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Pêche : des solutions contre la cloque

La cloque est l’une des principales maladies sur pêcher. Les stations expérimentales, Sefra (Rhône-Alpes) et Sud-Expé Saint-Gilles (Gard) ont présenté mi-septembre les stratégies de lutte testées contre cette maladie dont certaines applicables en agriculture biologique.

La Sefra teste depuis 2017 des itinéraires phytosanitaires pour lutter contre la cloque en agriculture biologique. Le BNA, badigeon naturel à l’ancienne (lait de chaux, principalement constitué d’hydroxyde de calcium) est le produit pilier de cette protection. Utilisé comme barrière, il agit par perturbation physique et colmate les fissures, évitant toute pénétration fongique et bactérienne. Il a été testé seul ou au sein de stratégies avec d’autres produits. Les résultats ont été présentés mi-septembre lors de la journée technique de la Sefra à Etoile-sur-Rhône (Drôme). En s’appuyant sur les résultats d’essais 2017, 2018 et 2019, un programme plus complet a été expérimenté en 2020 sur une variété très sensible, Ivory Star (comme en 2019). Le BNA a été appliqué avant la période de sensibilité à la cloque et à la fin, afin de bien l’encadrer, et ainsi protéger le feuillage sur le long terme. Au débourrement, 100 litres par hectare (l/ha) ont été appliqués puis 50 l après la floraison. Les années précédentes, à ces périodes et ces doses, il avait pleinement joué son rôle de barrière physique, et bien tenu sur les arbres. Aucun problème de phytotoxicité n’avait été constaté.

Autant ou plus efficaces que la référence

L’essai 2020 comportait cinq modalités (voir tableau), une référence (avec du Nordox) et un témoin non traité. Le BNA a été appliqué de la même manière dans toutes les modalités. Il était prévu de comparer différents produits à base de cuivre seul ou en association. Cependant, à cause des pluies, deux traitements ne faisant pas partie de l’expérimentation, au Curatio (bouillie sulfocalcique) ont dû être ajoutés après la floraison pour protéger correctement la parcelle. Cette année, la pression en cloque était très forte : 94 % des feuilles étaient touchées sur le témoin non traité. L’efficacité a été de 93 % avec Champ flo ampli (fongicide préventif à base d’hydroxyde de cuivre, modalité B), 90 % avec l’association Nordox + Champ flo ampli (modalité C), 86 % avec Curatio (modalité E), 81 % avec la bouillie bordelaise (BB, modalité A) et 69 % avec Nordox + bouillie bordelaise (modalité D). La référence (Nordox), elle, a été efficace à 68 %.

Surtout avec Champ flo et Curatio

« Toutes les modalités testées dans l’essai ont donné de bons résultats, résume Lucile Lecomte technicienne à la Sefra. En particulier celle combinant Champ flo et Curatio, qui ont été appliqués après une pluie, c’est là qu’ils fonctionnent le mieux. Par contre, avec Nordox et la bouillie bordelaise, la libération du cuivre est lente. Donc, il est préconisé de les appliquer avant des pluies pour leur laisser le temps d’agir. » La Sefra prévoit de faire un autre essai en 2021 « pour être plus précis, cibler au mieux les applications de chaque produit en fonction de leurs préconisations (avant une pluie pour la bouillie bordelaise et Nordox et après pour Champ flo et Curatio), indique l’expérimentatrice. Mais pas sur Ivory Star car elle est trop sensible à la cloque, plutôt sur une variété comme Cristal » (qui avait d’ailleurs servi de support pour les essais de 2017 et 2018). L’an prochain, la Sefra aura aussi de nouveaux produits à tester en conventionnel.

Annie Laurie

Des produits utilisables en PFI

Une stratégie contre la cloque en production fruitière intégrée a aussi été testée cette année par Sud-Expé Saint-Gilles (Gard). La station en avait déjà mis en place en 2019 mais la pression cloque était faible. Elle a recommencé cette année en ajoutant une aspersion sur frondaison (« pluie artificielle »). L’expérimentation comportait huit modalités (tableau 2). Trois applications ont été réalisées du stade « début pointes vertes » à « feuilles étalées » à une cadence de quinze jours entre chacune afin de mettre tous les produits dans les mêmes conditions pour les comparer. Il y avait quatre produits chimiques : Carbazinc Flash, Merpan 80 WDG, Syllit Max et Signum, de la bouillie bordelaise (au quart et huitième de la dose homologuée*), du talc mélangé à de la bouillie bordelaise et du Curatio. Conformément aux préconisations, ce dernier a été appliqué sitôt après l’aspersion pendant la phase de contamination et les autres avant, sur feuillage sec. La pression cloque était très forte : près de 400 foyers, de la taille d’une main, en moyenne par arbre dans le témoin non traité.

Bâtir des stratégies

Dans cet essai, « on a constaté une bonne efficacité du Carbazinc, du Merpan et du Syllit, comme on le prévoyait, a conclu Alexandre Magrit, technicien à Sud-Expé lors de la journée technique de la Sefra mi-septembre. Un peu moins pour le Signum mais il n’est pas spécialement attendu sur la cloque. Les cuivres et le Curatio ont été efficaces à 50-60 %. Curatio est intéressant si la pression cloque est faible, pour rattraper un mauvais positionnement de traitement, en cas de lessivage, en production biologique… Les résultats des produits chimiques, du cuivre et du Curatio confortent les observations des années précédentes. Avec le talc, l’efficacité est légèrement améliorée. La société qui le commercialise revendique un effet séchant et surtout une meilleure tenue. Pour la bouillie bordelaise, l’efficacité est quasiment la même dans la modalité à un quart de dose homologuée et celle à un huitième. Les formes et doses de cuivre, les positionnements sont encore à travailler. Il faudra réfléchir à des stratégies, essayer d’associer les produits et de les positionner correctement. »

* Dose homologuée : 25 kg/ha.

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