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Le biocontrôle microbien en arboriculture a une marge de progression

L’usage des produits de biocontrôle microbien est pour le moment moins développé que peut l’être celui d’autres solutions de biocontrôle. Un récent travail de thèse interroge les arboriculteurs sur leur utilisation de ces produits dont les substances actives sont des micro-organismes.

Le biocontrôle microbien en arboriculture se concentre sur des usages très spécifiques, pour lesquels peu de solutions alternatives existent.
© RFL

Le biocontrôle est connu et utilisé par la plupart des arboriculteurs. Mais si l’usage de la confusion sexuelle ou des auxiliaires est très courant dans nombre de productions, les solutions de biocontrôle à base de micro-organismes contre les maladies des plantes sont pour le moment moins répandues. Selon une enquête du Gis Fruits lancée au printemps 2020, moins de 40 % des producteurs interrogés utilisent du biocontrôle microbien. « Cet usage se concentre sur des usages très spécifiques, où peu ou pas de solutions alternatives existent », note Thomas Pressecq, Inrae, à l’origine de l’enquête réalisée dans le cadre de sa thèse. Celle-ci vise à recueillir des retours d’expériences et des avis sur l’utilisation du biocontrôle microbien en arboriculture. « L’objectif de la thèse de Thomas Pressecq est d’optimiser l’usage du biocontrôle (et du biocontrôle microbien en particulier) par le développement d’outils d’aide à la décision sur la base de facteurs d’efficacité », indique la présentation des résultats de l’enquête. Plus de 200 réponses ont été collectées, dont 30 % venant d’agriculteurs, 50 % de conseillers agricoles et 20 % de représentants de firmes ou autres. Les résultats de l’enquête présentent 58 réponses spécifiques à l’arboriculture. Cultures de pommes, prunes, noix, noisettes, pêches… « le biocontrôle semble implanté dans tous les types de productions sans distinction », indique Thomas Pressecq en préambule.

25 produits bactériens mentionnés sur 27 homologués

Onze produits de biocontrôle à base de micro-organismes ont été cités comme étant utilisés par les arboriculteurs qui ont répondu : 3 à base de Bacillus, 2 à base de levures, 4 à base d’autres souches fongiques, majoritairement du genre Trichoderma, et 2 à base d’autres souches bactériennes. Les noms des produits commerciaux ont été anonymisés dans l’enquête. Les conseillers ont mentionné 19 produits qu’ils prescrivent pour l’arboriculture : 4 à base de Bacillus, 4 à base de levures et 11 à base de divers champignons, majoritairement Trichoderma. Au total, « sur les vingt-sept produits homologués en France, vingt-cinq sont présents dans les réponses », souligne Thomas Pressecq. Trois produits sont à la fois les plus utilisés par les arboriculteurs et les plus prescrits. Mais la plupart des autres produits ne se retrouvent que dans l’une ou l’autre catégorie. « On remarque que les produits les plus utilisés ont un usage large et diversifié visant de nombreuses filières et ciblant de nombreuses maladies dans chacune d’entre elles, analyse Thomas Pressecq. On peut voir aussi que certains produits relèvent d’un usage secondaire puisqu’ils ne sont pas utilisés sur les plantations arboricoles elles-mêmes, car non homologués, mais plutôt sur les cultures annexes (polycultures, inter-rang, diversification…) ». Les deux profils de répondants ont jugé de manière similaire l’efficacité du biocontrôle microbien, les différences entre les deux groupes n’étant pas significatives. La moyenne des notes attribuées est de 10,75/20. « Cette efficacité peut être expliquée par le manque d’information concernant les méthodes et les moments optimum de déploiement maximisant l’efficacité des produits, poursuit Thomas Pressecq. En effet, les conditions d’utilisation optimales ne semblent être que partiellement connues par les utilisateurs ». Ce facteur peut expliquer en partie le taux d’utilisation modéré du biocontrôle microbien par rapport à d’autres méthodes de protection.

Les maladies bactériennes en cible prioritaire

Utilisateurs et prescripteurs mentionnent les maladies bactériennes comme la cible prioritaire du biocontrôle microbien, au premier rang desquelles le feu bactérien et autres bactérioses causées par Erwinia, Pectobacterium et Pseudomonas. Sont également largement citées les maladies liées au stockage et à la conservation comme les pourritures bleue et grise (Penicillium expansum et Botrytis cinerea). « Ces résultats peuvent s’expliquer à la fois par l’impact négatif très fort de ces pathologies sur les chiffres d’affaires des arboriculteurs et le peu de solutions alternatives de lutte, déchiffre Thomas Pressecq. Le biocontrôle microbien se place donc comme un outil supplémentaire pour sauvegarder la production avec l’avantage du non-résidu ainsi que du respect des auxiliaires de la plantation. On notera aussi des usages modérés pour certaines maladies très spécifiques à certaines filières comme la tavelure ou les monilioses par exemple ». Des usages plus minoritaires sont aussi évoqués : lutte contre l’oïdium, la fusariose et d’autres maladies fongiques, qui peuvent aussi beaucoup toucher l’arboriculture mais pour lesquelles il existe très peu de solutions de biocontrôle microbien. De manière générale, selon l’enquête, le biocontrôle microbien reste cantonné à des utilisations ponctuelles. Certaines de ces utilisations semblent être de « dernier recours » dans des situations sans issue où aucune autre solution n’est réellement efficace ou encore autorisée, comme c’est le cas pour les maladies bactériennes et maladies de conservation.

A lire aussi : la technique de l'insecte stérile en test

Le projet se poursuit en maraîchage

L’enquête de Thomas Pressecq se poursuit dans le cadre du projet BiOAD, au sein de l’unité Pathologie végétale et Ecodéveloppement de l’Inrae Paca en partenariat avec l’Aprel. Ce projet vise le développement d’outils d’aide à la décision (OAD) pour favoriser l’usage du biocontrôle. L’enquête va désormais se focaliser sur des entretiens en face-à-face avec des utilisateurs de biocontrôle microbien en maraîchage afin de collecter plus de détails sur les usages concrets de ces produits ainsi que les attentes pour les futurs OAD.

 

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