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Légumes de plein champ : le Gaec Le Saint mise sur l’autoguidage RTK pour gagner en précision

Producteurs de légumes de plein champ en bio dans le Finistère, les trois associés du Gaec Le Saint ont misé sur le matériel et notamment l’autoguidage RTK pour gagner en précision et en temps sur toutes leurs interventions.

En bio depuis 1997, l’exploitation du Gaec Le Saint, à Plouzévédé (Finistère), regroupe trois associés, Bernard Le Saint, sa femme Marguerite et leurs fils Florian, installé en 2016. Florian ayant repris 60 ha lors de son installation, elle compte aujourd’hui 100 ha en légumes de plein champ pour le marché du frais, dans le cadre de la Sica de Saint-Pol de Léon, et en légumes industrie pour Triskalia. « Quand nous sommes passés en agriculture biologique, nous avons commencé par les légumes que nous pensions les plus faciles à conduire en bio, le chou-fleur, le brocoli, l’échalote, explique Bernard Le Saint. Puis, nous avons diversifié les cultures, pour les rotations et pour limiter les risques économiques. »

Quatre tracteurs équipés d’autoguidage

Aujourd’hui, le Gaec cultive chaque année 18-20 ha de chou-fleur, 12 ha de brocoli, 12 ha d’échalote, 12 ha de pomme de terre de consommation et plants de pomme de terre, 10 ha de carotte, pour le marché du frais principalement, ainsi que 5 ha de petit pois, 3 ha de haricot vert et 2,5 ha d’épinard. S’y ajoutent 5 ha de céréales utilisées en semences fermières pour les couverts végétaux. L’exploitation est menée de façon assez extensive. « Nous ne faisons pas plus d’une culture par an, avec toujours un couvert végétal entre deux cultures, pour la fertilisation du sol et pour lutter contre l’enherbement, précise Bernard Le Saint. Nous ne laissons jamais de sol nu. Depuis que nous avons récupéré 60 ha, nous avons aussi allongé les rotations de cinq à sept ans, pour des raisons agronomiques et sanitaires. » 30-40 ha de couverts végétaux sont implantés chaque année et constituent la base de la fertilisation, complétés par des effluents d’élevage. La difficulté majeure est liée aux adventices. « Nous ne labourons pas avant chou-fleur, carotte, brocoli, pomme de terre, pour préserver la vie et la structure du sol, précise Florian. Mais nous sommes équipés de décompacteurs, vibroculteurs, herses-étrilles, bineuses… et d’un désherbeur thermique. Il y a aussi du sarclage manuel, environ 100 h/ha en carotte, l’objectif étant de descendre à 50 h/ha. Pour gagner en précision et rapidité, nous avons donc choisi il y a sept ans d’investir dans un système d’autoguidage RTK. » Quatre tracteurs sont aujourd’hui équipés d’un système d’autoguidage électrique au volant. Deux antennes et deux consoles peuvent être branchées en cinq minutes sur ces tracteurs. Un 5e tracteur est pré-équipé et peut recevoir un guidage électrique au volant. « Nous utilisons le RTK quotidiennement. Les couverts sont détruits au rotolabour. Puis nous utilisons le RTK dès le décompactage. Tout est ensuite semé, planté, biné, hersé… au RTK. »

Performance, gain de temps et confort de travail

Le RTK permet de biner sur les passages enregistrés lors du semis avec une précision de 3 cm et donc au plus près des jeunes plants. « Nous avons beaucoup gagné en performance de binage, ce qui a permis de limiter le sarclage manuel », assure Florian. Le système RTK permet aussi d’éviter de doubler et donc d’économiser les intrants et le temps de travail, notamment avec les outils de grande largeur. Il évite d’être trop agressif pour la culture, lors du désherbage par exemple des petits pois à la herse-étrille. Il permet de gagner du temps. « Dès les premiers binages en choux, il est possible d’intervenir à 6 km/h, signale Vincent Salou, conseiller à la Chambre d’agriculture. Le RTK permet aussi de déléguer plus facilement certaines opérations aux salariés, même s’ils ne maîtrisent pas parfaitement la conduite des tracteurs. » Enfin, un gain de confort de travail est observé lors des semis et plantation grâce à la confiance accordée à la technologie. L’organisation du travail a ainsi évolué lors des chantiers de plantation de choux. Le chauffeur descend désormais du tracteur pour changer les plaques de mini-mottes pour les deux planteurs, puis remonte en bout de parcelle pour faire le demi-tour.

