Aller au contenu principal

Fruits à noyau : peu de recul sur les produits de biocontrôle contre les monilioses

Malgré un nombre important d’essais sur des produits de biocontrôle contre les monilioses sur pêche et abricot, peu de produits ont été testés suffisamment pour juger de leur efficacité.

« Les monilioses sur abricotier et pêcher sont le principal verrou pour le développement de ces cultures en agriculture biologique, constatait Valérie Gallia, de Sud Expé Saint-Gilles au cours d’une conférence à Tech & Bio. Et les pertes peuvent parfois être importantes dans les vergers conduits en protection fruitière intégrée. » Sur abricot, les dégâts sont essentiellement sur fleurs. Sur pêche, la majorité des dégâts s’exprime sur fruits en verger ou en post-récolte.

Pour compléter les moyens de lutte actuels, plusieurs produits de biocontrôle ou des méthodes alternatives ont été testés. « Depuis 13 ans, 68 essais factoriels ont été menés par le réseau des stations de recherche et d’expérimentation (CTIFL, Grab, Sefra, Sica Centrex et Sud Expé) soit 129 modalités, détaille l’ingénieure. 45 % de ces essais portent sur les dégâts sur fleurs et rameaux sur abricotier, 35 % sur les dégâts sur pêches en verger et 20 % sur les pêches en post-récolte. » Le premier constat est le manque de recul sur la majorité des produits.

Le Curatio sort du lot

Vingt-trois produits ont été testés contre le monilia fleurs sur abricotier. Les deux tiers de ces produits n’ont été testés que sur un ou deux essais. Dans 45 % des modalités suivies, les produits n’ont pas montré d’efficacité. Sept produits ont montré une efficacité partielle à bonne au moins une année. « Le manque de répétabilité rend difficile l’évaluation de l’efficacité de ces produits, estimait la spécialiste. Seul le Curatio, testé durant six ans, a montré régulièrement une bonne efficacité en traitement stop, et en préventif en 2021. » Le Vacciplant a eu une efficacité partielle deux années sur les trois où il a été testé. Le BNA pro, l’isothérapie et le traitement avec des huiles essentielles après screening en labo n’ont pas montré d’efficacité sur les trois à six années durant lesquels ils ont été testés.

 

Pour lutter contre les monilioses sur pêcher sur fruits, dix-huit produits ont été testés dont la moitié seulement sur un ou deux essais. Près de 40 % des modalités ne montrent aucune efficacité. Six produits ont montré une efficacité partielle à très bonne, au moins une année. Deux produits sortent du lot : Julietta et Armicarb, tous deux testés plus de six fois. « Julietta a montré une efficacité au cours de trois essais et Armicarb au cours de deux, détaille Valérie Gallia. Un produit de Syngenta encore sous numéro présente aussi une bonne efficacité : il pourrait être homologué d’ici trois à quatre ans. » En post-récolte, les essais sont plus récents. Dix produits ont été testés dont six dans un ou deux essais seulement. Le Lalfresh’s/Prestop a montré sur plus de cinq années une bonne efficacité sur monilia en post-récolte. L’Amylo-X et le Rhapsody/Serenade Max ont eu une efficacité partielle de façon irrégulière sur trois ans de recul.

Des essais stratégies rarement significatifs

D’autres essais stratégies ont aussi été mis en place combinant fongicides et solutions alternatives. L’objectif est alors d’alterner les modes d’actions et de limiter les résidus sur fruits. « Mais les résultats sont rarement significatifs, mentionnait l’expérimentatrice. L’existence d’une modalité « fenêtre » utilisant les fongicides seuls est impérative dans ce cas pour valider le bénéfice des biocontrôles. Les produits sont aussi testés par les producteurs mais en l’absence de réel témoin, les conclusions sont basées sur le ressenti du producteur. » Pour compléter ces résultats partiels, il faudrait mener des essais factoriels sur du plus long terme, « et surtout combiner dans des essais systèmes toutes les méthodes qui ont des résultats partiels » afin de dégager des itinéraires techniques qui réduisent les dégâts de moniliose en limitant l’usage de produits phytosanitaires de synthèse.

Des produits d’origines variées

En tout, ce sont 27 produits ou combinaisons de produits qui ont été testés. Ils font partie de cinq catégories :

Les bactéries : différents Bacillus amyloliquefaciens, Bacillus EPS, Lactobacillus…

Les champignons et levures : Saccharomyces cerevisae, Metschnikowia fructicola, Clonostachys rosea

Les substances d’origine minérale : hydrogénocarbonate de potassium, kaolinite calcinée, lait de chaux, polysulfure de calcium…

Les substances d’origine végétale : extraits d’algues ou de végétaux, huiles essentielles (après screening in vitro)…

Isothérapie : dilution de spores

Les plus lus

<em class="placeholder">Verger agrivoltaïque expérimental en pêches et abricots de la Sefra.</em>
Drôme : après la liquidation de la station expérimentale en fruits, la Sefra, quelles suites pour l’expérimentation ?

La station expérimentale fruits Rhône-Alpes (Sefra) a stoppé son activité début juillet. Une nouvelle structure est en…

Producteur de myrtilles et ingénieur de l'INRAE préparent  préparent un lâcher de Ganapsis kimorum pour lutter contre Drosophila suzukii à Saint-Julien-du-Gua en Ardèche.
Ardèche : lutte biologique contre Drosophila Suzukii sur myrtilles sauvages

En Ardèche, début juillet, un lâcher de Ganapsis kimorum, ennemi naturel de Drosophila suzukii, a eu lieu sur myrtilliers.…

<em class="placeholder">Tomasz Spizewski, vice-président de l&#039;Association polonaise des producteurs d&#039;asperges, également chercheur à l&#039;Université des sciences de la vie de Poznań.</em>
L’asperge passe du blanc au vert en Pologne

Que ce soit au niveau de la production ou de la consommation d’asperges, les Polonais délaissent de plus en plus les asperges…

Dorothée et Antton DIRATCHETTE, associés du Gaec Lekuberri, dans leurs serres de production de fraises.
« Nous remettons nos comptes courants d’associé à zéro à chaque assemblée générale »

Dorothée et Antton Diratchette, en Gaec, maraîchers à Mendionde (dans les Pyrénées-Atlantiques) sont extrêmement vigilants sur…

<em class="placeholder">Des kiwis verts dans un verger Zespri en France. </em>
Kiwi vert : une allégation santé autorisée par l’Union européenne

L’UE a solennellement reconnu, fin juillet, que le kiwi vert augmente « la fréquence des selles », grâce à un…

<em class="placeholder">Verger de pommes rouges sur un rang et verte sur l&#039;autre.</em>
Pommes et poires : quelles prévisions de récoltes 2025 en Europe ?

Prognosfruit, qui s’est déroulé début août à Angers, a dévoilé des prévisions 2025 de production de pommes et poires…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site filière Fruits & Légumes
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière fruits & légumes
Consultez les revues Réussir Fruits & Légumes et FLD au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière fruits & légumes