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[Conoravirus Covid-19] Tour du monde de la situation de l'asperge

L’asperge est, avec la fraise, le légume dont le lancement de campagne a été concomitant au développement de l’épidémie de Coronavirus Covid-19. Partout où elle se cultive dans le monde, elle subit donc l’impact de la pandémie. Le point chez huit pays parmi les principaux producteurs ou consommateurs.

L’asperge mexicaine doit faire face à la crise Covid-19 qui touche tout le continent nord-américain.
© C. Befve

L’Italie a été le premier pays européen à avoir été affecté par le Covid-19. « La forte diminution des ventes s’est associée à la baisse des prix de vente. Devant la propagation du virus, les saisonniers étrangers sont retournés dans leurs pays d’origine, entrainant des problèmes de récoltes », témoigne Luciano Trentini, correspondant de la revue spécialisée asperge Asparagus World. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, les producteurs ont été confrontés au gel à la fin mars.

En Espagne, Luís San José, producteur d'asperges blanches bio à Tudela de Duero, Valladolid, témoigne : « C'est une chose à laquelle nous ne sommes pas préparés ». Les ventes à la restauration et à la distribution se sont brutalement arrêtées. « Nous sommes passés de la vente de 3000 kg par jour à 20 kg ». Une attention particulière à l'hygiène et à la discipline des travailleurs a dû être imposée : port de masque, déplacements limités…

En Allemagne, le manque de travailleurs saisonniers, qui n'étaient pas autorisés jusqu'à début avril à entrer dans le pays en raison de réglementations restrictives, est particulièrement frappant. « Tous les espoirs sont concentrés sur les efforts de l'UE et du ministre fédéral de l'agriculture, qui exigent de toute urgence l'entrée pour les travailleurs saisonniers, sinon il y aura un sous-approvisionnement dans les rayons de fruits et légumes dans les mois à venir », précise Thomas Kühlwetter, rédacteur en chef du magazine Spargel & Erdbeer profi. Ces espoirs se sont concrétisés le 2 avril, avec l'annonce par les ministres allemands de l'Agriculture et de l'Intérieur que 40 000 saisonniers étrangers pourront travailler dans les exploitations agricoles en avril et en mai. Selon l'accord conclu entre les deux ministres, les travailleurs étrangers devront toutefois être soumis à un contrôle médical et rester 14 jours séparés des autres saisonniers à leur arrivée. Les producteurs sont également menacés par la fermeture des restaurants à la ferme et de la vente directe, très développés en Allemagne.

 

Outre Atlantique, au Canada, « il est maintenant évident que les producteurs n'auront pas dans leurs exploitations des travailleurs saisonniers mexicains et guatémaltèques, ni à temps ni en quantité suffisante. Plus de 40 000 d'entre eux sont attendus chaque année à travers le Canada pour supporter le secteur agricole », témoigne Amélie Lachapelle, consultante asperge Befve&Co. Les producteurs d'asperges de l'Ontario et du Québec, les deux principales provinces productrices, envisagent tous les scénarios possibles, dont celui de diminuer les surfaces récoltées. La saison ne débutant qu'en mai, la filière espère que la situation se sera quelque peu améliorée et que le consommateur canadien sera au rendez-vous.

Aux Etats-Unis, les consommateurs ont réalisé la gravité de la situation fin mars. « Les gens sont devenus fous en stockant 30 jours de nourriture à la maison », rapporte Peter A. Warren, correspondant d’Asparagus World. Après qu’une rumeur concernant la propagation du virus par les fruits et légumes se soit dissipée, les gens ont surtout acheté des agrumes, des oignons, des pommes de terre et des produits de garde. « Il y avait surtout des asperges mexicaines dans les rayons avec une belle présentation ainsi que quelques conteneurs en provenance du Pérou en Floride. Les importations du Mexique et du Pérou depuis le début de l'année étaient presque identiques à celles de l'année dernière. Mais maintenant, les producteurs mexicains ont des difficultés à produire », témoigne-t-il.

Au Mexique, la saison 2020 a commencé à Sonora fin janvier - début février sans aucun problème. Mais les États-Unis, principal client, subissent de plein fouet la crise Covid-19 avec des répercutions sur les différents légumes, y compris les asperges. « On ne sait pas comment la situation évoluera au fil des jours. Le déplacement des récolteurs dans le pays est très important. Si le gouvernement applique des restrictions, l'agriculture peut être affectée », commente Veronica Bartranou, agronome.

Le Pérou s’adapte à la situation mondiale inattendue. Ce gros pays producteur d’asperge dispose de nombreux marchés à l’exportation, différemment affectés par la pandémie, ainsi que plusieurs types d’asperge (blanche ou verte) et différents modes d’utilisation (frais, conserve et surgelé). Par conséquent, les champs en cours de récolte dans le Nord sont utilisés pour la conservation, tandis qu'au Sud les asperge vont à la surgélation. « Contrairement à l’hémisphère Nord où la saison dicte la période de récolte, le climat du Pérou permet de réguler la production en jouant sur l’irrigation », commente Ciria Quispe, consultante asperge Befve&Co.

 

En Australie, Julie Butler, correspondante du magazine Eurofresh distribution, témoigne de l’impact potentiel de la crise du Covid-19 sur la production d’asperge, avec le manque de main d’œuvre étrangère et la baisse du fret aérien disponible pour exporter sur les marchés asiatiques, notamment le Japon. « Le risque de se passer de l'un ou de l'autre pour la saison à venir est très préoccupant et nous cherchons tous les moyens d'y remédier », a déclaré Adrian Raffa, président d’Australian Asparagus Council.

 

Source : Asparagus World

 

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La production d'asperges françaises reprend espoir

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