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Mirabelle : des solutions pour réduire la pression de cochenille rouge du poirier

La cochenille rouge du poirier est particulièrement problématique en mirabelle bio. Plusieurs solutions partielles sont testées pour contenir les dégâts.

« Depuis 15 ans, la problématique des cochenilles rouges du poirier est en forte progression en mirabelle bio, constate Rémi Ségard, de l’Association régionale d’expérimentation fruitière de l’Est (Arefe). Avec le puceron vert, c’est aujourd’hui un problème majeur pour les producteurs. De nombreuses parcelles sont touchées notamment sur les côtes de Meuse où il y a beaucoup de vergers de particuliers peu entretenus qui peuvent servir de réservoirs de cochenilles. » Les femelles, qui hivernent sur le bois, protégées par un bouclier, recouvrent peu à peu l’écorce, entraînant un affaiblissement général de l’arbre et des déformations, fissurations, dépérissements de branches, avec en parallèle une production importante de gourmands. « Les arbres en début de production y sont très sensibles et les vergers de 25 ans peuvent être très infestés », souligne Rémi Ségard.

La taille est souvent la seule mesure pratiquée pour maintenir une production. « Les producteurs enlèvent les vieilles branches très infestées et refont des charpentières à partir des gourmands. » Une autre solution est de nettoyer le bas de l’arbre. « Certains arboriculteurs le font au nettoyeur haute pression, environ tous les cinq ans. L’Arefe a également testé le nettoyage à la brosse avec ou sans savon noir. Ces solutions permettent de limiter les populations au bas des arbres, mais pas en haut, alors que les cochenilles sont plus nombreuses sur le haut de l’arbre. Leur incidence est donc insuffisante si les cochenilles sont installées et à l’échelle du verger. Elles sont aussi très fastidieuses et prennent beaucoup de temps. »

Une autre solution, plus facile à mettre en œuvre et moins chronophage, est l’application en sortie d’hiver au pulvérisateur de lait de chaux pouvant perturber les larves pendant l’essaimage, avant qu’elles ne se fixent et commencent à sécréter leur bouclier. Depuis 2017, l’Arefe teste l’application de BNA Pro à 400 l/ha, tous les ans ou tous les deux ans. « L’efficacité sur le nombre de larves est très variable, constate Rémi Ségard. Une difficulté aussi est que la chaux se dépose vite dans le pulvérisateur et peut boucher les pompes. Enfin, des producteurs estiment que l’impact de la chaux sur la faune auxiliaire est trop important et ont arrêté d’en appliquer. »

Lâchers de coccinelles

Une alternative est le lâcher d’auxiliaires prédateurs de la cochenille rouge du poirier. En 2018 et 2019, l’Arefe a réalisé deux lâchers de 2000 individus/ha d’une petite coccinelle, Rhyzobius lophantae. « L’efficacité a été très bonne en 2018. Il n’y a quasiment pas eu de larves de cochenille sur les arbres. Il en a été de même en 2019, mais il y eut aussi très peu de cochenilles dans la partie non traitée, ce qui peut faire penser que les coccinelles se sont répandues dans tout le verger. Et en 2020, il n’y a pas eu de cochenilles dans tout le verger, traité ou non traité. » Dans les battages permettant d’identifier les auxiliaires présents, réalisés le 25 mai, très peu de coccinelles ont toutefois été retrouvées.

« Peut-être ne se sont-elles pas vraiment implantées ? Ou peut-être que la méthode de battage utilisée n’est pas adaptée ? De plus, une limite est le coût d’introduction des coccinelles, d’environ 2 000 €/ha. » En 2021, la station a testé l’introduction d’une autre coccinelle, Exochomus quadripustulatus, indigène et un peu moins coûteuse. Un lâcher de 1 800 individus/ha a été réalisé. Les conditions de température, assez froides, n’ont toutefois pas été idéales pour l’implantation des coccinelles et il n’y a pas eu de différences significatives sur le nombre de cochenilles présentes. « Même si la technique est assez coûteuse, elle peut être assez efficace et les producteurs pensent qu’il est intéressant de continuer à l’étudier », précise Rémi Ségard.

Application d’huile à l’essaimage

Autre solution testée en 2022 : l’application d’huile en végétation. « Nous avons déjà testé l’application d’huile en pré-floral, en sortie d’hiver, indique l’expérimentateur. Mais à ce stade, les cochenilles sont très protégées par leur bouclier. En 2022, une nouvelle huile qui peut s’appliquer en végétation a été homologuée. Nous l’avons appliquée au pulvérisateur en juin, à l’essaimage. » Les résultats ne sont pas encore analysés. « La pression en cochenille rouge du poirier peut être réduite sur jeunes vergers, conclut Rémi Ségard. Il n’y a pas de solution totalement efficace et peu coûteuse. Mais des solutions souvent partielles permettent d’éviter l’explosion des populations. »

Une cochenille des Rosacées

La cochenille rouge du poirier (Epidiaspis leperii) est une cochenille des arbres fruitiers et forestiers de la famille des Rosacées. Elle affecte principalement le poirier, mais également le pommier, le prunier, le pêcher, le noyer. La femelle est rose, très petite (0,5 mm) et protégée par un bouclier circulaire gris ou brun, de 1 à 1,5 mm de diamètre. Le bouclier des mâles est blanc, plus petit et de forme allongée. La fécondation a lieu en août, puis les mâles périssent. Les femelles fécondées hivernent sur le bois, protégées par plusieurs couches de boucliers. La reprise d’activité a lieu au printemps et la ponte s’échelonne de mai à début juillet. Une femelle peut pondre 20 à 40 œufs, qui incubent pendant 15-20 jours. La sortie des larves de couleur rouge orangé à rouge violacé s’échelonne de mi-juin à mi-juillet. Les larves peuvent alors se déplacer pendant un court instant sur l’arbre ou d’arbre en arbre, avant de se fixer et de commencer à sécréter leur bouclier.

Localisation surtout sur bois jeune et en haut de l’arbre

 
L’infestation par la cochenille rouge du poirier entraîne des dépérissements de branches et un affaiblissement général de l’arbre. © Arefe
Selon les relevés de l’Arefe, l’intensité de présence des cochenilles varie selon la hauteur dans l’arbre. « Le nombre moyen de cochenilles est deux fois plus important en haut qu’en bas de l’arbre, indique Rémi Ségard. On trouve par contre plus d’anciens boucliers sur le bas de l’arbre, ce qui suggère l’hypothèse d’une migration du bas vers le haut. » Le nombre de cochenilles est aussi significativement plus élevé sur les fruitières que sur les charpentières et sous-mères et beaucoup moins élevé sur le tronc. « Les cochenilles semblent donc s’installer surtout sur bois jeune. » L’intensité moyenne de présence augmente aussi avec l’âge du bois, notamment jusqu’à quatre ans. Enfin, le nombre de femelles est un peu plus élevé sur le dessous des structures que sur le dessus.

 

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