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CHOUX
La mouche du chou bientôt sous biocontrôle

Le biocontrôle de la mouche du chou en brassicacées devrait bientôt être utilisable par les producteurs grâce à l'eucalyptol et au chou chinois.

La technique du push-pull pour le biocontrôle de la mouche du chou en brassicacées sera peut-être bientôt une réalité. « L'idée de base est que les composés volatils émis par les brassicacées ont un rôle dans l'attraction des ravageurs et leur maintien sur la culture, et qu'ils sont aussi utilisés par les auxiliaires pour s'informer et se repérer, explique Anne-Marie Cortesero, de l'Inra de Rennes (35), qui travaille sur le sujet depuis plusieurs années. La technique du push-pull consiste à utiliser des composés volatils pour repousser les ravageurs (le push) et d'autres pour les attirer vers une culture piège (le pull) ». Dans un premier temps, les chercheurs ont identifié une molécule, le diméthyldisulfure (DMDS), qui attire les coléoptères auxiliaires et réduit la ponte de la mouche du chou. Les essais menés en 2016 (*) sur brocoli ont confirmé que le DMDS réduit le nombre d'oeufs de mouche du chou de 20 %. Mais ils ont montré aussi que cela ne se traduit pas par une baisse de l'infestation finale des brocolis. Les chercheurs ont donc testé d'autres molécules. Les travaux ont notamment mis en évidence l'intérêt de l'eucalyptol, une des molécules émise par les brassicacées. « Les essais ont montré que l'eucalyptol peut réduire l'infestation d'une culture de brocoli de 50 % », indique Anne-Marie Cortesero.

Utiliser le chou chinois pekinensis comme plante piège

D'autres travaux menés sur la recherche de cultures pièges ont montré l'intérêt du chou chinois qui s'avère très attractif pour la mouche du chou, beaucoup plus que les autres brassicacées. « Les essais en parcelle expérimentale ont précisé que l'infestation d'une ceinture de chou chinois est plus importante que celle de la culture à l'intérieur de la ceinture, indique la chercheuse. Les choux chinois captent une partie des ravageurs mais n'augmentent pas la population totale de mouche du chou sur la parcelle ». Et pour rendre la ceinture de chou chinois encore plus attractive et ainsi limiter la place à consacrer à la culture piège, il est encore possible d'y ajouter un composé volatil, le Z-3 hexenyl acétate (HA). « Nos essais ont montré que le Z-3 hexenyl acétate augmente encore les pontes du phytophage sur la plante piège mais qu'elle n'augmente pas son infestation finale et qu'il n'y a donc pas plus de pupes produites ».

Parmi les variétés de chou chinois, la sous-espèce pekinensis est celle qui entraîne le plus de pontes sur la culture piège. Et certaines variétés sont largement préférées pour la ponte, ce qui permet donc encore des marges de progression. « Une stratégie de type push-pull basée sur la diffusion d'eucalyptol dans la culture de brassicacées et sur l'utilisation du chou chinois comme plante piège associé à la diffusion d'hexenyl acétate semble donc possible », résume Anne-Marie Cortesero. Il reste encore à préciser comment diffuser les composés volatils dans la culture et la culture piège (combien de diffuseurs installer, où les placer). Il reste aussi à maîtriser la co-culture du brocoli et du chou chinois, les cycles naturels des deux espèces étant un peu décalés, à déterminer la disposition spatiale optimale de la culture piège et à faire du chou chinois une vraie plante piège, c'est-à-dire à préciser son mode de destruction. « Enfin, il faudra tester cette stratégie de push-pull à plus grande échelle et évaluer l'impact de cette manipulation comportementale de la mouche du chou sur la production », conclut Anne-Marie Cortesero.

(*) thèse de Fabrice Lamy

Identifier des sources de résistance à la mouche du chou

Un programme de recherche, Brassidel, devrait être engagé en 2017 pour identifier des sources de résistance à la mouche du chou Delia radicum. « L’idée sera notamment de trouver des sources de résistance ou des biomarqueurs de résistance à la consommation des brassicacées par la mouche du chou », précise Anne-Marie Cortesero. Dans un premier temps, 300 variétés de brassicacées cultivées et sauvages seront testées au champ. Les 20 variétés les plus résistantes seront ensuite analysées pour déterminer des biomarqueurs de la résistance et évaluer l’impact de l’environnement sur le comportement des plantes.

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