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Artichaut : Plus d’observations pour moins d’interventions phytosanitaires

L’artichaut, qui connaît un regain d’intérêt dans le Roussillon, voit sa stratégie de protection se modifier. Plus d’observations bénéficient à la faune auxiliaire et contribuent à réduire le nombre d’interventions.

« De sa plantation en juillet à la récolte au printemps suivant, la protection sanitaire de l’artichaut est la principale problématique de cette culture longue », explique Gilles Planas, Chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales. L’artichaut doit faire face à une large liste de bioagresseurs à toutes les saisons, et a aussi vu arriver de nouvelles maladies, notamment le mildiou de l’artichaut (Bremia lactucae). Cette maladie est directement rattachée au développement des variétés de semis comme Sambo et Opale puisqu’elles seules y sont sensibles.

La protection préventive contre le mildiou

Ces variétés se sont largement développées et représentent environ 70 % des 700 ha d’artichaut actuellement plantés dans le Roussillon. Toutefois, « les variétés traditionnelles comme Calico, Pop Vert, Macau, très peu sensibles à cette maladie, peuvent être utilisées en alternative dans la réduction des intrants », mentionne le Guide de Protection de l’artichaut édité par la Chambre d’agriculture. Il convient de surveiller les premières taches de cette maladie dès le mois d’octobre et d’éviter les excès d’azote. La protection contre le mildiou doit être préventive et réalisée sur avertissement. A l’automne, le phosphonate de potassium donne des bons résultats et peut être privilégié. Mais l’autorisation d’usage de ces produits prendra fin en 2020 (LBG-01F34 au 20 juin 2020, Etonan Pertinan au 1er août 2020). « Des produits à base de cuivre sont utilisables en agriculture biologique ou en solutions alternatives. Il s’agit de produits de contact avec des risques de pertes significatives en cas de forte pression de la maladie », commente Gilles Planas. L’oïdium (Leveillula taurica) est également un champignon présent sur artichaut. Les attaques de printemps peuvent affaiblir la plante et entraîner un arrêt précoce de la récolte. Les problèmes de fatigue de sol sont aussi en fort développement, avec notamment la présence de Sclerotium rolfsii, qui attaque en période chaude. Cette maladie affecte principalement les cultures plantées par œilletons déjà infectés et placés dans les conditions chaudes et humides de la plantation, notamment avec l’irrigation gravitaire.

Contenus et régulés par les auxiliaires présents

Le puceron noir (Aphis fabae), le puceron de l’artichaut (Brachycaudus cardui)- vert clair à brun brillant- et le puceron vert de l’artichaut (Capitophorus horni)- vert à jaunâtre- ainsi que les noctuelles sont les principaux ravageurs de l’artichaut. Le puceron vert présent dès la plantation et à l’automne ne nuit généralement pas à la croissance végétative. Il peut être régulé par la faune auxiliaire essentiellement de prédateurs (chrysope, syrphe, coccinelle). « Il s’agit d’une prise de risque de la part du producteur qui doit observer et raisonner les interventions en fonction des parcelles. Mais sa présence, occasionnant rarement des dégâts, permet de maintenir une faune auxiliaire bénéfique par la suite », explique Gilles Planas. En effet, le puceron noir, le plus nuisible, prolifère entre les bractées des capitules ou à l’apex des jeunes plants au printemps. Il s’installe par foyers qui peuvent alors être contenus et régulés par les auxiliaires présents dans la culture. « Cet effet auxiliaire a pu être constaté dans le cadre des essais Ecophyto ferme et contribue à une réduction de l’IFT insecticides sur les parcelles observées », précise le technicien. « La démarche a même donné lieu à un échange intéressant avec les responsables commerciaux qui malgré la présence de pucerons dans les capitules ont commercialisé les lots issus de ces parcelles », mentionne-t-il.

Les chenilles phytophages, noctuelles défoliatrices et teigne de l’artichaut composent une grande famille de ravageurs présents toute l’année (Autographa gamma, Helicoverpa armigera…). Sur les variétés d’automne, H. armigera peut perforer les bractées des jeunes capitules. La noctuelle de l’artichaut (Gortyna xanthenes) est présente d’octobre-décembre et février. La chenille commence par grignoter l’épiderme des feuilles, pénètre dans la nervure, puis la tige en remontant dans le capitule où de grosses galeries sont formées. La tordeuse (Cnephasioa chrysantheana) s’observe de mi-février à avril. Les adultes pondent dans les haies de bordure. Les œufs éclosent à partir de janvier puis les larves se propagent sur les artichauts. Les chenilles âgées creusent des galeries dans les feuilles, puis pénètrent dans le cœur des capitules. Les dates d’arrivée peuvent légèrement changer selon les années, les premières apparitions se repèrent dans les parcelles entourées de haies. Les interventions contre les ravageurs se font sur les adultes avant la ponte ou sur jeunes chenilles dès observation en privilégiant les spécialités basées sur Bacillus.

Arrêt total des interventions en hiver

Enfin l’apion (Apion carduorum) est une problématique croissante. Les adultes de ce coléoptère pondent à l’automne (octobre/novembre) à la base des plantes. Les larves creusent des galeries dans les feuilles et les hampes des capitules, et causent des déformations au printemps. Pour être efficace, les traitements doivent être positionnés au début de l’installation des adultes (octobre), en localisé. Eviter le stress des plantes. Les essais menés à la Centrex en 2018 et 2019 montrent que les traitements ciblés contre ce ravageur en dehors de la période de ponte n’ont pas d’efficacité sur les dégâts observés au printemps. Malgré une large gamme de bio-agresseurs, la stratégie de protection de l’artichaut a évolué. Les observations menées depuis sept ans dans le cadre du réseau fermes Dephy Ecophyto (dix exploitations en Salanque) montrent que l’arrêt total des interventions phytosanitaires en hiver (décembre et janvier) est réalisable, sans observer de dégâts ou pertes sur les cultures (voir encadré).

Diminution des intrants

Dans le cadre de plusieurs dispositifs d’essais, financés conjointement par l’Europe, la Région Occitanie et l’Agence de l’eau, la Sica Centrex teste des modes de conduites innovantes afin de réduire l’utilisation des intrants (eau, phytosanitaires, engrais) et de maintenir des objectifs de rendements. Actuellement, les cultures sont menées sur paillage biodégradable avec une irrigation au goutte-à-goutte pilotée par des sondes tensiométriques. Aucun traitement contre les pucerons n’est fait entre août et mars, la présence de pucerons verts sur feuilles facilitant l’installation des auxiliaires. La lutte contre l’apion est ciblée uniquement fin octobre/début novembre, leur présence ou absence le reste de l’année n’étant généralement pas liée aux dégâts observés sur capitules.

Mildiou de l’artichaut

Le mildiou de l’artichaut apparaît à l’automne sur la face supérieure des feuilles sous forme de taches limitées aux nervures, jaunâtres pouvant évoluer jusqu’à la nécrose. Sa progression se fait des vieilles feuilles vers les plus jeunes. Le feutrage blanc sur la face inférieure est plus marqué que celui de l’oïdium. Sa présence peut être tolérée sur le feuillage. En revanche, au printemps, le champignon se développe sur les capitules entraînant des dégâts directs et des pertes commerciales équivalentes à celles du mildiou sur salade.

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