « Le prix du gaz naturel ne permet pas actuellement de compenser la perte du chiffre d’affaires, note Serge le Quillec. Ces conduites nécessitent aussi une attention accrue sur le risque de condensation et impliquent le passage d’une stratégie de réponse optimale aux besoins en température de la plante à une stratégie complètement orientée vers le maintien en bon état sanitaire de la culture. »