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Champs de Légumes fait monter en gamme sa production de carottes

L’entreprise familiale Champs de Légumes, installée à Foreste (Aisne), qui a misé sur la différenciation gustative, achève un premier cycle de développement. Elle élabore déjà une deuxième phase stratégique de croissance.

« Nous avons chacun notre ferme et nous gérons d’autres exploitations. Nous sommes agriculteurs, gestionnaires d’exploitations, expéditeurs de fruits et légumes, mais aussi pré-transformateurs », résume Augustin d’Hérouël, à la tête avec son cousin Matthieu d’Hérouël de Champs de Légumes. En 2016, lorsqu’il reprend l’exploitation de son père, Augustin d’Hérouël élabore une stratégie globale pour faire entrer l’entreprise familiale dans une nouvelle dimension. Pour cela, il s’appuie sur ses dix années passées dans la grande distribution en tant que responsable des achats et responsable de marque distributeur pour trois enseignes différentes.

Sa connaissance fine des attentes du consommateur final est un atout pour construire un projet novateur. « J’avais conscience que nous avions une très belle exploitation, toute l’idée était de se différencier. Il n’y avait aucun intérêt à devenir un acteur de plus », pointe-t-il. Si Champs de Légumes produit 1 million de céleris, 4 500 tonnes de pommes de terre et 25 tonnes de navets, c’est sur le secteur de la carotte (9 000 tonnes) que la structure tire son épingle du jeu en ayant réalisé une montée en gamme. Aujourd’hui sur un marché national, l’entreprise veut exporter.

« Les clients choisissent nos barquettes »

Avec son concept de différenciation gustative, Champs de Légumes entend bousculer les codes dans le métier de la carotte. « Je ne m’étendrai pas sur le process qui est notre marque de fabrique, mais globalement, lorsque nous avons trouvé un produit qui répondait aux attentes en matière de fraîcheur, de goût et de santé, nous sommes allés démarcher la filière », raconte l’agriculteur. Jugeant la majorité des variétés « très belles, mais amères » et avec « un goût d’eau », l’entrepreneur a souhaité proposer à ses clients une carotte légère, sucrée et au goût prononcé.

« Râpée ou à la vapeur, vous sentez la différence. Nous organisons chaque année des tests avec nos clients et nous obtenons des résultats concluants », poursuit-il, évoquant des ventes de barquettes multipliées par six dans certaines enseignes. « Il y a un rachat. Les clients choisissent nos barquettes », se félicite Augustin d’Hérouël qui travaille avec des GMS comme Système U, Monoprix, Franprix, Leclerc et des grossistes.

Entre tradition et industrie

Pour répondre à la demande, Champs de Légumes s’appuie sur une approche traditionnelle de la culture et outil de production industriel incarné par la création d’une station légumière. Chaque année, l’entreprise a investi massivement dans des machines neuves ou d’occasion jusqu’à la création d’un site robotisé. « Cela nous a permis d’augmenter la productivité et la régularité tout en optimisant les écarts de tri », note l’agriculteur qui assure : « Sur la station, nous sommes arrivés au top niveau, à mon sens, on ne peut pas faire mieux aujourd’hui en matière de process ».

 

Entre les fermes et la station légumière, Champs de Légumes compte 30 collaborateurs. Un chiffre qui peut monter à 40 en haute saison, de janvier à mai. Face au manque de main-d’œuvre, l’entreprise privilégie la formation interne et la montée en compétences de ses salariés. « Avec de l’intelligence et du courage, je suis persuadé que l’on peut occuper n’importe quel poste. Nous avons fait le choix de faire beaucoup évoluer nos collaborateurs sur les fermes ou la station. Sur les postes d’encadrement par exemple, plus de la moitié ne sont pas diplômés », souligne Augustin d’Hérouël qui a créé cette année deux postes de responsable qualité et s’apprête à étoffer les services commerciaux et comptables.

