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Jardins d’Occitanie produit et valorise du ginseng français

Jardins d’Occitanie s’est armé de patience pour développer un projet d’agro-chaine autour du ginseng, plante asiatique médicinale. La jeune entreprise toulousaine maîtrise sa production, de la culture sous ombrière aux produits finis vendus en pharmacie.

Produire du ginseng, c’est faire preuve de patience. Ce qui ne veut pas dire être attentiste quand on voit la somme de travail et d’énergie mise en œuvre par la jeune société Jardins d’Occitanie, créée en 2010 et basée à Seysses, près de Toulouse. A l’origine, il y a un homme, Yanick Jauzion connu pour son engagement physique en tant que joueur toulousain et international de rugby, mais aussi fils d’agriculteurs, ingénieur agricole de formation. Ce sportif de haut niveau a eu l’occasion d’évaluer les bienfaits de cette plante énergisante, pilier de la médecine ancestrale chinoise, au cours de sa carrière sportive. Mais pragmatique, il s’est aussi interrogé sur l’origine, la qualité et la traçabilité des produits consommés dont la totalité provient d’importations asiatiques, principalement de Corée et de Chine. De ce constat est né Jardins d’Occitanie. « Un projet global qui comprend la production, la transformation et la valorisation de ginseng produit en France », précise Sylvain Latapie, directeur général de France Ginseng, qui parle d’« agro-chaine ».

« Nous cherchons à produire des principes actifs »

Produire du ginseng en France est une démarche de pionnier. « Elle consiste à identifier la bonne espèce parmi la dizaine de ginseng cultivée dans le monde. Il s’agit de Panax ginseng C.A. Meyer, et nous sommes allés chercher les graines en Asie », témoigne Yohan Benoît, responsable production. Pour le reste, tout est à découvrir sur cette plante hors norme et mystérieuse. Le ginseng est une Araliaceae, la même famille que le lierre, et qui affectionne naturellement les sous-bois (voir encadré). En Asie, elle est cultivée principalement sous filet. Mais pour sa culture en France, Jardins d’Occitanie a choisi de la mettre en production sous des ombrières photovoltaïques spécifiques. Le partenariat réalisé avec Solveo Energie, spécialiste de la production d’énergie renouvelable permet ainsi à Jardins d’Occitanie de disposer de l’outil de production sans investir dans la structure, et concentrer les financements sur la recherche et le développement de la plante et du produit. Actuellement, Jardins d’Occitanie a trois sites de production. A Seysses, l’entreprise exploite déjà 3 ha d’ombrières monochapelles et construit 4 ha d’ombrières multichapelles. Elle y cultive aussi 1,5 ha d’autres plantes médicinales. Deux autres sites sont implantés dans les Landes et totalisent 13 ha. « Nous disposerons de 24 ha d’ombrières dès la fin de l’année », précise Sylvain Latapie. Une surface certes conséquente mais au rythme d’une récolte tous les six ans ! « Nous travaillons sur la compréhension des mécanismes de biosynthèse de molécules d’intérêt de cette plante d’ombre et sur des pistes pour raccourcir le cycle de production », assure Yohan Benoît. Jardins d’Occitanie réalise également une sélection massale car les semences issues des variétés de population donnent des racines très hétérogènes. La conduite et l’alimentation de la plante visent également à améliorer leurs qualités intrinsèques. « Nous sommes dans le domaine de la santé. Nous cherchons à produire des principes actifs, qui s’évaluent avec le taux de ginsenoside et non du volume racinaire », assure le responsable.