Une des autres difficultés de la production est le mildiou sur échalote. « Jusqu’à présent, il n’y avait pas de solution en bio contre ce problème. Nous pouvions seulement veiller à avoir une végétation aérée, à ne pas trop apporter d’azote. Mais l’OBS, l’Organisation Bretonne de Sélection, a sélectionné pour les adhérents du Cerafel une variété d’échalote résistante au mildiou, Molène. Nous l’utilisons depuis deux ans. En 2018, nous avons eu de bons résultats, alors que les autres variétés étaient très touchées par le mildiou. »

Parcours

1982 : Installation de Bernard et Marguerite

1997 : passage en bio

2012 : investissement dans l’autoguidage RTK

2016 : installation de Florian, passage de 40 à 100 ha

Diversifier les couverts végétaux

Une grande partie des couverts est constituée d’un mélange avoine-féverole. Du ray-grass est également semé en fin d’année jusqu’au début du printemps de l’année n + 2 avant la carotte, très sensible à l’enherbement. « L’effet sur les adventices est indéniable, indiquent les producteurs. Mais ces couverts sont difficiles à détruire. Nous devons broyer le ray-grass dès qu’il monte, ce qui implique trois à quatre interventions par an. Nous avons donc décidé de diversifier les couverts. » Une évolution a déjà été engagée avec la mise en place d’une crucifère (radis chinois…) avant la pomme de terre, pour lutter notamment contre le rhyzoctonia et contre le taupin. Les producteurs envisagent aussi désormais d’utiliser de la phacélie.

Une interface pour améliorer la précision en carotte

 

 
Si le RTK a nettement amélioré le désherbage des choux-fleurs et brocolis, celui des carottes s’avère toujours délicat. Le Gaec s’est donc équipé en complément d’un désherbeur thermique de marque Hoaf. « Nous préparons le sol au cultirateau un mois à un mois et demi avant le semis, explique Florian. Puis nous faisons deux faux semis que nous détruisons avec le désherbeur thermique, suivi d’un 3e juste avant la levée. Enfin, nous réalisons trois binages. » Le désherbage des carottes reste toutefois délicat. Pour améliorer la précision des interventions, le Gaec réfléchit donc à l’acquisition d’une interface DynaTrac avec caméra. Cette interface a été présentée en démonstration lors des portes ouvertes Innov’action organisée par les Chambres d’agriculture de Bretagne en juin 2019 au Gaec Le Saint. Le DynaTrac est une interface universelle qui permet de positionner n’importe quel outil à un emplacement précis, même en cas de dévers, pente, bosses. Elle est compatible avec des outils traînés, portés ou semi-portés et avec tous les modèles de tracteurs équipés d’un système de guidage (RTK ou caméra). Elle peut être équipée d’une caméra qui suit le rang de la culture ou d’un guidage RTK. « Une interface avec caméra permettra de biner à 2 cm des plants, analysent les producteurs. Ce sera aussi plus confortable. Il faut être très concentré pour guider manuellement la bineuse. Nous pourrons aussi l’utiliser pour la pose du paillage en échalote, pour biner plus facilement entre les planches. Actuellement, comme la dérouleuse de paillage n’est pas stable, la pose du plastique n’est jamais parfaitement régulière, ce qui complique le binage, alors que nous y passons trois à quatre fois par an. » Le coût pour une interface DynaTrac équipée d’une caméra serait d’environ 25 000 €.

 

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