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Graines de courge à consommer : une nouvelle filière bio française ?

La courge à graines à consommer est une culture de diversification, une filière française cherche à voir le jour dans le Sud-ouest.

A l’automne dernier, une trentaine de producteurs ont répondu à l’invitation pour le moins surprenante lancée par Bénédicte et Christophe Delamarlière, en partenariat avec la Chambre d’agriculture de Lot-et-Garonne, de venir découvrir la production de graines de courges à consommer pour la mise en place d’une nouvelle filière bio. Le couple d’agriculteurs cultive avec leurs fils Hugo et Paul, plus de 500 ha de céréales, pois chiches, lentilles… à Ferrensac au nord du département. La famille transforme une partie de leur production en farine et s’est lancée depuis deux ans dans la production de courges à graines.

L’enherbement est le point technique délicat

Christophe Delamarlière a en partie découvert cette culture par des vidéos de mécanisation récolte vues sur Internet. Rapidement, il s’est intéressé au marché que les graines de courges représentent en France. Mais celui-ci est difficile à estimer. Il se compose d’une consommation directe (marché de bouche). A cela s’ajoutent les débouchés de la boulangerie (pain aux graines), l’huile, et même le domaine médicinal qui amplifient et diversifient les possibilités. « Le prix d’importation des produits chinois est d’environ 4 euros et les graines de courges autrichiennes arrivent aux environs 7 à 8 euros par kilo », précise-t-il. Seuls 400 ha seraient cultivés dans le centre de la France. L’« agriculteur investigateur » a rapidement identifié l’Autriche comme le pays de la graine de courge. « L’huile de graines de courge y est élevée au même rang que les huiles d’olive en France. Il s’y cultive plus de 40 000 ha avec une filière organisée de la semence au pressoir », assure-t-il. Des voyages et les contacts auprès de fournisseurs autrichiens lui ont permis d’importer les moyens de production. Plusieurs obtenteurs proposent des variétés de population et hybrides. « Les hybrides sont plus productives que les populations », a constaté le producteur. Christophe Delamarlière a également récupéré des données techniques pour la mise en culture et les a adaptées aux conditions pédo-climatiques du Sud-ouest au cours des deux dernières années. Selon les éléments techniques diffusés lors de la journée, il faut préférer les sols sableux/limoneux à bonne teneur en humus. La culture ne tolère pas les sols compactés et trop humides. Un labour d’automne est recommandé et le lit de semis doit être suffisamment fin pour permettre une densité uniforme. « Les graines de ces variétés de courges sont sans tégument. Faciles à manger mais difficiles à semer. Il faut donc prévoir de semer 18 000 graines/ha pour obtenir 15 000 plants/ha soit 1,2 pied au m2 », précise le professionnel. Les semis s’effectuent de fin-avril à mi-mai pour bénéficier d’une température de sol optimale supérieure à 10°C. Les semis précoces amènent de meilleurs rendements et permettent de limiter les attaques de virus de la mosaïque. La maîtrise de l’enherbement reste le point technique le plus délicat. L’agriculteur préconise de semer à grand écartement, 2,10 m entre rang, « pour que tracteur passe le plus longtemps possible ». La herse étrille et les bineuses sont les outils les plus utilisés en début d’implantation puis l’écimage des mauvaises herbes au-dessus de la culture est pratiqué régulièrement. « Mais une parcelle un peu sale évite les coups de soleil sur les fruits, dixit les Autrichiens », se rassure Christophe Delamarlière. La fertilisation, notamment azotée, est à modérer afin d’obtenir un équilibre feuillage/fruit. L’apport de ruches est nécessaire, une à deux par hectare, pour s’assurer du potentiel de production. Le virus de la mosaïque est la principale maladie à redouter, notamment en conditions froides et humides. L’oïdium est également présent et peut avoir un effet positif en affectant le feuillage en fin de culture (après le 15 août) pour faciliter la maturité des fruits et aider à la récolte. Celle-ci se réalise à la sénescence du feuillage lorsque les fruits passent de vert à jaune.

Recherche 200 ha au travers de partenariat

La récolte s’effectue de manière mécanique. Après avoir été mis en andain, les fruits qui sont chargés mécaniquement. L’extraction des graines, leur lavage et leur séchage se font en station. Il existe également du matériel qui extrait directement les graines à la parcelle. « Un fruit contient 35 à 100 graines. Les rendements varient de 300 kg à 800 kg de graines séchées par hectare selon l’apport d’eau ou non », précise le professionnel. De fait, la famille Delamarlière a cultivé 30 ha de courges à graines en 2018, 50 ha en 2019. Aujourd’hui, elle cherche à élargir son potentiel de production et de commercialisation au travers de partenariats avec d’autres producteurs bio. « Nous pouvons l’envisager sous forme d’indemnisation à l’hectare ou de rémunération par la vente du produit », conclut le producteur.

 

A lire aussi : Courges : 45 % de la production française en Provence-Alpes Côte d’Azur

 

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