Un consortium pour étudier la plante

Pour cela, Jardins d’Occitanie a constitué un consortium pour étudier la plante de la graine au produit fini, avec comme objectif d’améliorer la teneur en phyto-nutriments actifs mais aussi de préserver et de quantifier cette qualité. Celui-ci a permis de mettre en œuvre le programme de recherche Gins’sia en partenariat avec l’école d’ingénieurs de Purpan et 14 scientifiques (chimistes, biologistes…). Labellisé par le pôle Agri Sud-ouest Innovation, il est soutenu par la Région Occitanie et l’Union Européenne. Car au-delà des agro-molécules produites par la plante, les techniques de séchage (température, hygrométrie, durée) et celles de broyage (granulométrie, déshydratation) influent sur la teneur en principe actif du produit fini. « Jardins d’Occitanie a choisi de finaliser son produit sous forme de poudre titrée en actif, sans adjuvant et sans extraction afin de maintenir la naturalité et le totum de toutes les propriétés de la plante », assure Sylvain Latapie. Selon le responsable, Jardins d’Occitanie a ainsi doublé le taux de ces éléments dans ces produits commerciaux (voir encadré). « Ce savoir-faire nous sert également sur d’autres plantes et les produits qui en découlent notamment le coquelicot d’où on extrait le rhoeadine », précise-t-il.

Quelques secrets de production et de fabrication

Si Jardins d’Occitanie a déjà récolté de manière significative des racines de ginseng pour élaborer sa gamme, la récolte 2020 va passer le cap de trois tonnes de racines. A partir de la troisième année de pousse, les feuilles et les baies de plante sont également récoltées pour leurs effets thérapeutiques. Pour l’heure, Jardins d’Occitanie a investi quatre millions d’euros, supportés par des investisseurs toulousains souhaitant se diversifier dans leurs activités. L’entreprise projette une croissance interne avec la volonté de maîtriser l’agro-chaine du ginseng, qui renferme notamment quelques secrets de production et de fabrication et étend déjà ses cultures vers une quinzaine des plantes aromatiques et médicinales.

A lire aussi : Producteur de spiruline, le super-aliment qui décolle

Le ginseng est une plante intimiste

La culture du ginseng est pour le moins déroutante pour un agriculteur. Si le ginseng se sème comme une carotte, il pousse obligatoirement à l’ombre et se cultive pendant six ans avant de récolter une racine à peine plus gros que les doigts d’une main. Toutefois, le ginseng est adapté au climat tempéré européen et supporte autant le froid que les fortes chaleurs. C’est une plante intimiste, elle laisse apparaître quelques folioles la première année. Son feuillage qui disparaît rapidement à l’automne, se développe très lentement pour atteindre une quarantaine de centimètres en sixième année. La problématique du ginseng est donc la maîtrise des adventices, même si celles-ci se développent de manière étiolée vu le peu de lumière. « Nous réalisons des binages très superficiels et désherbons manuellement », confie Yohan Benoît, responsable production. La culture est conduite en agriculture biologique. Par bonheur, elle a peu de problèmes sanitaires mais aucun produit n’est homologué.

Des produits haut de gamme et marketés

Le ginseng est la plante médicinale la plus consommée au monde et fait partie des quatre plantes médicinales qui génèrent le plus de chiffre d’affaires en Europe. Toute la consommation européenne est importée pour satisfaire un marché du complément alimentaire en pleine croissance depuis dix ans. « Les produits à base de ginseng bénéficient de cinq allégations réglementées. Ils sont reconnus comme énergisants, soutiens du système immunitaire, anti-stress, favorisant les performances physiques et cognitives », explique Elodie Hurtel, responsable marketing de Jardins d’Occitanie. L’entreprise décline une gamme à partir de ginseng blanc et de ginseng rouge obtenu par un processus de fabrication qui modifie la disponibilité des principes actifs et la couleur de la racine. Vendu pur, en poudre et en gélule, le ginseng de Jardins d’Occitanie se retrouve aussi dans une gamme « Immunité » en association avec la propolis et dans une gamme « Performance » associé à la spiruline. Les produits Jardins d’Occitanie entendent se démarquer par le haut de gamme, tant du produit que du packaging. Ils sont vendus en pharmacie et herboristerie avec un partenariat conseil pour les accompagner.

Parcours

2010 : date de création de l’entreprise

3 sites de production : Seysses (31), Rion-de-Landes et Sorde l’Abbaye (40)

2017 : première récolte de ginseng

3 tonnes de racines récoltées en 2020

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