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Dans le Tarn-et-Garonne, Damien Garrigues met un coup de jeune à la production de pommes

Depuis son arrivée dans le Gaec familial, Damien Garrigues a beaucoup investi. Un coup de jeune à l’image de sa structure commerciale Novapom où sept autres producteurs partagent sa passion de l’arboriculture.

Damien Garrigues est l’un des huit producteurs indépendants de l’organisation de producteurs (OP) Novapom, située dans le Tarn-et-Garonne. Une OP particulièrement jeune puisque six de ses huit membres ont moins de 40 ans. Une jeunesse qui se ressent tant dans la dynamique de Novapom que dans celle du Gaec Cart Albapom de Damien Garrigues. Depuis son arrivée en 2018 dans le Gaec familial, la station de conditionnement a été entièrement refaite, l’entreprise a réinvesti dans des chambres froides, cinq plateformes de récolte Harvery ont été achetées et une partie des vergers a été convertie en bio.

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« Nous produisons 4 500 tonnes de pommes par an et nous stockons toute notre production sur place », témoigne le jeune entrepreneur. Huit variétés sont conduites en PFI (Production fruitière intégrée) : Braebrun, Gala, Golden, Granny Smith, Ariane, RedChief, Fuji et Story, et trois autres en agriculture biologique : Opal, Dalinette et Red Love (voir encadré), le tout sur 65 hectares. « A mon arrivée, les machines de précalibrage étaient trop vieilles et les bâtiments trop justes pour traiter tout notre volume, constate l’arboriculteur. Nous avons donc décidé d’investir. »

Du stockage en extrême ULO

La construction du nouveau bâtiment de la station et l’achat d’un précalibrage de quatre lignes ainsi que cinq lignes de conditionnement de la société MAF, voisine de l’exploitation, ont coûté près de deux millions d’euros. S’y est ajouté l’investissement d’un million, pour pouvoir stocker 3 000 à 3 500 t dans 15 chambres en atmosphère contrôlée et extrême ULO, HD Cold. « Nous pouvons diriger la température, l’humidité, les taux d’oxygène, de dioxyde de carbone et d’éthylène », détaille le producteur. Ces équipements permettent à l’entreprise de vendre des pommes toute l’année via Novapom mais aussi un peu en vente directe.

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« Ma famille produit sur ce site depuis des générations et il y a toujours eu de la vente directe, nous avons voulu continuer cette vente de proximité », raconte Damien Garrigues. A l’entrée de l’exploitation, les clients fidèles de la famille Garrigues peuvent retrouver des pommes, des jus et pétillants de pommes dans un distributeur automatique fonctionnant 24 heures sur 24 heures et 7 jours sur 7. « Certaines variétés comme l’Opal, ou dans le futur Dalinette, sont spécifiquement produites pour la vente directe ». Mais la majorité de ses volumes sont vendus via Novapom pour le marché français, européen et international.

Quatre types de marché de la France au grand export

L’OP tarn-et-garonnaise commercialise en tout 27 000 t (perspective de 30 000 t en 2025) de 14 variétés de pomme mais aussi 400 t de poires, 600 t de prunes et 50 t de cerises. C’est le deuxième metteur en marché en pommes du Tarn-et-Garonne après Bluewhale. En plus des variétés produites par Damien, la coopérative propose des Chantecler, des Canada, des Reine des Reinettes, des Pink Lady et des Reinette de Brive (ou Sainte-Germaine). Au sein de Novapom, chaque exploitation est indépendante et possède ses propres équipements de stockage et de conditionnement.

« Nous commercialisons sur quatre types de marché, détaille Franck Giusti, responsable commercial de Novapom. Près de 11 000 t sont destinées au marché français, pour des clients de la grande distribution, des grossistes organisés, ou des grossistes indépendants sur des marchés de gros. Environ 7 000 t sont vendues sur les marchés de la Grande Bretagne, l’Irlande, la Hollande, l’Espagne et le Portugal. » Pour le grand export, le bureau de vente est associé à Gerfruit Milord (Sarthe) et Provence Comtat (Vaucluse) au sein de la société Harmonie.

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Un peu plus de 5 000 t sont expédiées chaque année vers le Moyen-Orient, l’Asie du Sud-est, l’Amérique latine et l’Afrique. Enfin 4 000 t sont destinées aux entreprises de la transformation via la Sica Sival. Tous les fruits produits par les producteurs de Novapom sont labellisés vergers écoresponsables, HVE depuis 2020, GlobalGap Grasp, indispensable pour l’export hors France, British retail Consortium (BRC) pour la vente aux enseignes de la grande distribution du Royaume-Uni. Une partie des pommes Story, 15 ha, sont aussi conduites en agriculture biologique. Des labels qui demandent aux producteurs une évolution constante de leurs pratiques tant en verger qu’en station.

Depuis l’arrivée de Damien Garrigue, la station de conditionnement a été entièrement refaite, l’entreprise a réinvesti dans des chambres froides, cinq plateformes de récolte Harvery ont été achetées et une partie des vergers a été convertie en bio.

 

Le choix du bio sur Red Love

Damien Garrigues est l’un des premiers producteurs français à produire des pommes Red love en agriculture biologique. Il en a planté 4 ha en 2020. Cette pomme rouge à chair rouge, résistante tavelure, peu sensible aux ravageurs se prête bien à ce mode de conduite. Les distances de plantation doivent cependant être resserrées car le potentiel de tonnage est faible. Elle se récolte fin septembre et son potentiel de conservation est court, jusqu’à décembre, et doit être évalué en agriculture biologique. Cette variété club est mise en marché en France par la Sica Pom’Alpes. Elle est produite actuellement sur 80 ha en France. La stratégie commerciale est de rester sur un marché de niche.

Parcours

1984 : création du Gaec du Cart par son père, son oncle et son grand-père

2002 : débute en tant que salarié agricole au sein du Gaec du Cart, installation de la station de conditionnement

2014 : s’installe seul sur une exploitation : Albapom

2018 : rejoint le Gaec du Cart

2019 : regroupement des deux structures pour devenir Gaec du Cart Albapom

2020 : obtention de la certification Bio et plantation de Red Love, Dalinette et Opal

Des producteurs et commerciaux unis

Actuellement, les producteurs se posent beaucoup de questions sur les nouvelles variétés à planter. Quelques dizaines d’arbres des variétés Innogo, Innobi et Mandy, toutes résistantes tavelure, sont plantées chez les producteurs de Novapom pour être observées. Les jeunes producteurs sont aussi impliqués dans la commercialisation. « Je vais à Fruit Logistica pour parler de nos produits. J’ai déjà accompagné notre commercial lors d’une rencontre avec Intermarché et lors d’une visite au siège de Grand Frais », témoigne avec enthousiasme Damien Garrigues.

Une cotisation mensuelle au prorata du poids

« Nos huit patrons nous font confiance, confie Franck Giusti. Nous communiquons avec eux en toute transparence. Ils connaissent les prix auxquels les fruits sont vendus. Nous avons beaucoup d’échanges, ce qui permet de faire comprendre les caractéristiques de chaque marché. Car selon les marchés, un même produit n’a pas le même prix ». Les frais de fonctionnement de l’OP sont payés via une cotisation mensuelle au prorata du poids de chaque exploitation dans les volumes apportés. Autour de la table, se réunissent des producteurs de 10 000 t comme de 650 t et chacun est invité à s’exprimer. « En théorie, les décisions sont soumises à des votes au prorata du poids de chacun des producteurs. Mais depuis six ans que je suis là, il n’y a jamais eu nécessité de voter ! », conclut le commercial.

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