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Les films plastiques boostent la production d'asperge

Les films plastiques sont à la base de gains de précocité et de rentabilité très importants. Leur multiplication offre de nombreuses combinaisons qu’il faut manager. Leur usage a aussi un coût, de plus en plus important, qu’il faut aussi maîtriser.

L’utilisation des films plastiques est un moyen d’améliorer les rendements d’une aspergeraie. Selon le circuit de commercialisation visé, leur usage permet des gains de précocité de récolte mais aussi un étalement de la production. Les films plastiques agissent d’abord sur la température du sol. L’élévation de la température dépend de la température ambiante mais surtout de l’ensoleillement et de l’intensité lumineuse qui passent à travers les paillages thermiques. La température est un élément déterminant de la croissance de l’asperge.

A lire aussi : Comment bien gérer la température de la butte pour optimiser la production

Les données physiologiques indiquent que l’asperge se réveille lorsque la température atteint 11°C à 10 cm en dessous du plateau racinaire pour les variétés précoces (Darlise, Vitalim etc.), à 12°C pour les variétés de moyenne saison et 13°C pour les variétés tardives. La température a également une influence directe sur la productivité. En début de saison, un degré Celsius gagné à partir du réveil de la plante permet de récolter 30 kg/ha/jour en plus. En milieu de saison, ce sont 10 kg/ha/jour. En revanche, si la température dépasse 25°C à 10 cm en dessous du plateau, la baisse de rendement peut être de l’ordre de 10 %. Au dessus de 35°C, l’activité de production est quasi nulle.

De +6°C à -2°C selon les paillages

Chaque plastique et association de plastiques apportent donc un gain de production. Selon des observations allemandes, le gain moyen de température au mois de mars peut varier de + 6°C avec un film thermique 35 µm associé à un film mini-tunnel avec arceaux, à -2°C avec un film noir et blanc traditionnel 100 µm mis sur le côté blanc, le film noir et blanc traditionnel 100 µm servant de témoin avec 0°C de gain. Ainsi, le type de paillage a une influence sur le calibre des asperges. Plus le paillage est thermique, plus le calibre des asperges peut devenir important. Il convient donc d’éviter de trop forcer des variétés à gros calibres comme Grolim, Herkolim notamment. L’inverse est aussi vrai, il faut donc éviter de retarder la production, avec des bâches blanches sur des variétés du type Gijnlim.

Une « plage de température de confort »

 
Graphique 1 © C. Befve

Selon les données compilées par Christian Befve, consultant asperge, l’optimisation des différentes associations de couverture plastique permet de multiplier par deux les rendements (voir graphique 1). La température dans la butte est très importante pour la croissance de l’asperge, pour la quantité récoltée et la qualité des turions. Selon les données établies, l’asperge doit être dans une « plage de température de confort », entre 18°C et 20 °C à 20 cm sous le haut de la butte. En dessous, l’asperge pousse peu.

A lire aussi : Asperge : comment bien gérer la température de la butte pour optimiser la production

Au-dessus, les problèmes de qualité du turion apparaissent (rosissement, fleurissement). Les données fournies par Engels Machines démontrent qu’il est possible de réguler la température de la butte en manageant les différents plastiques et leur positionnement. Le management des plastiques est conduit en fonction de la température de la butte. Cette gestion est soumise à différentes influences et selon différents objectifs : recherche de précocité, réduction des pics de production, étalement de la production, régularité de la qualité… meilleure gestion de la main-d’œuvre.

 

Jouer sur les différentes configurations des films

 
Graphique 2

L’augmentation de la température dans la butte est liée au rayonnement qui atteint la butte. Celui-ci peut être modulé de diverses manières. Engels Machines a ainsi défini six combinaisons d’installation de trois films de paillage pouvant influencer l’augmentation de température dans la butte. En prenant comme base 100 pour la configuration mini-tunnel + plastique noir, le graphique 2 montre un gradient décroissant de l’effet thermique de différentes combinaisons. On peut noter que dans tous les cas la face blanche réduit le plus l’effet thermique de l’ensoleillement. Mais on ne peut pas dire qu’elle refroidit la butte.

Ce management des différentes couvertures plastiques peut se réaliser lors de la récolte avec des machines d’assistance sans supplément de temps de travail. La régulation de la température dans la butte demande une anticipation en observant la température dans la butte et en tenant compte des paramètres climatiques à venir (température, ensoleillement, pluie…). Ainsi, Engels Machines a défini des critères de management et propose un service de gestion des plastiques.

Grouper la production

Il montre qu’il est possible de modérer la température de la butte dans la zone de confort de la plante, 18°C à 22 °C, en jouant sur les différentes configurations des films. Selon Engels Machines, qui a travaillé à établir ces données, une température plus stable sur 24 h réduit le pourcentage de tiges creuses. Ce problème qualitatif apparaît lorsque l’écart de température entre le haut de la butte et le plateau racinaire est supérieur à 4°C. Les différents films plastiques ne servent pas qu’à gagner en précocité.

