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Changement climatique : le sud de l’Espagne développe des solutions alternatives

L’évolution du climat est aussi un sujet de préoccupation pour les pays producteurs européens. Exemple en Espagne avec l’Andalousie et la région de Murcia.

Certains modèles climatiques prédisent des températures dans le sud de la France proches de celles que l’on connaît dans le sud de l’Espagne. Qu’en sera-t-il alors à la même période en Andalousie ou en Murcie, régions importantes de productions fruitières et légumières ? De l’autre côté des Pyrénées, les mêmes thèmes, les mêmes inquiétudes pointent : diminution des ressources en eau, augmentation des températures avec leur cortège d’impacts sur les productions (baisse de l’acidité en agrumes par exemple).

Durant le colloque Fruit 2050 portant sur le changement climatique à l’occasion de la dernière édition du Sival, David Ruiz Gonzales, chercheur au Cebas-CSIS (Centre d’agrologie et de biologie appliquée de Segura-Conseil supérieur de la recherche scientifique), a expliqué la situation dans la région de Murcie. « Le changement climatique a des effets désastreux sur les systèmes agricoles méditerranéens, les espèces des fruits à noyau cultivées dans les régions chaudes étant particulièrement affectées, avec des conséquences tout à fait néfastes sur la productivité », a-t-il indiqué en préambule avant de détailler les travaux menés dans la région, dans le cadre d’un projet baptisé « Adaptation de la filière des fruits à noyau au changement climatique ».

Nouvelles variétés et cartographie

Le projet porte sur deux axes principaux. Le premier concerne la recherche de nouvelles variétés d’abricots pouvant s’adapter à la nouvelle donne climatique. Daniel Ruiz Gonzales a ainsi évoqué deux nouvelles variétés : Cebas Red et Cebas Primor caractérisées par un faible besoin en froid, ce qui les rend aptes à être cultivées avec peu de froid hivernal.

« L’autre partie de notre stratégie consiste à l’identification et à la caractérisation de zones géographiques spécifiques. La région de Murcie, où l’on rencontre tous les types de climat, est un bon modèle pour ce développement. Notre objectif est de pouvoir établir une cartographie de la production de froid sur la région afin de conseiller la plantation d’abricotiers de façon très précise. D’une certaine manière, il s’agit ici de croiser un cultivar avec une zone spécifique de production », détaille Daniel Ruiz Gonzales en ajoutant : « Bien évidemment, nous travaillons aussi sur d’autres thèmes : l’usage des bio-stimulants ou celui de filets anti-chaleur, qui donne déjà de bons indicateurs : nous avons pu enregistrer des baisses de température l’ordre de 15 à 20 % en les utilisant dans un verger test. »

Un plan d’action climatique en Andalousie

Autre cas de figure : l’Andalousie. Pour Juan Luis Maldonado Borrego, conseiller technique au secrétariat du ministère de l’Agriculture, de l’Elevage, des Pêches et du Développement durable de la Junta de Andalucía, trois éléments clés vont conditionner la production de fruits et légumes dans cette région : « La diminution des précipitations affectera principalement la disponibilité de l’eau, ce qui aura des conséquences directes sur les plantations et sur l’irrigation. L’augmentation de la température aura trois effets principaux : les mauvaises récoltes dues au manque de froid, les changements dans la phénologie des cultures et l’augmentation des événements de température extrême pendant les phases critiques de la culture (comme la floraison). Enfin, l’augmentation de la concentration de CO2 dans les cultures de fruits et les cultures horticoles cultivées a pour effet une augmentation de la photosynthèse et de l’efficacité de l’utilisation de l’eau ».

En 2007, le gouvernement régional andalou a réalisé le Plan d’action climatique qui inclut différentes stratégies d’adaptation. Elles ont été évaluées pour assurer la durabilité de l’agriculture andalouse.

En outre, l’Ifapa, un organisme de recherche autonome appartenant au ministère de l’Agriculture, de l’Élevage, de la Pêche et du Développement durable de la Junta de Andalucía, travaille sur le sujet au travers de projets tels qu’InnovaNuts ou AdaptaClima. Sur son site d’Alameda del Obispo, près de Cordoue, l’organisme teste de nouvelles techniques pour les amandiers. Les modèles de simulation portent essentiellement sur les cultures d’amandes et d’olives. « Dans le cas de l’horticulture, nous travaillons toujours sur la modélisation du futur comportement de ces cultures, en espérant avoir les premiers résultats en 2020 », précise Juan Luis Maldonado Borrego.

L’avenir de la filière dépend de sa capacité à s’adapter

Dans tous les cas, ce contexte de changement climatique rendra indispensable l’accroissement des services de conseil et de formation pour les agriculteurs, étant donné que la gestion des plantations sera plus complexe car elle aura recours à des stratégies spécifiques d’irrigation déficitaire adaptées aux conditions climatiques, celles des sols, des cultures.

L’Andalousie aussi devra prendre en compte de nouvelles variétés moins exigeantes en matière de froid et utiliser des systèmes de capteurs pour monitorer le suivi des cultures.

« L’avenir de la filière andalouse de fruits et légumes dépendra de la capacité des producteurs à s’adapter aux changements. Si l’efficacité de l’utilisation des ressources en eau est meilleure et qu’une sélection adéquate de variétés est effectuée, les impacts du changement climatique sur l’agriculture andalouse peuvent être faibles. Sinon, elle aura de sérieux problèmes de pérennité », conclut Juan Luis Maldonado Borrego.

2080 : des cerises au cœur de la Finlande

Le très sérieux Institut des ressources naturelles de Finlande (Luke) étudie actuellement la possibilité de produire dans le « pays du Père Noël » des fruits et légumes qui habituellement ne sont pas rencontrés sous ce genre de latitudes plutôt renommées pour sa neige en hiver (ou ses moustiques en été) et ses températures régulièrement en dessous de zéro. Et cela, bien évidemment, à cause du changement climatique. Selon les scientifiques de Luke, l’automne finlandais devrait s’allonger et les températures hivernales être moins rigoureuses. L’institut estime que la température devrait augmenter de 2 à 7 °C d’ici 2080. Du coup, ses scientifiques pensent que certaines productions déjà existantes, comme la pomme pourraient remonter plus au nord vers le cercle article, et que d’autres, comme la poire, connaîtraient un fort développement. De nouvelles variétés pourraient être aussi introduites : la pêche, l’abricot, le raisin, l’aubergine, voire la cerise.

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