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Poireau : des biostimulants à base d'algue en évaluation

En évaluant l’ajout de biostimulants ou d’adjuvants à base d’algues à des fongicides, le projet Apostim vise une culture de poireau saine, compétitive et à bas intrants fongicides.

Le projet Apostim évalue des produits algaux pour renforcer une gestion délicate des maladies du poireau, comme ici le mildiou.
Le projet Apostim évalue des produits algaux pour renforcer une gestion délicate des maladies du poireau, comme ici le mildiou.
© Sileban

Depuis deux ans, le projet Apostim évalue, sur deux bassins de production de la Manche, l’ajout de biostimulants ou d’adjuvants à base d’algues, aux spécialités commerciales fongicides avec comme objectif d’améliorer les rendements et la qualité sanitaire des cultures de poireaux. « Le pari pris par ce projet est de faire évoluer les itinéraires techniques de production de poireau en intégrant l’utilisation de spécialités commerciales à base de ressources naturelles et renouvelables », explique Franck Vial, responsable du projet au Sileban.

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En effet, l’action de biostimulation connue de certains composés algaux peut améliorer la résistance de la plante face aux stress abiotiques (stress hydrique, salin, tolérance aux variations climatiques, etc.), avec pour objectif une plante moins sensibilisée par diverses agressions. Les composés hydrocolloïdes, extraits des parois des algues brunes, peuvent quant à eux présenter des propriétés filmogènes, avec pour objectif une amélioration des effets de contact entre la plante et le produit phytosanitaire associé.

Une capacité à limiter les dégâts foliaires

Les extraits algaux biostimulants testés dans le cadre d'Apostim sont produits selon les objectifs définis puis caractérisés par Algaia. « Notre entreprise est l’un des premiers transformateurs d’algues fraîches françaises en volumes d’Europe. Nous pouvons donc garantir un approvisionnement régulier et de qualité en matières premières, visant notamment la commercialisation de produits homogènes et standards, facteurs clés, même si bien souvent négligés, pour une efficacité systématique et optimale de ces extraits naturels », témoigne Franck Hennequart, cofondateur et directeur recherche et innovation d’Algaia.

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Les extraits formulés sont envoyés au Sileban où la capacité à appliquer ces extraits sans difficulté avec des pulvérisateurs agricoles (stabilité, aptitude aux mélanges et à la pulvérisation…) y est appréciée. « Après validation, nous évaluons les effets d’application de ces produits « candidats » sur le rendement et la qualité des poireaux, notamment la capacité à limiter les dégâts de pathogènes foliaires comme la rouille, le mildiou, l’alternaria », précise Franck Vial. Enfin, les contrôles effectués par le laboratoire d’analyses Labéo permettent de mettre en évidence l’impact éventuel de l’utilisation des produits algaux sélectionnés sur la stabilité des bouillies fongicides et sur les résidus de pesticides présents dans les produits récoltés.

Une tendance à de plus forts rendements

En 2019, cinq extraits d’algues ont été caractérisés : trois extraits de nature biostimulants (utilisés à 1 %), et deux extraits enrichis en alginates et utilisés à 15 % en mélange dans les bouillies. Les essais agronomiques ont été conduits sur le site du Sileban sur trois variétés de poireaux (Poulton, Aylton et Pluston). L’itinéraire de protection des cultures comprenait cinq produits fongicides différents pour huit substances actives ciblant les pathogènes rouille, alternaria et mildiou. Lors de cette première année d’essai, un effet bénéfique de stabilisation de certaines bouillies fongicides a pu être mis en avant avec des produits riches en alginates par rapport à une bouillie « non adjuvantée ».

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« Les premiers résultats obtenus en 2019 ont tendance à montrer un effet positif de l’utilisation d’extraits d’origine naturelle à base d’algues pour favoriser le rendement et la qualité des cultures », commente le spécialiste. Ainsi, trois stratégies associant les biostimulants à base d’algues ont eu une tendance à de plus forts rendements pour la variété Pluston, affectée dans sa croissance suite aux fortes pluies automnales et à des périodes d’asphyxie racinaire répétées. La réduction de symptômes de mildiou, bien que non significative a été décelée pour chaque variété, ce pour deux stratégies.

Une volonté d’homologation des meilleurs candidats

En 2020, quatre nouveaux essais ont été menés sur les terroirs de la Côte Ouest et du Val de Saire avec pour objectif l’homologation future, en tant que biostimulants voire biocontrôle, des meilleurs candidats. Quatre des cinq extraits d’algues testés en 2019 ont été maintenus et une nouvelle formulation a intégré deux essais en Val de Saire. Le mode d’action de cette formulation permet de raisonner des applications uniquement en première partie du cycle de culture, bien en amont de l’apparition des pathogènes. Grâce au raisonnement des calendriers d’applications, les itinéraires de protection à doses réduites – soit 50 à 70 % de la dose homologuée - ont permis de maintenir un niveau jugé satisfaisant de qualité jusqu’à octobre, y compris sans adjonction d’extraits d’algues.

La qualité s’est ensuite fortement dégradée en lien avec des conditions pluvieuses et l’incapacité de tenir les plannings de traitements prévisionnels. En ce qui concerne les extraits algaux, le produit intégré en 2020 a présenté les meilleures capacités pour les objectifs visés. « Au vu des résultats de cette année, cette formulation encore expérimentale permet un meilleur comportement de la culture, notamment par rapport au mildiou. Résultats à confirmer puisqu’il s’agit du produit pour lequel notre recul est le plus faible ! », témoigne Franck Vial.

Tiré de Jardins du Littoral n°154

Limiter le recours aux intrants

Le projet Apostim (2019-2021) concerne l’« Etude de l’efficacité d’ingrédients biostimulants d’origine algale et intérêt de leur utilisation pour limiter le recours aux intrants fongicides en culture de poireau ». Il est issu d’un partenariat entre Algaia, le Sileban et Labéo et financé par la Région Normandie et le Feader dans le cadre du partenariat européen pour l’innovation (PEI). Le projet a été déposé à l’initiative d’Algaia, acteur de l’agrofourniture possédant une forte expertise sur les algues et les spécialités à base d’extraits d’algue. La volonté d’Algaia de développer des spécialités commerciales en collaboration étroite avec la filière légumière normande a retenu l’attention du Sileban pour un travail sur cultures légumières, et en premier lieu sur une culture majeure, celle du poireau.

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