Sur une variété tardive (ex Backlim), il est également possible d’utiliser une combinaison de films performante pour grouper la production et limiter la période de récolte afin d’allonger la période de végétation de la plante. Devant l’importance stratégique des films plastiques, les fabricants ont élargi leur gamme avec des films de plus en plus spécifiques et de plus en plus techniques. L’épaisseur des films est en train d’augmenter avec comme raison principale le sens de la pose sur l’arceau. Selon Daios, le film posé perpendiculairement nécessite une épaisseur de 50 microns pour assurer leur maintien. En revanche, un film posé parallèlement à l’arceau doit avoir une épaisseur plus importante de 70 microns.

 

Des « solutions de compromis »

Avec le développement des machines de récolte, cette technique de mini-tunnel est en fort développement car elle permet d’utiliser deux couches plastiques sans augmenter le temps consacré à la pose et à la dépose des films. Alors que le bâchage et le débâchage des films posés perpendiculaires aux arceaux augmentent de 30 % de temps de récolte. La course à la précocité qu’a engendrée l’utilisation des films plastiques a un coût. Il se chiffre en additionnant les coûts des films plastiques, l’amortissement des arceaux et des machines de récolte, le coût du remplissage des films à ourlet (estimé à 0,12 euros en France), la pose et dépose, le stockage… et le coût du recyclage qui ne fera qu’augmenter.

Pour cela, certains fabricants proposent des « solutions de compromis » entre précocité et facilité d’utilisation en soudant ensemble un plastique noir/blanc à ourlet et un plastique thermique. Ce double film créé un espace d’air entre le film noir/blanc et le film thermique qui joue le rôle de matelas et permet de chauffer la butte. Ce double film peut être posé sur des arceaux avec un nouvel effet isolant entre le film et la butte. Cette zone permet une condensation de l’humidité de l’aire qui permet de réhumecter la butte.

Enrichi en agents stabilisateurs UV

Selon Europlastic, fabricant de ce film, le film thermique est enrichi en agents stabilisateurs UV afin d’augmenter sa durée de vie et la rendre équivalente à la bâche noire/blanche. Les deux films associés présentent également une meilleure résistance aux manipulations qui permet d’allonger la durée de vie de la bâche. De plus, lors de la mise en œuvre de la bâche, elle ne nécessite qu’un seul remplissage d’ourlet. C’est aussi moins de rouleaux de stockage après récolte. Europlastic parle donc d’un film économe.

Dans sa gamme de films de paillage, Reyenvas propose un film 7 couches grâce à une technologie permettant d’intercaler une couche thermique à l’intérieur du film noir/blanc. L’association des propriétés permet gagner trois à cinq jours de précocité par rapport à un film noir/blanc classique. Ce film unique limite le coût de remplissage d’ourlets, de manipulation, puis de stockage. Le film 7 couches est plus épais (175 microns) et plus résistant. L’évolution tend donc vers des films plus épais qui seront aussi plus résistants.

Leur durée de vie sera rallongée, ce qui permet d’apporter une solution partielle au problème de recyclage des plastiques. L’allongement de la durée de vie des films, également proposé chez Daios, permet d’augmenter les années d’amortissement du film et de réduire le coût des taxes de récupération et les difficultés d’élimination. Les plastiques savent également se faire plus discrets. Pour cela, des fabricants comme Daios et Reyenvas proposent des films verts/blancs pour mieux s’intégrer dans le paysage. Selon Daios, ces films permettraient également un gain de température par rapport au film noir/blanc.

Anticiper pour réguler la température

 
La variations des faces (noire ou blanche) des plastiques à ourlets permet de réguler la température dans la butte. © RFL

Le sol et la butte ont une inertie thermique et un effet tampon sur l’évolution des températures sous paillage. Il faut donc anticiper les changements de face en fonction des conditions météorologiques mais aussi de la stratégie de production définie. Ainsi, il est établi que : le paillage noir chauffe plus que le blanc ; le paillage blanc permet de limiter la température dans la butte malgré une légère augmentation de température mais ne refroidit pas la butte.

Après le plastique noir + tunnel ou thermique qui apportent le plus de thermicité, il est nécessaire d’anticiper bien avant d’atteindre des trop fortes températures dans le sol. Aussi, pour réguler la température de la butte de manière modérée, il vaut mieux utiliser la face blanche et conserver l’autre plastique sur le tunnel, plutôt que sortir le plastique du tunnel et ne garder que le noir. Cette deuxième technique entraîne trop d’amplitude de température dans la butte. L’opération inverse peut également s’envisager, notamment de début de récolte, lorsqu’une période de refroidissement est annoncée. Dans ce cas, l’objectif est de réaccumuler de la chaleur dans la butte.

 

4 stratégies de production

Les plastiques peuvent être une composante de la stratégie de production d’asperge selon que l’on vise une récolte précoce, tardive, groupée ou étalée.

1 Précoce : planter une variété précoce à faible profondeur avec plusieurs plastiques et mini-tunnels

2 Tardive : planter une variété tardive en profondeur et couvrir avec un plastique blanc

3 Groupée : réguler la température du sol au niveau du plateau racinaire (entre 18 et 21°C) selon les variétés en manageant les différents films plastiques

4 Etalée : planter plusieurs variétés à différentes profondeurs et utiliser plusieurs combinaisons de films plastiques

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