Melon : « Il faut relever les prix d’achat pour couvrir les frais de production »
Joël Boyer, dirigeant de l’entreprise Boyer (marque Philibon notamment) appelle au soutien de l’aval, alors que la filière du melon charentais jaune subit des prix trop bas et une météo maussade qui freine la consommation.
Joël Boyer, dirigeant de l’entreprise Boyer (marque Philibon notamment) appelle au soutien de l’aval, alors que la filière du melon charentais jaune subit des prix trop bas et une météo maussade qui freine la consommation.

En melon charentais jaune, « il faut penser aux producteurs et relever les prix d’achat pour que la filière puisse au moins couvrir les frais de production de la saison », alerte Joël Boyer, dirigeant avec son frère Jean-Marc de l’entreprise Boyer (marque Philibon notamment). Il nous confie être « très inquiet », évoquant même une « catastrophe économique ».
Un remède en vue ? Pour « amoindrir la non-rentabilité de cette saison », le dirigeant en appelle à la responsabilité des partenaires des producteurs. « Il faut que notre aval nous aide », plaide-t-il, alors que des clients ont tiré les prix vers le bas, « certains largement en dessous des coûts de revient ».
Un fruit extrêmement météo-sensible
Dans cette crise, la météo est à blâmer. En effet, en matière de consommation, le melon est « l’un des produits les plus météo-sensibles, rappelle Rémi Javernaud, animateur de l’AIM (association interprofessionnelle melon). Sitôt que la météo se dégrade, la consommation diminue ». Or, quand le marché est moins dynamique, les prix ont tendance à diminuer, alors que pour les opérateurs, les charges restent identiques, en particulier les charges de main-d’œuvre puisque « la récolte et le tri sont entièrement manuels », pointe-t-il.
Sur cette campagne, Rémi Javernaud a ainsi relevé un temps « globalement beau jusqu’à mi-août, avec cependant des périodes de rafraîchissement temporaires, notamment fin juillet, qui ont pu jouer sur le marché ». De son côté, Joël Boyer a attiré l’attention fin juillet sur une crise conjoncturelle, dans un article publié sur le site Fresh Plaza. Celle-ci a duré « une quinzaine de jours », explique-t-il, puis « le bon temps est revenu pour le 15 août », avec une « baisse des volumes récoltés » et des prix de vente qui sont « un peu » remontés.
Une arrière-saison décisive
La filière misait sur l’arrière-saison pour sauver la mise, mais celle-ci est compromise. « Nous entrons dans un mois de septembre malheureusement automnal », observe Rémi Javernaud, alors que les consommateurs de melon aiment « les étés indiens, comme en 2023 par exemple ». « Ces dix derniers jours, précise aussi Joël Boyer, on est repassé sur du mauvais temps, sur de la fraîcheur, avec des récoltes toujours présentes et un effet terrible sur le marché ». Avec le retour de vacances et le manque de consommation, « les stocks se sont cumulés le week-end dernier et les prix de vente se sont de nouveau affaissés », décrit le chef d’entreprise. Autant de difficultés dures à encaisser, après une saison 2024 déjà « très compliquée », se remémore Rémi Javernaud, pluvieuse des plantations jusqu’à la commercialisation.
Du côté des tonnages, la campagne 2025 devrait dépasser les précédentes. Selon les données RNM reprises par Rémi Javernaud, « près de 286 000 tonnes étaient disponibles à la vente sur 2024, environ 278 500 tonnes en 2023 ». En 2025, il est trop tôt pour avoir un chiffre définitif, mais « globalement, la campagne de plantation s’est bien passée d’avril à juin » et « il y aura de beaux rendements », avec notamment « des volumes très importants en juillet ». Soit, à ce stade, « environ 294 000 tonnes sur juin, juillet et août », sans compter septembre.
Disponible en quantité, donc, le melon est aussi de « très bonne qualité cette année », souligne l’animateur de l’AIM, qui sensibilise : « Il faut continuer à en consommer en septembre ».