Une entreprise en croissance

Un renforcement des équipes qui doit accompagner la montée en puissance de Champs de Légumes qui enregistre une croissance annuelle de 30 % depuis sa création en 2018. « La stratégie à long terme, c’est de développer nos volumes et d’entrer dans le top 5 des opérateurs du légume en France », indique l’agriculteur. Une évolution de la gamme et des volumes qui doit se faire en fonction des opportunités de marchés, mais aussi de la R & D, autre marque de fabrique de l’entreprise.

« Nous allons sortir des nouveautés dans quelques mois, d’autres dans un an. Chaque année, Champs de Légumes proposera de nouveaux produits en légumes traditionnels frais ou en légumes travaillés pour répondre aux attentes du consommateur », dit encore Augustin d’Hérouël qui en plus du marché français a noué des contacts avec Israël, l’Espagne, le Portugal ou encore l’Italie. En outre, l’entrepreneur fait partie de la première promotion de l’Accélérateur Croissance Hauts-de-France porté par la Région et BPIFrance dédié aux entreprises ambitieuses du territoire. « C’est l’occasion de réfléchir à l’amélioration de notre organisation et de penser la stratégie à moyen et long termes, notamment comment la partager avec mes partenaires et les salariés. C’est essentiel pour fédérer toute l’équipe », conclut Augustin d’Hérouël.

Lorsque nous avons trouvé un produit qui répondait aux attentes en matière de fraîcheur, de goût et de santé, nous sommes allés démarcher la filière

Parcours

1630 Première trace écrite évoquant l’exploitation familiale

2016 Augustin d’Hérouël reprend l’exploitation de son père

2018 Création de Champs de Légumes

2021 1 200 hectares en culture : 1 million de céleris, 9 000 t de carottes (pour le marché du frais), 4 500 t de pommes de terre et 25 t de navets.

Une approche traditionnelle de la culture

 
Champs de Légumes cultive 1 200 hectares et emploie 30 personnes, 40 en haute saison. © Champs de Légumes

« Nous avons un dicton familial qui dit que nous empruntons la terre de nos enfants », explique Augustin d’Hérouël qui a recruté un ingénieur agronome dès 2016. « Il nous aide à progresser pour que les terres s’améliorent et qu’elles se renforcent », ajoute-t-il. Replantation d’arbres, de haies, système d’irrigation par rampe pour éviter l’érosion des sols, labour a minima, jachères fleuries, rotations de culture tous les huit ans…

Champs de Légumes veut avant tout protéger ses sols. « Il y a eu différentes époques pour l’agriculture. Aujourd’hui, on réfléchit différemment, nous sommes sur du rationnel : nous avons conservé le savoir-faire agricole ancestral, tout en apportant une organisation industrielle », observe Augustin d’Hérouël. Une démarche que Champs de Légumes a décidé de valoriser auprès de ses clients en faisant formaliser ses pratiques par des labels qualité. « Nous sommes aux deux tiers en Haute valeur environnementale 3 et 100 % « Demain la terre ». En travaillant avec la grande distribution, nous avions un vrai besoin de communiquer sur notre savoir-faire », conclut-il.

 

Les modes de consommation à la loupe

 

Champs de Légumes mise sur la carotte gustative. © Champs de Légumes

Cinq ans après son arrivée, Augustin d’Hérouël confie être aujourd’hui dans une phase « d’atterrissage ». S’il estime qu’il faudra encore un an ou deux pour stabiliser l’organisation de l’entreprise, il se satisfait des premiers résultats. « Nous sommes dans la vérité », dit celui qui se lance déjà dans de nouveaux projets. « Je réfléchis actuellement aux nouveaux modes de consommation. Nous sommes plusieurs à nous intéresser à cette question, nous verrons ce qu'il en sortira », lance-t-il.

L’entrepreneur souhaite aujourd’hui investiguer de nouveaux marchés pour contrer la baisse de la consommation de légumes frais observée ces dernières années. A l’écoute du secteur, Augustin d’Hérouël et ses partenaires observent attentivement les mouvements de leurs concurrents. « Il y a de nouveaux produits qui fonctionnent, d’autres pas. Nous regardons. Nous allons aussi visiter des magasins à l’étranger pour comprendre l’évolution des attentes des consommateurs. L’objectif est de cerner les besoins en termes de facilité de consommation mais aussi gustatifs », confie-t-il.

 

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