Fruits bio transformés : « Pour m'assurer des fraises bio françaises, j'ai travaillé un itinéraire technique avec un producteur »
L’origine France et encore plus régionale est encore une difficulté pour les transformateurs de produits bio à base de fruits. La journée Fruits Bio de la région Auvergne-Rhône-Alpes a été l’occasion de mettre en débat les manques en approvisionnement et la valorisation pour les producteurs de leurs fruits par la transformation.
L’origine France et encore plus régionale est encore une difficulté pour les transformateurs de produits bio à base de fruits. La journée Fruits Bio de la région Auvergne-Rhône-Alpes a été l’occasion de mettre en débat les manques en approvisionnement et la valorisation pour les producteurs de leurs fruits par la transformation.
La transformation, un moyen de valoriser les fruits bio ? C’était un des thèmes abordés lors de la journée Fruits Bio de la région Auvergne-Rhône-Alpes du 30 décembre. Justine Dragon, chargée de projets développement des entreprises au Cluster Bio Auvergne-Rhône-Alpes, note trois grosses tendances sur le segment des fruits bio transformés : la localité, la praticité et les bienfaits.
Sur les bienfaits, il va s’agir de communiquer sur les bienfaits nutritionnels, le sans-sucre, etc. La praticité, c’est plutôt les gourdes, les grands contenants, et même les fruits lyophilisés. Et pour la localité ?
Le baromètre annuel de l’approvisionnement bio en Auvergne-Rhône-Alpes par le Cluster Bio Auvergne-Rhône-Alpes souligne encore des difficultés d’approvisionnement en origine France ou régionale pour le bio. C’est particulièrement le cas pour la framboise, l’amande, le cassis et la groseille, la mûre, la noisette et fruits secs en origine France ; et pour l’ origine Auvergne-Rhône-Alpes, les difficultés sont marquantes en noisette et fruits secs, figue et framboise.
Témoignage : le Mas de l’Amandine a contractualisé avec un producteur dans le Sud-Ouest
Le Mas de l’Amandine, installé à Brioude en Auvergne depuis 2008, est une entreprise artisanale de 11 salariés qui transforme des fruits uniquement bio en confitures pour le vrac, préparations pour yaourts, compotes et purées de fruits. De 18 tonnes en 2008, l’entreprise est passée à 450 tonnes de produits finis commercialisés, dont 72 % vers l’industrie laitière, 23 % vers la RHF, et 4 % vers les épiceries bio et vrac. Côté approvisionnement, ses achats représentent désormais 200 tonnes de sucre et 400 tonnes de fruits : pomme évidemment, myrtille sauvage, fraise, abricot, framboise…
« Notre choix a été en grossissant de faire attention à nos approvisionnements et de toujours les localiser en France et en Rhône-Alpes, souligne Erwan Le Capitaine, directeur général Le Mas de l’Amandine. Nous faisons aussi attention à la nature de nos fournisseurs : des producteurs (54%) et des coopératives (25 %). Pour les fruits rouges, ananas, myrtilles sauvages, on passe par des grossistes (21,3%). » Un peu plus de 60 % des volumes de fruits viennent de France.
Pour assurer ses approvisionnements en fraise de France, le Mas de l’Amandine a travaillé dès 2022 avec un producteur de fraises de bouche du Sud-Ouest, avec lequel il a contractualisé. « Ensemble, nous avons abouti à la mise en place d’un itinéraire technique spécifique au débouché industriel. En discutant ensemble de quel levier technique variétal, la logistique, du degré d’implantation, du pic de production… On a pu faire des économies sur certains coûts et travaillé sur un prix qui convenait à tout le monde. »
Aujourd’hui chez le Mas de l’Amandine, ce travail tend à substituer les origines étrangères (Espagne en l’occurrence) pour la fraise. Sur un approvisionnement de 45 à 50 tonnes environ de fraises, l’origine France représente quasiment la moitié en 2023.
Journée Fruits Bio : un atelier dédié à la transformation
Une partie des participants à la journée Fruits Bio a planché sur les freins à la valorisation des fruits bio par la transformation et les leviers à activer. Deux pistes ont émergé des discussions. Valoriser les écarts vers la transformation est aujourd’hui peu satisfaisant pour les agriculteurs en termes de prix et difficile à appréhender pour les transformateurs. Une piste serait la transformation à façon. Autre idée : massifier les flux en regroupant les volumes via des GIE ou autres, pourquoi pas vers une première transformation.
Segundo, pour les vergers dédiés, il a été rappelé l’enjeu de la contractualisation et de revoir l’itinéraire technique pour réduire les charges [lire le témoignage du Mas de l’Amandine ci-dessus]. Un mixte de débouchés transformation/frais) pour ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier est souhaitable, avec des parcelles gardées et dédiées pour l’industrie. C’est ce que fait notamment la coopérative Lorifruit (environ 15 % des débouchés). Dans tous les cas, le mot-clé est “partenariat” et il y a un vrai besoin d’échange et d’investissement de la transformation et de la connaissance des besoins.
Des signes encourageants sur le marché des PGC bio
Le marché bio des PGC (produits de grande consommation) est en baisse depuis juin 2020, la crise économique effaçant 4 années de croissance, avec notamment une baisse du nombre de références en GMS impactant mécaniquement les ventes (-10,3 % d’unités bio vendues en moins comparé au CAM P8 2022 et -1,3 % de chiffre d’affaires bio comparé au CAM P8 2019). En revanche, on commence enfin à voir une stabilisation en magasin bio après une forte baisse*.
* 200 fermetures de magasins bio à fin septembre, contre 179 sur la même période de 2022 et 73 en 2021.
Certains signes sont même encourageants en octobre, avec un chiffre d’affaires sur le mois de -5 % en GMS (inflation en octobre de +9 %) mais de +3 % en réseau spécialisé (inflation de +3 %). Le chiffre d’affaires en cumul annuel mobile à octobre est de +1 % en GMS et de -3 % en réseau spécialisé.
*source : Circana/Bio linéaires.