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La culture de patate douce à l’essai dans plusieurs stations d'expérimentation

Une demande croissante et l’intérêt des producteurs amènent les stations à expérimenter la patate douce dans plusieurs régions.

Depuis quelques années, la demande en France pour la patate douce ne cesse d’augmenter. Si l’essentiel des volumes est importé (Espagne, USA, Portugal, Egypte), les producteurs français s’y intéressent donc et sont dans l’attente de références techniques, les coûts d’implantation étant élevés. Plusieurs axes sont explorés :

Variétés

On trouve aujourd’hui une gamme de variétés de patate douce à cycle court, moins exigeantes en chaleur que les variétés initiales, de différentes couleurs de peau (orange, rose, violette, blanche) et de chair (orange, blanche, violette). En 2019, la SEHBS* a comparé en bio quatre variétés Voltz (Beauregard, variété de référence, à chair orange, du domaine public, Evangeline, Orléans, Murasaki), quatre variétés Volmary (Erato Orange, Erato Gusto, Erato Pleno, Erato White) et une variété Genetic et Distribution (Beauregard). En chair orange, Orléans et Beauregard ont eu des rendements équivalents (1,2 kg/plant). Erato Orange n’a produit que 0,3 kg/plant du fait d’une forte sensibilité à l’humidité en conditions d’automne pluvieux. En variétés à chair blanche, Erato Pleno et Erato White ont eu les meilleurs rendements de toutes les variétés (1,6 kg/plant), Murasaki et Erato Gusto ne donnant par contre que 0,6 kg/plant. « Certaines variétés à chair blanche ont un intérêt en termes de rendement et de qualité gustative, résume Maët Le Lan, responsable de la station. L’essai confirme par contre des taux de déclassement des tubercules élevés, avec 30 % de déchets en vente directe, où tous les tubercules de plus de 150 g sont vendus, et 60 % en vente en gros où seuls les tubercules de 300 à 800 g sont commercialisés. » En 2019, le CDDL a comparé Orléans, Evangeline, Bonita (chair blanche), Murasaki et Beauregard. Bonita a obtenu un rendement commercial de 2,8 kg/pied. Orléans, Evangeline et Beauregard ont eu des rendements corrects et proches (1,8 à 1,9 kg/pied). Murasaki a eu le rendement commercial le plus faible (1,6 kg/pied).

Densité de plantation

La SEHBS a comparé quatre densités de plantation : 2 rangs 30 cm (2 rangs/planche espacés de 50 cm, 30 cm entre plants, 3,7 plants/m2), 2 rangs 40 cm (2 rangs, 40 cm entre plants, 2,8 plants/m2), 2 rangs 50 cm (2 rangs, 50 cm entre plants, 2,2 plants/m2) et 1 rang 30 cm (1 rang central, 30 cm entre plants, 1,9 plant/m2). L’essai confirme que la densité 2 rangs 30 cm classiquement utilisée donne les meilleurs rendements au m2. La baisse de rendement est toutefois assez faible pour les modalités 2 rangs 40 cm et 2 rangs 50 cm (5 à 8 % en vente directe, 10 à 11 % en vente en gros). Une approche économique a été réalisée. « En vente directe, sauf pour un rendement supérieur à 50 t/ha et un prix de vente supérieur à 4 €/kg, la baisse de densité en passant de 2 rangs 30 cm à 2 rangs 50 cm est économiquement intéressante, indique Maët Le Lan. Et en vente en gros, du fait de rendements et de prix de vente plus faibles, la baisse de densité à 2 rangs 50 cm est toujours intéressante. Malgré des calibres supérieurs, il n’y a pas plus de déchets en 2 rangs 50 cm qu’en 2 rangs 30 cm. »

Paillage

La SEHBS a comparé quatre paillages : plastique polyéthylène (PE) témoin, Bionov (bioplastique), Bi-opl (bioplastique) et Herbi’chanvre. Les plants sur Herbi’chanvre se sont développés plus lentement, ce qui a entraîné des tubercules plus petits et un rendement commercialisable de 3,5 kg/m2 en vente directe contre le double sur PE. Les paillages Bi-opl et Bionov ont permis des rendements proches du PE, avec moins de très gros tubercules. Les tendances sont les mêmes en vente en gros, les différences entre paillage étant toutefois moins marquées puisque les gros tubercules très présents sous PE sont déclassés. Les dégâts liés aux rongeurs semblent avoir été plus élevés sous PE, du fait de tubercules plus gros et donc plus en surface. « Le prix plus élevé des paillages bioplastiques est à mettre en regard avec le temps de main-d’œuvre fortement réduit en récolte », souligne Maët Le Lan.

Date de récolte

La date de récolte est cruciale pour optimiser les calibres et limiter les risques de pourriture liés à une récolte trop tardive. En Bretagne nord, en 2019, toutes les récoltes ont été perdues. La récolte n’ayant pu se faire qu’en novembre du fait d’un automne pluvieux, les tubercules soumis au froid et à l’humidité ont pourri peu après récolte. « Il serait intéressant d’étudier des solutions pour gagner en précocité comme l’utilisation de P19 ou de mini-tunnels », estime Maxime Davy, du CTIFL/Terre d’Essais. En 2019, la SHBS a comparé quatre dates de récolte. « L’essai confirme qu’en Bretagne sud, la récolte en octobre semble un bon compromis en cas d’automne pluvieux », rapporte Maët Le Lan.

Taupins

En Roussillon, les essais 2015-2017 du Civam bio ont montré chaque année des dégâts de taupin très importants (jusqu’à 80 %). Depuis 2017, des essais sont menés par le Civam, la Sica Centrex et Sud Expé pour identifier des moyens de protection utilisables en bio. « Ils montrent que les produits de biocontrôle ou phytosanitaires ne permettent pas de gérer le taupin », indique Célia Dayraud, du Civam bio. Il est conseillé de travailler le sol régulièrement avant plantation, d’éviter les sols trop argileux, de préférer les boutures aux plants, de réduire l’irrigation au moins un mois avant récolte et d’éviter de planter après une friche ou prairie. Le piégeage avant plantation permet de connaître la pression de la parcelle. Il peut être utilisé aussi en culture pour diminuer la pression.

* Station Expérimentale de Bretagne Sud – Chambre régionale d’agriculture de Bretagne

 

A lire aussi : Roussillon : une diversification des légumes d’hiver

 

Réduire le coût de production

« Du fait des prix bas des produits d’import conventionnels, la patate douce en France ne peut s’envisager qu’en bio et nécessite un prix de vente d’au moins 2 €/kg, estime Hubert Jacob, président de Terre d’Essais. Et le challenge est de réduire le coût de production. » Les plants étant coûteux (0,60 € à 1 €/plant), une piste est de produire ses plants, solution utilisable seulement pour Beauregard, variété du domaine public. En 2020, Terre d’Essais a produit une partie de ses plants. Des tubercules coupés en morceaux ont été enfouis dans du terreau sur une table chauffante et arrosés. « Les résultats ne sont pas encore analysés, mais à première vue, il n’y a pas eu de différence avec les plants achetés, rapporte Maxime Davy. La production de plants représente toutefois du travail. » Un autre risque lié à la multiplication végétative est par ailleurs celui des virus.

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