Maraîchage : de nouvelles pistes pour gérer l’enherbement
Le centre CTIFL de Carquefou a présenté ses programmes d’expérimentation pour les cultures de plein champ. Différents leviers agroécologiques sont à l’étude.
Le centre CTIFL de Carquefou a présenté ses programmes d’expérimentation pour les cultures de plein champ. Différents leviers agroécologiques sont à l’étude.

Le CTIFL de Carquefou (Loire-Atlantique) poursuit ses expérimentations sur les leviers agroécologiques de protection des cultures de plein champ contre les pucerons, les thrips et certaines maladies telluriques, ainsi que sur l’amélioration de la fertilité des sols, la nutrition des cultures et la gestion des adventices. Plusieurs essais sont menés notamment dans le cadre du projet Parsada (1) sur la gestion de l’enherbement, pour anticiper le potentiel retrait de substances actives et développer des techniques alternatives.
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Planter les légumes sur un sol nu non travaillé, enraciné et couvert par un mulch
L’une des pistes est la plantation des légumes sous divers couverts (végétaux, BRF, paille…). « L’idée est de planter les légumes sur un sol nu non travaillé, enraciné et couvert par un mulch, explique Loïc Fouyer du CTIFL. Les intérêts sont qu’il ne faut alors pas de travail du sol avant l’implantation de la culture, que l’érosion, l’évaporation et le développement des adventices sont limités et que la vie du sol est préservée. »
Une dérobée intégrant des céréales et des légumineuses permettant un rendement en biomasse de 10 ou 12 tonnes de matière sèche par hectare (t MS/ha) est semée à l’automne. Elle est coupée dix à quinze jours avant l’implantation de la culture, laissée à sécher, avec éventuellement un rajout de paille ou de BRF (bois raméaux fragmentés) si la biomasse du couvert est insuffisante. Pour la plantation, le CTIFL teste cette année la Mulchtech, machine mise au point par un maraîcher allemand, qui permet de planter des légumes dans un épais couvert de mulch. Les résultats seront connus en fin de saison, mais on sait déjà que la plantation de laitue et de poireau s’est bien passée.
Réduire le stock de graines d’adventices
Une autre piste étudiée est l’utilisation de carabidés granivores pour réduire le stock de semences d’adventices dans le sol. « Les carabidés sont présents dans tous les espaces agricoles, explique Jean-Charles Midon, ingénieur de recherche d'expérimentation au CTIFL. Certains sont granivores, comme les Amara, d’autres polyphages comme les Harpalus noirs ou verts. »
Dans un test de préférences alimentaires, l’espèce Amara a mangé 40 graines d’adventices en trois jours, l’Harpalus noir plus de 50 graines et l’Harpalus vert 15 graines. Les graines les plus consommées par Amara sont le laiteron (68 % des graines consommées) et le pâturin (21 %). L’Harpalus vert a consommé 46 % de pâturin, 26 % de laiteron et 11 % de morelle. Et l’Harpalus noir a consommé 43 % de laiteron et 14 % de pâturin, mais aussi 18 % de graines de pourpier, adventice très problématique dans la région, 9 % de morelle et 9 % de chénopode blanc. « La piste est donc très encourageante », souligne Jean-Charles Midon.
Des essais sur le terrain d’apport de carabidés ont été engagés. D’autres essais seront menés dans le cadre de Parsada sur le désherbage mécanique ou laser, la densification et la diversification des cultures, la connaissance des cycles biologiques des adventices, notamment pourpier, ray-grass italien, amarante réfléchie et chénopode blanc, le biocontrôle, la pulvérisation localisée, l’hydromulching, l’amélioration de la désinfection vapeur, les faux-semis, l’occultation…
(1) Plan d’action stratégique pour l’anticipation du potentiel retrait européen des substances actives et le développement de techniques alternatives pour la protection des cultures.
Des porte-greffes contre le transfert de pesticides
La Dieldrine, insecticide interdit depuis 1972, se retrouve encore dans les sols et parfois dans les fruits de cucurbitacées. Plusieurs techniques sont envisagées pour éviter ces transferts, notamment l’apport de biochar, pour séquestrer la dieldrine, des plantes bioaccumulatrices, ou encore le matériel végétal. En courges, le greffage semble notamment permettre d’éviter le transfert dans les fruits. Les essais au CTIFL de Carquefou ont montré l’intérêt en particulier de deux porte-greffes, qui sont encore à l’essai en 2025.