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Pêche : quelles sont les variétés peu sensibles à la cloque ?

Le dispositif d’évaluation du CTIFL sur la sensibilité des variétés de pêche et nectarine à la cloque a démontré son efficacité. Depuis 2012, il a évalué plus de 70 variétés et identifié celles qui ont une sensibilité faible à très faible vis-à-vis à cette maladie.

Si la problématique majeure en culture de pêche reste la gestion des monilioses à l’approche de la récolte, la cloque peut être très préjudiciable pour la croissance végétative des arbres. Elle peut engendrer des retards de développement, pénalisant le calibre des fruits et la qualité du bois de l’année suivante, ainsi que des chutes physiologiques de fruits. De plus, différents essais de réduction de l’usage des produits phytosanitaires de synthèse (projets Dephy Expé Ecophyto EcoPêche I et II) ont montré une plus grande difficulté à s’affranchir des traitements fongicides que des traitements insecticides.

Dans ce contexte, le recours à des variétés tolérantes présente plusieurs avantages : il permet l’espacement ou la réduction du nombre de traitements, voire leur suppression. Certaines variétés relativement anciennes, comme la pêche Bénédicte® Meydicte cov, sont déjà connues pour leur tolérance à la cloque. Cependant, cette information est lacunaire pour les variétés les plus cultivées actuellement. Une étude commencée en 2012 dans le cadre du réseau d’évaluation des nouvelles variétés de pêche et nectarine, et coordonnée par le CTIFL, associe les stations régionales Sefra (Drôme), Sica Centrex (Pyrénées-Orientales) et Sud Expé (Saint-Gilles, Gard) dans le but de combler ces lacunes.

Des résistances partielles et des tolérances identifiées

Les variétés évaluées sont des variétés récentes qui présentent un intérêt agronomique et commercial, évaluées préalablement dans le dispositif d’évaluation des variétés de référence. Durant les dix années de l’étude, aucune variété résistante n’a été identifiée. Cela suggère qu’il existe seulement des résistances ou des tolérances partielles induisant un ralentissement plutôt qu’une absence de développement épidémique. Or, lors d’un projet de plantation ou de replantation, le choix de la variété est primordial pour assurer la réussite agronomique et technico-économique du verger. Les producteurs basent leurs choix sur de multiples critères comme le type de fruits, l’époque de maturité, les performances agronomiques, la présentation et qualité gustative des fruits, la technicité de la conduite et la phénologie.

En raison des cahiers des charges de plus en plus stricts et de la diminution des matières actives autorisées, les producteurs souhaitent privilégier des variétés qui présentent les sensibilités les plus faibles possible aux maladies et ravageurs. L’étude en multisite permet d’acquérir plus rapidement des données, et de confronter les variétés à des conditions climatiques diverses et représentatives des différentes aires de production de pêches et nectarines. L’analyse est réalisée sur des vergers dédiés, sur lesquels aucun traitement antifongique n’a été appliqué.

Un dispositif d’évaluation complexe et long

Le dispositif expérimental est constitué de six répétitions dans lesquelles les variétés évaluées sont réparties de manière aléatoire. Les observations phénologiques et d’intensité des symptômes sont réalisées sur chaque arbre. Les données climatiques, températures et pluviométrie, sont également enregistrées. L’intensité des symptômes observés une année sur une variété et un site ne reflète pas un niveau de sensibilité de la variété, mais correspond à la combinaison du niveau de pression d’inoculum, des conditions météorologiques, de l’époque de débourrement et enfin des prédispositions génétiques. Afin de comparer les variétés et d’identifier la part génétique de la sensibilité variétale, il est donc nécessaire de prendre des précautions pour l’analyse des résultats. Les variétés ont été comparées par époque de débourrement. La multiplication des répétitions permet de lisser l’effet site et l’effet année, et ainsi de faire ressortir les sensibilités variétales.

Royal Maid® ZAI718P cov donne les meilleurs résultats

La variété Royal Maid® ZAI718P cov présente un niveau de sensibilité très faible, du même niveau que Bénédicte® Meydicte cov qui est la variété de référence. Les variétés Tonisun® Crisplova cov et Pamela cov présentent des niveaux de sensibilité faible. La majorité des variétés ont un comportement intermédiaire avec des niveaux de dégâts moyens à forts. Un petit nombre de variétés, dont Royal Pride® Zaisula cov, Aspen White cov, Nectasweet® Nectarjewel cov, Nectapom® Nectareine cov et Amapola cov sont particulièrement sensibles à la cloque. Pour ces dernières, il est donc recommandé d’apporter une vigilance particulière à la réalisation des traitements phytosanitaires. Cette étude se poursuit en parallèle de la création variétale et une nouvelle tranche de plantation a été réalisée au cours de l’hiver 2022-2023 afin d’évaluer 14 nouvelles variétés.

Julien Ruesch, CTIFL- Tiré de Cloque du pêcher et sensibilité variétale, bilan de 10 années d’études – Infos-CTIFL n° 392.

Des symptômes très virulents

La cloque du pêcher ou Taphrina deformans provoque des dégâts caractéristiques aussi bien en pépinière que dans les vergers de pêchers et d’amandiers. La végétation de l’arbre est ralentie, les rameaux perdent leurs feuilles et s’affaiblissent. La production de fruits est restreinte et dépréciée, et les jeunes plants peuvent en mourir. Les symptômes sont variés. Au printemps, les feuilles noircissent, se dessèchent et restent quelque temps sur l’arbre. Lorsque l’attaque est plus tardive, seule une partie du limbe peut être atteinte et prend une couleur rougeâtre. Sur rameaux, les jeunes pousses s’épaississent, s’incurvent et leur croissance est très réduite d’où la formation de bouquets de feuilles entièrement cloquées. Les fleurs avortent, les fruits prennent un aspect boursouflé et décoloré, leur croissance ralentie et les petits fruits finissent par chuter. Cette maladie fongique est favorisée par une hygrométrie élevée, l’optimum de température étant compris entre 13 °C et 18 °C. La maladie s’arrête naturellement avec la hausse des températures et l’arrivée de périodes sèches. Les hivers doux et humides favorisent la conservation des spores. La persistance d’un temps humide et froid au printemps prolonge les contaminations et la sensibilité de l’arbre.

D’autres leviers pour lutter contre la cloque

Au-delà de la réponse variétale, d’autres leviers peuvent être actionnés pour lutter contre la cloque du pêcher. Par exemple, la prophylaxie consiste à éliminer les organes touchés pour éviter des inoculations secondaires et l’accumulation de l’inoculum sur une même parcelle d’une année sur l’autre. Cette technique présente une efficacité limitée et n’est à envisager qu’en cas de très forte attaque du verger. Elle est par ailleurs très consommatrice en temps de main-d’œuvre. Par ailleurs, les traitements phytosanitaires pour cibler la cloque correspondent à environ cinq à dix indices de fréquence de traitement (IFT) par an. Le nombre de traitements est variable en fonction des conditions météorologiques de l’année, les traitements devant être renouvelés après des épisodes de pluie importants de 20 mm ou plus. Si on considère uniquement les matières actives, il existe quatre familles de substances que sont le captane, la dodine, le zirame et le cuivre. En 2022, les producteurs disposaient de 45 produits commerciaux autorisés dont trois de manière provisoire. La moitié environ est autorisée en agriculture biologique. Enfin, Trichoderma atroviride est le seul produit de biocontrôle homologué actuellement contre la cloque du pêcher.

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